À la découverte des Vosges #2 : cap à l’est

Les Hautes-Vosges, avec leurs vastes forêts et leur massif imposant qui culmine à 1363 mètres pour le Hohneck, c’est un peu l’image d’Épinal du département.



Par Bénédicte de Valicourt.

Marchons vers le Hohneck

Vue des crêtes au petit matin @BV


En ce petit matin brumeux, nous nous dirigeons vers le Hohneck, 1 363 mètres, le plus haut et le plus connu des sommets des Vosges. Le mieux c’est d’y grimper à pied à l’aube, même s’il est possible d’y accéder en voiture par la route des Crêtes, 88 kilomètres d’asphalte avec vues imprenables sur les vallées alsaciennes et lorraines et panoramas à perte de vue. C’est une vraie barrière pour les précipitations et la température moyenne annuelle y est de 3 degrés sur la crête. C’est aussi l’un des endroits les plus humides de France qui présente le même climat qu’à 2 500 mètres dans les Alpes.

Nous voilà déjà sur le chemin étroit. Il fait encore nuit noire et Maxime Vannesson, accompagnateur de montagne, nous guide. La marche, en pente douce, dure à peine vingt minutes en partant de la route des Crêtes. Et merveille, au point de jonction de plusieurs chemins, avant que la pente ne redescende vers l’Alsace toute proche et alors que le soleil se lève, ils sont là : tout un troupeau de chamois qui broute paisiblement, au milieu des vaches vosgiennes, pas vraiment effarouchés et sans prêter plus attention que cela à notre présence. Vision émouvante et parfaitement improbable pour la Pyrénéenne que je suis, où leurs cousins, les isards sont si difficiles à apercevoir.

Chamois ©OT2021


Maxime Vanesson en profite pour nous expliquer la flore et la faune locale et les us et coutumes des chamois. Il nous montre les traces qu’ils laissent sur le sol et sort de sa besace des pattes et des cornes. De quoi en savoir plus sur ces petits bovidés qui seraient entre 1 000 et 1 200 dans la région. « À la fin de l’hiver, ils auront perdu la moitié de leur poids, explique-t-il. Et leur nombre est régulé par de la chasse tous les deux ans ». Nous apprenons aussi au passage que si nous nous sommes levés si tôt, c’est notamment parce que c’est le matin qu’ils sont sur les sommets avant de redescendre se cacher dans les forêts dans la journée. Comme les loups revenus en 2011, ou le lynx installé dans le nord des Vosges. Il y a aussi par ici le grand tétras ou grand coq de bruyère. Très présent dans les années 80 avec plus de 500 spécimens, il avait depuis quasiment disparu, avant d’être réintroduit depuis deux ans. « L’espèce a du mal à s’implanter, ajoute Maxime Vannesson. Car contrairement aux années 80, ils sont sans cesse dérangés et s’épuisent à s’envoler quand ils ont peur ». Autres espèces endémiques : l’arnica, la gentiane, la pensée des Vosges, l’anémone, une espèce très protégée. Et partout des brimbelles, l’appellation vosgienne de la myrtille sauvage dont la cueillette en juillet est réglementée. « D’ici, si le temps est clair, vous apercevrez peut-être les Alpes à 250 kilomètres de là ! », ajoute encore Maxime Vannesson.

Mais il est déjà 9 heures et il est temps de redescendre au refuge du Sotré, où nous attend un petit-déjeuner copieux. Avant de repartir vers Bussang à une heure de route environ.

