L’écrivain Ramsès Kéfi est venu à la librairie La Boîte à Livres, rue nationale à Tours, pour évoquer en profondeur son premier livre Quatre jours sans ma mère. Le premier roman rencontre un large succès et se retrouve parmi les principaux livres qui ont marqué la rentrée littéraire et attiré la lumière des médias.
Ramsès Kéfi était de passage à la librairie de Tours La Boîte à Livres. Photo A.B.
Par Asmaa Bouamama.
C’est l’histoire de la disparition soudaine d’une mère qui quitte son mari et son fils, Hédi et Salmane, sans donner d’explications, et sur la quête d’un secret familial. Le fils va partir à sa recherche tandis que le père, lui, profite pleinement de retrouver une vie d’homme libre. C’est aussi une histoire à la croisée du social et du familial, car le récit prend racine dans un quartier plutôt ouvrier, difficile à définir exactement puisqu’il est à la fois proche d’une forêt et à la fois très urbanisé. L’endroit, qu’il appelle « la caverne des oiseaux », s’apparente à ce qu’on appellerait un quartier populaire où les gens vivent dans des tours taguées.
Un récit social et familial
Ramsès Kéfi, à la base journaliste, dépeint un personnage qui lui ressemble quelque peu mais défend le livre comme étant une fiction. Le personnage a 36 ans, vit chez ses parents, travaille dans un fast-food malgré ses études poussées d’histoire, comme un auto-sabotage social ou une culpabilité de quitter les origines modestes de sa famille et de sa mère qui est femme de ménage. L’écrivain dépeint aussi de nombreux portraits de personnages qui se croisent dans des endroits publics comme le café du quartier où il y a une place à l’oralité et à la spontanéité, où les gens peuvent y parler librement avec authenticité. « Comme dans les villages il y avait des conteurs dans nos quartiers, je les appelais « les romanciers oraux », cette tradition de raconter des histoires c’est quelque chose qui m’a éclairé pour l’écriture de ce livre », confie Ramsès Kéfi, qui défend aussi une complexité qui manque dans les récits qui traitent par l’angle du social. « Souvent quand on annonce qu’un personnage est femme de ménage, on va rester sur une platitude, ou un ouvrier à qui on va refuser d’admettre une complexité intérieure que l’on préfère voir dans les histoires où la bourgeoisie détient le premier rôle », confie l’auteur.
L’ancien étudiant en histoire semble avoir traité d’un récit sociologique d’une grande finesse, truffé d’observations et de descriptions sur ce qui se joue quand les frontières entre classes sociales deviennent poreuses et laissent entrevoir les vérités intimes des gens. Le récit a aussi quelque chose du reportage social et familial, car la petite histoire rencontre la grande, et tente de démêler les secrets, de faire de la lumière sur les non-dits, sur ce qui échappe au silence et qui le trahit souvent, et d’élucider les mystères de la comédie sociale. Le personnage principal observe son quartier à la loupe tout en cherchant le secret qui est derrière le départ de sa mère et qui va le mener vers le sens de son histoire familiale, comme le sens de sa vie. Le premier roman de Ramsès Kéfi crée une vague d’enthousiasme et de tendresse unanime, autour d’une intrigue qui saisit le lecteur jusqu’au bout.
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