Dix ans après les attentats parisiens de 2015, la mémoire est toujours là, et les marques de souvenirs indispensables. Pour continuer à affirmer que la diversité des opinions est la seule garante d’un monde libre, et non une vision radicale irréaliste, et dénuée d’humour.
Hommage aux victimes de La Belle Équipe, et des autres attentats, le 16 novembre 2015, à Paris. Photo ED
Par Mag’Dom.
« Cinquante nuances de vrai valent mieux que toute vision en noir et blanc ». Cette semaine, l’atmosphère était lourde au sein de la tribu taupienne. On commençait à montrer les dents, à sortir les griffes, et d’aucunes imaginaient même de les enduire un peu de curare. Du jamais vu. À croire que les échos de la surface ébranlaient la sérénité habituelle des débats.
Les prémices avaient commencé par un entrefilet dans l’Écho des galeries notant que les départements de l’Indre-et-Loire et du Cher, à la différence du Loir-et-Cher, autorisaient depuis septembre la chasse aux blaireaux. Et d’aucunes avaient peur que les galeries soient désormais envahies par ces animaux mêmes pas cousins en quête de terriers plus agréables. Passe encore pour les rats-taupes, grinçaient-elles, admis à partager les excédents de la réserve, et cantonnés dans les lieux les plus sombres, mais fallait pas exagérer. Cette position peu hospitalière en rappelait d’autres chez les humains, prompts à se déchirer au nom de positions radicales frôlant l’irréalisme. À l’image d’une excitée qui osa un « quand on sait que l’on a raison, on ne discute plus, on impose », en se faisant ainsi chantre d’une étrange liberté !
En ce jeudi 13 novembre, date anniversaire des attentats de 2015, l’heure devrait pourtant être à la concorde plutôt qu’à l’embastillement assuré avec guillotine à la clé. Ne serait-ce que pour tenter d’apporter un minimum de savoir aux jeunes générations, qui ne connaissent du Bataclan que le sentier pédestre de Saint-Père-sur-Loire, et pour qui La Belle Équipe n’est peut-être que leur team ou leur crew imbattable au hip-hop. Pour d’autres, à l’image de la journaliste Véronique de Bourgies, consœur d’un membre de la rédaction de Magcentre, la terrasse de ce bar dont elle était une habituée aura été celle de son dernier café.
L’intransigeance des opinions, l’absurde certitude de détenir la vérité universelle, la mise en pratique radicale de philosophies et religiosités dépassées ou mal interprétées ne sont peut-être qu’une illustration de la folie destructrice inhérente à l’être humain. Nul ne sait si la lecture de la vie de Jésus et du Comte de Monte-Cristo aura inspiré Nicolas Sarkozy pour guider son avenir. Mais force est de reconnaître que sa sortie de prison ce lundi 10 novembre était fort opportune pour qu’il puisse venir se recueillir au milieu de la foule dans l’une des nombreuses cérémonies parisiennes. Avec peut-être plus d’abnégation que lors de la manifestation de janvier 2015, après l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo. Et souhaitons que personne ne jouera a posteriori les mythomanes pour dire « j’y étais », comme le fit peu de temps après une imposteure, interprétée à l’écran en 2024 par l’actrice d’origine orléanaise Laure Calamy. L’humour corrosif de Charlie, à côté de cela, ne méritait que respect. Et les centaines de victimes de ce 13 novembre 2015 bien plus que les chamailleries d’une tribu taupienne, et les errements des idéologues humains.
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