Face à une desserte Blois – Paris insuffisante matin et soir, les travailleurs pendulaires se mobilisent. Sous l’impulsion de deux d’entre eux, un manifeste vient d’être présenté et déjà signé par tous les acteurs locaux.
Antoine Huguet et Charles vont s’appuyer sur Blois Paris Illico pour tenter d’obtenir des trains directs supplémentaires Blois – Paris et Paris – Blois auprès de la région Centre-Val de Loire. Crédit photo JL Vezon.
Par Jean-Luc Vezon.
« L’offre de trains directs Blois – Paris et Paris – Blois le matin et soir est clairement insuffisante avec seulement un direct le matin et deux le soir depuis Austerlitz. Cela pénalise les travailleurs pendulaires dont les horaires de travail coïncident mal », explique Antoine Huguet, trentenaire en poste à la DGE au ministère des Finances.
Obligés de se satisfaire du seul direct matinal de 6 h 56, les navetteurs sont pénalisés. Idem le soir où les trains sont en décalage avec les journées de travail des cadres. Le direct de 18 h 37 fait arriver en gare de Blois à 20 h. « C’est le dernier train direct du soir, contraignant les travailleurs à un départ précoce de leur bureau (estimé autour de 17 h 45) et les mettant en difficulté vis-à-vis de leurs employeurs », ajoute-t-il. « C’est compliqué pour l’accueil périscolaire et cela gâche la vie de famille. Si vous rajoutez le temps de trajet pour se rendre au bureau, notre vie professionnelle est difficile », déclare de son côté Charles, un cadre informatique qui travaille dans les Hauts-de-Seine.
Blois déconsidérée ?
Cette situation passe d’autant plus mal à Blois que les Orléanais disposent de 7 ou 8 trains directs. Un avantage pour la métropole alors même que 300 actifs et salariés navetteurs prennent le train chaque jour. Un chiffre d’ailleurs volontairement sous-estimé par la Région, sans doute plus proche du double. Tous les usagers ne disposent pas par exemple d’abonnements.
Sur les conseils de Marc Gricourt, maire de Blois, les deux amis ont donc pris le taureau par les cornes et alerté sur une situation préjudiciable à l’attractivité de l’agglomération blésoise. Ils ont rencontré de nombreux acteurs territoriaux qui ont tous adhéré au projet de monter au créneau pour obtenir plus de dessertes SNCF.
Département, Agglopolys, ville de Blois, CCI 41, MEDEF 41, château de Cheverny, Fédération nationale des associations d’usagers des transports (FNAUT)… ont apporté leur soutien au Manifeste présenté en début de semaine (1). D’autres acteurs devraient les rejoindre ainsi que de nombreuses entreprises obligées d’affréter des véhicules pour se rendre à Paris, ce qui accroît les émissions de CO2.
Réactivation de l’association Blois Paris Illico
Parallèlement, le duo a rencontré Charles-Antoine de Vibraye, président de l’association Blois Paris Illico, qui avait œuvré il y a une quinzaine d’années pour faire bouger la SNCF. Ce dernier a naturellement soutenu les deux hommes et proposé de réactiver une association tombée en sommeil mais dont l’action reste dans toutes les mémoires.
« Une assemblée générale extraordinaire aura lieu rapidement et nous pourrons ainsi agir avec plus de légitimité », avance Antoine Huguet. Avec son ami Charles, il a aussi rencontré des représentants de la région Centre-Val de Loire, autorité organisatrice des transports (AOT) pour demander des améliorations. « Philippe Fournié, vice-président en charge des Transports, nous a reçus et est conscient des difficultés et du manque de dessertes », souligne Charles.
Le duo a aussi avancé ses propositions : rendre direct le train de 7 h 43 qui s’arrête à Orléans, une solution dont le coût est moindre qu’un train supplémentaire, et « rallonger » (modifier la desserte) le Paris – Orléans de 19 h 22 vers Blois et Tours. « Ces solutions sont viables économiquement car proposées sur des trains existants. Elles ont aussi peu d’impact sur les Orléanais qui peuvent se rendre aux Aubrais en sept minutes par le tramway », insiste Antoine Huguet.
Alors que la piste d’un nouveau direct à 7 h 50 a été évoquée lors du comité des partenaires des mobilités d’Agglopolys, rien ne semble bouger pour la desserte du soir. « Il faut savoir que la ligne Blois – Paris est l’une des plus rentables pour la Région, et que la gare de Blois – Chambord est la troisième de la région avec deux millions de passagers par an. Imaginez ce qu’il en serait si Blois pouvait bénéficier d’une desserte ferroviaire digne de ce nom ! » avance aussi le jeune cadre. Un argument de poids. « Notre approche apolitique veut d’abord être constructive. Notre combat est d’abord une démarche citoyenne d’égalité territoriale. Le consensus local renforce notre détermination », concluent les deux amis qui ne doutent pas de la mobilisation des Blésois pour défendre leur territoire.
(1) Il sera publié prochainement sur le Facebook de Blois Paris Illico.
La gare de Blois – Chambord, l’une des principales de la région avec 2 millions de passagers, ne doit pas oublier les entreprises et les travailleurs pendulaires. Crédit J-L Vezon.
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