Dans le cadre de sa tournée des régions françaises, Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a rencontré le 3 novembre à Orléans des chefs d’entreprises, des élus et des représentants de la société civile. Objectif : les sensibiliser à l’impact de l’actualité internationale sur leur quotidien et au rôle primordial joué par son ministère.
Le ministre Jean-Noël Barrot (au centre) au côté de Paul-Olivier Claudepierre, dirigeant de la Maison Martin Pouret – photo Magcentre
Par Pierre Dussin.
Convaincre par la pédagogie, c’est la méthode Jean-Noël Barrot. De passage dans l’Orléanais, le ministre des Affaires étrangères avait pour mission, sur le terrain, de justifier ce que le gouvernement considère comme le bien fondé de ses choix en politique internationale. « À un moment où ce qui se passe au-delà de nos frontières n’a jamais eu autant d’impact sur la vie des Français », le ministre entend par ces visites en région leur rendre plus compréhensible l’action du quai d’Orsay et leur faire découvrir tous les outils que son administration peut mettre à leur disposition. Cela va de la diplomatie économique, avec le soutien aux entreprises françaises dans leur conquête de marchés à l’export, à la diplomatie locale décentralisée par l’appui aux projets de coopération portés par bon nombre de collectivités territoriales avec d’autres villes ou régions à l’étranger.
Après avoir visité en matinée les locaux de l’entreprise Martin Pouret à Boigny-sur-Bionne en présence du président de Région et de représentants de Duralex – qui lançait le matin même une levée de fonds – le ministre a échangé successivement avec des élèves du lycée Jean Zay puis avec des élus et des représentants du monde associatif investis dans des actions de solidarité internationale.
L’ensemble des acteurs locaux est venu entendre la parole du ministre – photo Magcentre
Éloge de la coopération décentralisée
Dans la soirée, Jean-Noël Barrot a tout d’abord débattu à huis clos avec une trentaine d’élus locaux invités à témoigner des actions de coopération conduites avec leurs homologues étrangers. « Votre action en matière de coopération internationale décentralisée est essentielle », leur a-t-il affirmé. « C’est votre implication locale avec les collectivités ukrainiennes qui a permis à la France en 2022 de s’illustrer dans l’accueil des réfugiés de manière exemplaire. L’action du quai seule ne l’aurait pas permis ». Le ministre voit dans la coopération des collectivités à l’international un vrai atout pour notre pays car elle ouvre souvent la voie à la coopération économique. Bien des jumelages en grandissant ont été à l’origine de nouveaux échanges commerciaux. Par ailleurs, les projets de coopération portés par les communes, les départements et régions permettent aussi de familiariser leurs administrés aux questions internationales, en premier lieu les jeunes lors des échanges qui ont lieu fréquemment entre les établissements scolaires de chaque pays. « Les élèves de nos deux collèges ont découvert qu’au Bénin, pour aller en classe, il faut se lever à 4 heures du matin car il n’y a pas de bus ! » souligne Thierry Porikian, président de la communauté de communes de Nérondes (4 680 habitants) qui a noué depuis 10 ans un partenariat avec la ville béninoise de Dassa-Zoumé (110 000 habitants).
Sanctuarisation des crédits dédiés aux collectivités
Plusieurs élus lors de leur intervention ont fait part de leur inquiétude au regard des baisses de crédits envisagées via le PLF 2026 et ont déploré la lourdeur des procédures nécessaires pour bénéficier des instruments financiers mis à leur service par l’agence française de développement et la délégation aux collectivités du quai d’Orsay. « Vos moyens et les miens sont en baisse. Nous avons donc intérêt à nous parler pour les optimiser » leur a répondu le ministre. « Les deuxièmes assises de la coopération décentralisée qui auront lieu en marge du congrès des maires les 17 et 18 novembre prochain seront l’occasion de tenter ensemble de simplifier les démarches pour le financement de vos projets. D’ores et déjà, je peux vous confirmer qu’en dépit de la diminution des dotations attendues pour mon ministère, nous avons tenu à sanctuariser les crédits dédiés à vos actions de coopération ».
Pour conclure, Jean-Noël Barrot a assuré qu’il se battait tous les jours pour défendre son budget et lutter contre le repli sur soi de la France prôné par le populisme de l’extrême droite. Car l’aide publique de la France au développement via des partenariats internationaux « n’est pas qu’une question d’humanité. C’est aussi un devoir de responsabilité ». Parce qu’aider des pays à mieux maîtriser leur état civil, à mettre en place des campagnes de vaccination ou à réguler la production sur leur sol de stupéfiants, c’est au final « répondre aux risques migratoires, pandémiques ou de narcotrafics qui menacent la France », insiste le ministre arguant que la solidarité internationale est aussi une politique de sécurité nationale.
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