« Ne pas finir comme la Gironde » : le Département du Loiret et l’épouvantail de la mise sous tutelle

Face à la rigueur budgétaire imposée par l’État, le Loiret tente de préserver ses finances tout en respectant l’obligation d’un budget à l’équilibre. Entre arbitrages et inquiétudes, l’exécutif brandit la menace de la tutelle pour alerter sur la fragilité des départements et justifier les coupes à venir.

Conseil départemental du Loiret
Depuis plusieurs semaines, le Conseil départemental du Loiret planche sur le difficile montage du budget 2026. Photo Magcentre


Par Mael Petit.


Très amer en juillet au moment d’annoncer l’absence du festival de Sully en 2026 et de commenter les premiers contours du projet de loi de finances du feu gouvernement Bayrou, Marc Gaudet (UDI) voyait rouge. Les départements allaient, une fois encore, être mis à contribution. Trois mois plus tard, à l’heure où la politique nationale reste synonyme d’instabilité et d’illisibilité, le président du Conseil départemental du Loiret a fini par accepter son sort, avalisant le gouvernement Lecornu II tout en constatant que les efforts d’économies demeuraient inchangés pour les collectivités. Dans un pays qu’il juge « dépité, inquiet, et même désespéré », Marc Gaudet espère que ce gouvernement offrira enfin un peu de stabilité après des mois de chaos institutionnel. Mais derrière cette façade, la rancœur reste tenace. « L’État continue de pomper les collectivités sans jamais se remettre en cause. Qu’il commence déjà par réduire son propre train de vie », tacle l’élu, lucide sur la pente budgétaire qui attend les départements.

La menace de la tutelle

Dans le Loiret, le marathon budgétaire s’annonce douloureux. Dès novembre, les commissions départementales vont s’atteler à bâtir le budget 2026 avec pour objectif le maintien d’un équilibre fragile tout en absorbant 50 millions d’euros d’économies : 30 millions sur l’investissement, 20 millions sur le fonctionnement. Mais la marge de manœuvre est assez limitée puisque le Loiret fait partie des bons élèves en la matière avec des frais de fonctionnement « en dessous de la moyenne nationale », rappelle le président Gaudet.

S’il avoue que le Loiret est mal loti, il refuse en revanche de céder à l’alarmisme. Car il y a pire selon lui : la Gironde, d’abord, ou la Loire-Atlantique – pointés au hasard – deux départements gérés… par la gauche et en grande difficulté. Le premier est au bord d’une mise sous tutelle après le vote cette semaine d’un budget supplémentaire en déficit de près de 100 millions d’euros. « Le Loiret ne doit pas finir comme la Gironde », alerte Marc Gaudet. Pourtant, en région Centre-Val de Loire, la majorité des départements (tous à droite) multiplie depuis plusieurs mois les cris d’orfraie sur sa situation financière, avec une intensité particulière du côté de l’Indre-et-Loire, où la présidente Nadège Arnault n’en finit plus de tirer la sonnette d’alarme. Dans le milieu des exécutifs départementaux, le cas girondin fait figure d’épouvantail : la mise sous tutelle guette désormais les collectivités les plus fragiles. « Ne pas prendre les devants maintenant risquerait de plonger le Département dans une situation inextricable, dans une situation extrême presque atteinte par quelques Départements. La mise sous tutelle par l’État serait une catastrophe », soulignait-il au moment d’introduire la session départementale ce jeudi 16 octobre.

Les associations premières victimes

Le Loiret n’en est pas là, mais l’équilibre, fragile, se trouvera au prix d’un important coup de frein. Les projets seront donc étalés dans le temps, certains différés, tout comme les dépenses d’entretien des routes se limiteront au strict minimum, alors même qu’il s’agit d’une compétence obligatoire. Mais c’est surtout le secteur associatif qui passera à la raboteuse. Dans la continuité des réductions déjà amorcées en 2025, le Département prépare une nouvelle baisse des subventions de plus de 10 %, « même un peu plus », glisse le président. Conscient des crispations à venir, il promet de la transparence en rédigeant prochainement un courrier aux associations, histoire de mieux faire passer la pilule. « Je préfère prévenir en amont, qu’on ne vienne pas nous dire en janvier : on n’était pas prévenu” », se couvre-t-il, alors qu’il n’a pas oublié l’épisode polémique du Planning familial en début d’année – privé de 47 000 euros – qui avait passablement agacé l’exécutif. 

Pas certain en revanche que « ces précautions » soient suffisantes à calmer une colère qui tonne déjà partout en France et maintenant sur le terrain. Tensions qui s’étaient cristallisées le 11 octobre dernier, notamment à Orléans, quand près de 200 représentants d’associations se sont allongés place du Martroi pour alerter sur la fragilisation du tissu associatif.


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Commentaires

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  1. M Gaudet est mécontent d’un gouvernement que le parti auquel il

    appartient a toujours soutenu sans état d’âme. Cherchez l’erreur!

  2. Le département du Loiret avait il dans ses missions obligatoires de construire un pont sur la Loire ? Maintenant il faut rembourser les emprunts…

  3. oui exactement .. dézinguer la Loire, pour construire ce pont a 100 millions d’euros et l’entretenir alors que le pont de Bonny sur Loire est délaissé , vétuste et menaçant …il nécessite 25 millions d’euros de travaux.
    D’un autre côte le trafic national, les camions internationaux qui délaissent les autoroutes pour prendre cette nouvelle voie gratuite payée par les loiretains .sont ravis… ..

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