Le Navigo-Rémi entre en gares de Dreux et Montargis

Dès le 3 novembre, Dreux et Montargis inaugurent le pass Navigo-Rémi, premier titre commun entre deux régions : le Centre-Val de Loire et l’Île-de-France. Un seul abonnement, une seule facture pour l’employeur : la fin des doubles démarches et un tournant pour 7 000 navetteurs du quotidien.

Par Izabel Tognarelli.

Lancé en juin 2024 par François Bonneau (PS) et Valérie Pécresse (LR), ce projet concrétise l’engagement entre deux régions voisines. « La difficulté était considérable, les systèmes informatiques sont ce qu’ils sont », reconnaît François Bonneau, président du Centre-Val de Loire. Promis pour l’automne 2025, le résultat est là : un seul pass, un seul justificatif pour le remboursement par l’employeur, un seul titre à présenter lors des contrôles : la vie des voyageurs entre domicile et travail s’en trouve enfin simplifiée. Un autocollant hologrammé Rémi ajouté au pass Navigo permettra désormais de voyager sans interruption entre les deux réseaux, pour un prix inférieur au tarif actuel.

Avant : la double galère

Jusqu’à présent, les usagers des lignes Montargis-Paris et Dreux-Paris – comme beaucoup d’autres habitants de communes situées aux portes de l’Île-de-France – devaient jongler avec deux abonnements distincts, deux factures, deux validations et deux remboursements partiels.

Beaucoup d’employeurs prenaient en charge l’un ou l’autre des deux titres, mais pas les deux, comprenant mal pourquoi leurs salariés devaient disposer de deux titres de transport et deux justificatifs : « Je ne vais pas vous rembourser pour que vous vous baladiez en Île-de-France » ; et son corollaire : « Ce n’est pas de ma faute si vous n’habitez pas en Île-de-France. »

Il en découle des démarches administratives fastidieuses et, parfois, des stratégies d’évitement : validation supplémentaire dans la première gare francilienne sur leur trajet (Houdan pour les usagers Dreux-Paris ; Souppes-sur-Loing pour ceux de Montargis-Paris), ou bien trajet en voiture jusqu’à ces mêmes gares, stationnement saturé, parkings payants… tout ça pour aller au travail.

Une expérimentation grandeur nature

Le dispositif lancé cet automne en est encore au stade expérimental. Il concerne pour l’instant uniquement les deux axes Paris-Dreux et Paris-Montargis-Gien-Briare, choisis pour tester la compatibilité technique entre les systèmes franciliens et ligériens. L’objectif est d’observer les usages, corriger les dysfonctionnements et, à terme, étendre le dispositif à d’autres bassins de vie en proximité avec l’Île-de-France, comme Chartres ou la gare de Malesherbes (terminus de la ligne RER D, et située dans le Loiret), située à 4 kilomètres de la limite de la Seine-et-Marne et dont les usagers sont confrontés aux mêmes problèmes engendrés par la frontière entre les systèmes tarifaires. « C’est une première étape, mais nous irons vers d’autres territoires », assure François Bonneau.

Un atout pour les territoires

En rénovant toutes les lignes de train d’Île‑de‑France, Valérie Pécresse – présidente de la région Île-de-France – a voulu privilégier ceux qui passent le plus de temps dans les transports, en commençant par les lignes les plus éloignées. « J’ai intérêt à ce que soit créé de l’attractivité économique à Montargis », explique-t-elle. L’objectif est aussi de permettre aux Franciliens du sud de la Seine‑et‑Marne de travailler à Montargis, tout en offrant aux entreprises locales un terrain attractif – foncier abordable et fiscalité avantageuse. Il en va de même pour Dreux, ville également tournée vers l’Île-de-France, par sa connexion avec la façade ouest des Yvelines.

Une contrainte encore : le pass annuel

Pour l’instant, seuls les abonnements annuels sont compatibles. Les usagers doivent donc souscrire à l’année, mais peuvent étaler le paiement sur douze mensualités. Une fois le dispositif rodé, les deux régions visent une interopérabilité totale, une gestion simplifiée depuis une plateforme unique.

Il n’y aura pas que Dreux et Montargis à vouloir profiter du pass unique : toutes les régions limitrophes de l’Île‑de‑France y voient une opportunité. Grand Est, Hauts-de-France, Normandie, Bourgogne-Franche-Comté, autant de présidents régionaux qui vont prendre leur téléphone et appeler Valérie Pécresse pour lui demander la mise en place du même dispositif interrégional. La région Centre‑Val de Loire a ouvert la voie, grâce à l’engagement de son président de région, avec la volonté forte des élus de Montargis et Dreux. Cela pourrait bien inspirer un mouvement plus large pour faciliter les déplacements entre territoires voisins.

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