Peintre et écrivain, Daniel Caspar expose un prenant ensemble d’œuvres en l’église Saint-Etienne de Beaugency. Ses toiles sont aussi à découvrir jusqu’au 26 octobre dans le cadre du salon des Artistes Orléanais en la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier. Et du 25 au 30 octobre, à La Monnaye de Meung-sur-Loire dans le cadre de la troisième Biennale d’art contemporain.
Daniel Caspar – cl JDB
Par Jean-Dominique Burtin.
Envolée d’œuvres, sérénité puissante et accomplie
Daniel Caspar serait cet homme qui, sur la toile que composent le ciel et la course du temps, n’en finirait pas de décoiffer et de ressusciter les arcs-en-ciel. En l’église Saint-Etienne de Beaugency, espace de toute clarté, l’artiste, peintre et écrivain, professeur d’arts plastiques, notamment membre des
Artistes Orléanais et de
Couleurs Vinaigre qui vit et travaille à La Ferté-Saint-Aubin, présente un vaste et magnifique ensemble de toiles. Voici quarante-cinq numéros au catalogue, petits et grands formats qui semblent être tels des vitraux posés à même la blancheur des murs. La seule lumière les traversant est ainsi celle apposée par le peintre, au fil de lignes, formes, tons et chatoiements. Ce sont des envolées, des œuvres abstraites, un acte de créateur avec âme, les reflets de son attention accomplie et toujours heureusement suspendue. Ces apparitions alertent nos sens.
Précieuses paroles de peintre
Daniel Caspar, qui avait illustré les strophes du Bateau ivre, de Rimbaud dans une brochure intitulée « Avant l’écriture la peinture » écrit, à propos de sa série intitulée Devoirs de vacances (2022-2025) exposée dans la nef : « Depuis quelques années, je me ressource sur l’une des plus belles plages de la Côte d’Émeraude, tout près d’Erquy. J’y ramasse des plumes, des algues, des bouts de bois flotté, des morceaux de filets aux couleurs fluo. Je trempe les plumes dans l’encre, la brou de noix, je soutiens leurs traces avec la classique aquarelle et récemment avec l’or et le bleu turquoise en « sprays », ces populaires bombes de peinture acrylique. Ainsi apparaissent des silhouettes comme des négatifs de plumes, si précis, qu’ils attirent les oiseaux, qui viennent voleter autour de mes abstractions et menacent de venir y picorer ».

Daniel Caspar cl JDB
Quant à cet hommage à Henri Matisse, que l’on trouve dans le transept nord : «
Notre vieux maître osait sur le tard préparer de grandes surfaces de couleur pour de futurs collages géants, trouvant là une sorte de fraîcheur enfantine. Je ne sais s’il aurait été content de mon hommage, d’autant plus qu’il ne fonctionnait pas trop selon les lois de l’équilibre classique que je cherchais à réaliser ici, entre les couleurs vives de droite et celle de gauche, ce même jeu pour les noirs ».
Beauté et vibrations ne cessent d’interpeller
À Beaugency, nef, transept, chœur et absidioles invitent à s’émerveiller devant une création dont la vibration interpelle avec force et douceur. De touches en touches, voici que sont suggérés, propres à susciter l’égarement, la fulgurance chantante d’un jus de soleil, l’éclat doux de la course de l’eau furtive. Place à l’aérienne réserve de blanc tel un espace mettant en valeur l’éclaboussure minimale et cependant généreuse des coulures, place à l’ombre dense et à la lumière ténue qui percent au travers de l’énergie des couleurs en de vigoureux aplats, place enfin à Horizon, grand ensemble situé dans l’abside du chœur né d’une performance du peintre avec le percussionniste Francis Pichon.
À chaque instant de la déambulation s’offre au regard la signature, un signe adressé avec virtuosité talentueuse et sensible, le paysage intérieur d’un artiste à la culture consommée, un « dit » musical telle une offrande de l’infinie peinture, titre par ailleurs d’un ouvrage d’art écrit par le peintre.
Quelques humbles mots de Daniel Caspar, encore, à propos de sa belle série L’Homme debout (2024) présentée dans le transept sud : « C’était à Graçay, petite ville sur la route d’Issoudun. Quand j’ai découvert l’abside Saint-Martin nichée dans l’office du tourisme, coup de foudre… La pierre des murs avait la couleur de la toile de lin non préparée que j’utilisais souvent. Dès ce moment je sus que je travaillerais en écho. Pour ajouter, le soleil illumina ces lieux et son déplacement très lent semblait m’être destiné ».
« L’infinie peinture »
Église Saint-Etienne, Beaugency.
Jusqu’au 2 novembre. Du mercredi au vendredi, de 15 h à 18 h 30.
Samedi de 10 h 30 à 12 h30 et de 15 heures à 18 h 30.
Dimanche de 15 heures à 18 h 30.
L’artiste est présent, du mercredi au dimanche, de 14 h 30 à 18 h 30.
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