Municipales de Châteauroux : Frédérique Gerbaud change la donne !

La sénatrice LR de l’Indre se donne jusqu’à la mi-janvier pour présenter ou non une liste face à Gil Avérous. Quelle mouche a donc piqué la Castelroussine pour bousculer le jeu politique Indrien ?

La sénatrice Frédérique Gerbaud entretient le flou autour d’une possible candidature aux municipales à Châteauroux – capture d’écran Public Sénat


Par Pierre Belsoeur.


Avant l’été les pronostiqueurs prenaient des paris pour savoir si Gil Avérous devrait attendre le deuxième tour pour décrocher son troisième mandat de maire de Châteauroux. Face au sortant, le RN avait rappelé à l’ordre Mylène Wunsch tentée d’aller conquérir la petite commune de Niherne où elle a une résidence. Anthony Felder, ancien colistier de Jean-François Mayet – touché par la grâce de « Reconquête » – proclamait son intention de construire une liste d’extrême droite plus. La gauche réfléchissait à un programme après s’être fâchée avec LFI. Bref, les électeurs risquaient de se débarrasser du pensum électoral en votant massivement pour le sortant dès le premier tour.

Sénatrice discrète

Et voilà-t-y pas que Frédérique Gerbaud sort de sa boite. Sénatrice de l’Indre (lire encadré) suite au décès de Louis Pinton, en 2016, dont elle était la suppléante, la Castelroussine était jusqu’alors conseillère municipale. « Et la fille de l’ex-sénateur Gerbaud », sussuraient les mauvaises langues. Mais justement, la « fille de » avait conservé son poste, lors des élections de 2020 alors que Gil Avérous et le président du Conseil départemental en avaient décidé autrement, orientant les votes des grands électeurs vers l’autre candidat de droite (et élu castelroussin lui aussi). Une péripétie comme on en rencontre souvent dans ces scrutins indirects, mais qui manifestement a laissé des traces.

Affrontements hospitaliers

Les dissensions sont apparues au grand jour quand le maire et la sénatrice se sont affrontés à propos du rapprochement entre l’hôpital, dont le maire est statutairement président du conseil d’administration, et le privé. Il s’agissait d’abord du projet de radiothérapie pour lequel Gil Avérous plaidait en faveur de praticiens de Limoges et la sénatrice pour un accord avec la clinique Guillaume de Varye du Cher, puis lors du projet d’accord entre la clinique Saint-François de Châteauroux et l’hôpital public. La sénatrice estimant que l’on déroulait le tapis rouge à un groupe financier au détriment de l’intérêt des patients. « Dans les deux cas, je trouvais que le président ne jouait pas son rôle de défenseur du service public de santé », plaide la sénatrice. Et dans les deux cas, c’est son point de vue qui a triomphé.

Projet de loi en faveur de la ruralité

Autre pomme de discorde, la dotation d’équipement des territoires ruraux. Elle a opposé voici quelques semaines les maires ruraux à Châteauroux Agglo. La dotation, réservée au départ (lorsque l’on a supprimé la réserve parlementaire) aux communes de moins de 20 000 habitants est devenue, au fil des révisions des seuils d’attribution, de plus en plus citadine. Au point que sur les 1,2 M€ réservés à l’Indre en 2024, 900 000 € sont allés à Châteauroux Agglo. « La fronde a éclaté en juin dernier, explique la sénatrice, lorsque la commission s’est opposée à une subvention destinée à la reconstruction d’un pont de Châteauroux et que le préfet est passé outre. » Une décision qui a conduit la sénatrice à proposer un projet de loi précisant que « la DETR ne doit pas soutenir des opérations bénéficiant manifestement à des territoires urbains ». Un projet de loi salué par les élus ruraux, même si l’élue de Châteauroux-Agglomération donnait l’impression de jouer contre son camp, à Gil Avérous en particulier.

La grogne frappe à la porte

Le citoyen-électeur lambda reste évidemment à l’écart de ces querelles d’élus. Ce qui pourrait conduire Frédérique Gerbaud à faire campagne lors des prochaines municipales, c’est le ressenti qui remonte jusqu’à elle. « Je suis une élue de terrain, ma permanence en centre-ville est accessible à tous, et depuis quelques mois les Castelroussins me parlent. La privatisation des parkings de centre-ville passe très mal (NDLR leur gestion a été déléguée depuis le 1er janvier 2025 à la société Effia, filiale du groupe Kéolis). Elle est l’une des raisons de la désertification commerciale du centre-ville. Une désertification qui s’accompagne d’un sentiment d’insécurité. »

Un calendrier qui va bien

Le troisième mandat, pour un maire, c’est le plus difficile à décrocher. Tout allait bien jusqu’à ce que Gil Avérous devienne brièvement ministre. Au retour de Paris, ceux qui le critiquent estiment qu’il n’avait plus la même envie, la même présence dans sa ville, que les JO ont coûté bien cher, que Balsanéo (le complexe aquatique) est un gouffre financier. Est-ce suffisant pour monter une liste concurrente ? En l’absence d’autres listes d’opposition cohérentes, « oui », pense la sénatrice qui affirme sentir les marques d’intérêt s’accumuler. Et puis, Avérous a rendu sa carte LR, il ne s’agira pas de lutte fratricide. Frédérique Gerbaud peut entretenir le suspense d’une candidature. Les sénatoriales sont en septembre 2026 et si elle ne remporte pas les municipales, elle pourra toujours rempiler. « Ce sont les maires ruraux qui m‘ont faite sénatrice. »

Fille de François Gerbaud, filleule de Jacques Chirac et Jean-Louis Debré

Frédérique Gerbaud, née en 1959, s’est engagée très jeune en politique. Fille d’un journaliste devenu député puis sénateur, et d’une mère attachée de presse de Jacques Chirac, elle a fait du desk à TF1 et participé dans l’équipe de sa mère aux campagnes présidentielles de Chirac en 81, 86 et 95. À 27 ans elle a vécu la cohabitation à Matignon puis rejoint Jean-Louis Debré comme attachée de presse, lorsqu’il est devenu président de l’Assemblée nationale de 2002 à 2007. Elle l’a suivi au Conseil constitutionnel. Lorsque ce dernier a quitté le Conseil constitutionnel en 2016, et qu’elle envisageait de prendre sa retraite, Louis Pinton est subitement décédé et Frédérique Gerbaud est entrée au Sénat, comme papa. Inutile de dire qu’elle a constitué un réseau dans tous les ministères, sans avoir lâché son étendard LR.


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