Un théâtre pour le peuple à Bussang

Théâtre du Peuple Bussang ©CD88-JL


Vous aimez les utopies encore vivantes ? Direction le théâtre du Peuple de Bussang, à la frontière du Haut-Rhin. À la fin du XIXe, c’était le dernier village français, avant l’Allemagne. On venait y prendre les eaux et un régiment y était en stationnement. Maurice Pottecher, fils d’un industriel vosgien, rêvait d’ouvrir l’art et la culture à tout le monde. Un sentiment qu’il mettra en application dans le jardin de la propriété de son père. Il y organise en 1892 la première représentation d’une pièce qu’il a écrite. Plus de 2.000 personnes viennent. Un succès phénoménal. C’est aussi le début d’une grande histoire théâtrale ouverte à tous, qui a fêté ses 130 ans cette année. Imaginez plusieurs bâtisses en bois dont la plus haute, le théâtre avec ses 750 places culmine à 22 mètres de haut au-dessus de la scène. Le tout niché dans un jardin et accolé à une forêt. Les bâtiments actuels construits par ajustements successifs à partir de 1896 en fonction des destructions de la guerre et des périodes de réquisitions, ont trouvé sensiblement leur forme actuelle entre 1924 et 1936 pour la grande scène, dont les immenses portes au fond de la grande scène s’ouvrent sur la forêt vosgienne. Un décor naturel absolument époustouflant pour un théâtre classé au titre des Monuments historiques depuis 1976. Sa renommée a d’ailleurs très vite dépassé la région et il n’a jamais fermé ses portes.

La scène ouverte sur la nature Théâtre du Peuple – @BV


« Jusque dans les années 60, on y jouait le répertoire du fondateur et on y forme toujours des amateurs au jeu théâtral », explique Sylvie Tuaillon, descendante des charpentiers qui ont construit le théâtre et trésorière de l’association. Ce sont eux, soit une quinzaine de personnes recrutées dans les ateliers d’automne et d’hiver, qui chaque année avec trois ou quatre professionnels, actuellement sous la direction de Julie Delille, jouent de mi-juillet à mi-septembre.

Cette année pour ses 130 ans, le théâtre qui fonctionne avec une équipe de 6 permanents et plus de 100 bénévoles en été, a accueilli plus de 25 000 spectateurs. Il y a là aussi une librairie et un peu plus loin La Popote où l’équipe peut manger et des chambres pour accueillir les stagiaires. De quoi maintenir vivante l’utopie humaniste et artistique du fondateur, Maurice Pottecher, résumée par la devise – « Par l’art, pour l’humanité » – inscrite au fronton de la scène. Très émouvant, notamment en cette période où les réactionnaires de tous poils tentent de prendre le pouvoir sur la culture.

Théâtre du Peuple
40, rue du Théâtre du Peuple à Bussang
www.theatredupeuple.com
Du 6 janvier au 13 juillet et du 7 septembre au 28 décembre, visite sans réservations le dimanche matin à 10 h 30 et le mardi à 10 h 30 pendant les vacances scolaires de la Zone B.
L’été du 16 juillet au 27 août, c’est le mercredi à 10 h 30. 

Carnet de bord

Où dormir ?

  • Hôtel-restaurant Le Collet : Luxe, calme et volupté au Collet, un 3 étoiles et une bonne table de montagne, avec grandes chambres et Spa luxueux, perchée à 1 100 mètres d’altitude. Menu entrée, plat et dessert à 46 €.
    Le Collet, route de Colmar à Xonrupt-Longemer
    chalethotel-lecollet.com
  • Refuge du Sotré : ambiance plus rustique mais fort sympathique et activités de montagne. Chaume du haut Chitelet, route des Crêtes à Xonrupt Longemer. www.refugedusotre.com Tél : 03 29 22 13 97

Où manger

  • Le Relais de Vincey

Excellente table d’un hôtel 3 étoiles, menu en trois services dégusté : 48 € en semaine et 51 € le week-end, 33, rue de Lorraine à Vincey. Tél. : 03 29 67 40 11
www.relaisdevincey.fr

Pour en savoir plus : www.tourisme.vosges.fr


À lire aussi :

À la découverte des Vosges #1 : cap à l’ouest

Commentaires

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  1. Merci pour cet article sur le pays natal de l’Orléanais que je suis devenu…
    Mais… j’aurais écrit : « Les Hautes-Vosges, avec « leurs » vastes forêts et « leur » massif imposant… »
    Et « Marchons vers le Hohneck » (bien Hoh)…

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