Créé il y a soixante ans, le Jazz Club du Berry à Châteauroux continue à organiser des soirées endiablées. Tous les premiers lundis de chaque mois, il propose un concert suivi par plus d’une centaine de fidèles. Dans une salle prêtée par un restaurant à Déols, l’association s’occupe de tout. Le 3 octobre, c’était Ronald Baker et son Blues Queens Memories, avec la chanteuse Leslie Lewis.
Eric Luter inaugurant la salle dédiée à son père Claude en janvier 2024. Photo Alais Descars.
Par Bernard Cassat.
De 1951 à 1967, Châteauroux a vécu aux rythmes des Américains. Près de 7 000 familles vivaient dans ou autour de la base de Déols. Sans lien réel avec eux, en 1966, un groupe de musiciens castelroussins crée un club de jazz, le premier, le Jazz Club de Châteauroux, installé dans un local de la Société des fêtes prêté par la Mairie. Comme on le faisait à l’époque, des causeries-auditions amènent aux participants une nouvelle musique. Il fonctionnera jusqu’en 1977, et se perdra ensuite pour diverses raisons.
Renouveau en 1997
Le Jazz Club du Berry reprend le flambeau en 1997, pour des concerts et des jams, en invitant des musiciens locaux, nationaux, internationaux. Dans une salle prêtée par l’Escale Village à Déols, un bar-restaurant non loin de l’aérodrome d’ailleurs, de grands noms viennent exercer leurs talents. Tous les premiers lundis du mois, une soirée accueille les adhérents et quelques curieux. Un public fidèle, qui apprécie particulièrement le jazz swing, be-bop ou manouche. Et le blues, bien évidemment.

Une salle agréable. Photo BC
Tout installer à chaque fois
Les initiateurs et réanimateurs de l’ancien club sont maintenant décédés. Une nouvelle équipe a repris les rênes. Autour de Michel Magne, président de l’association, une dizaine de bénévoles sortent d’un garage, tous les premiers lundis du mois, la sono, les micros et des projecteurs, et vont les installer dans la salle pour une rapide balance vers 18h30. Ils possèdent une batterie trop compliquée à amener, et un piano électrique, un vieux Yamaha de très bonne qualité. Ils installent aussi l’éclairage pour animer la scène. Et vers 20h arrivent les premiers fidèles.
Une vraie ambiance de club
Le lieu est sympa, une belle salle, des petites tables rondes recouvertes de nappes. Une vraie ambiance de club, régenté par l’Escale Village qui assure le bar. Appendice d’un restaurant bar routier gastronomique, comme il y en a dans les zones commerciales, ce resto accueille ces résistants d’une culture populaire de qualité. Neuf concerts par an, dans la salle baptisée Claude Luter, inaugurée par son fils le trompettiste Eric Luter. Excellents auspices pour ces fans de jazz années 40/50, que le Jazz Club du Berry ne veut pas décevoir. Sa programmation est dictée par les choix du public, mais cherche toujours le meilleur.
Très peu de subventions
Leur dernier souci : la commission de sécurité vient de limiter à 100 personnes tout compris l’audience de la salle. À cette jauge-là, le club ne va pas résister pécuniairement. Fonctionnant avec 400 euros de subventions municipales et autant de la part du département, ils vivent sur les deniers des entrées et des adhésions à l’association. Ils négocient avec les musiciens, mais veulent aussi respecter leur travail. Ils cherchent une solution…
Qu’ils vont trouver, on leur souhaite ! Alors qu’ailleurs, notamment à Orléans, le jazz perd de nombreuses occasions de concerts, ce club castelroussin, exceptionnel autant dans ses choix que dans son fonctionnement, est un modèle du genre.
Lundi 3 novembre : le Blues Queens Memories a enchanté la salle

Leslie Lewis, Ronald Baker, Jean-Marc Fritz et Jean-Jacques Taïb. Photo BC.
Un sextet mené par Ronald Baker a donné deux sets de trois quarts d’heure. Leslie Lewis, une Américaine qui vit à Paris, réinterprète de grands succès de Bessie Smith, beaucoup de blues et des airs archiconnus, comme St. James Infirmary. Ronald à la trompette est entouré de musiciens qu’il connaît bien. Son fidèle clarinettiste/saxo baryton Jean-Jacques Taïb, Jean-Marc Fritz à l’alto qui a fait aussi les arrangements, Philippe Petit au piano électrique et Sylvain Glévarec à la batterie. Une magnifique soirée d’une qualité impeccable. Leslie au chant est impressionnante. Le be-bop de rappel a été un grand moment. Tout le groupe fonctionne vraiment pour le plaisir : chacun prend son chorus, donne tout pendant quelques minutes. Et ce tout est vraiment quelque chose !
Cette soirée ne sera sans doute pas un one shot. Affaire à suivre.
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