520.000 euros pour « Le banquet des Lapithes de Laurent de la Hyre », qui dit mieux ?

Une vente aux enchères s’est tenue ce samedi 15 novembre à l’Hôtel des ventes d’Orléans Madeleine. Sa pièce maîtresse, Le Banquet des Lapithes (1624-1628) de Laurent de la Hyre, estimée entre 500.000 et 700.000 euros, a été récemment redécouverte, offrant un nouvel éclairage sur l’œuvre de l’artiste qui compte parmi les plus grands peintres français du XVIIe siècle.

Laurent de la Hyre, Le Banquet des Lapithes, 1624-1628, huile sur toile, 204 × 270 cm. Photo : Charlotte Guillois.



Par Charlotte Guillois.


Laurent de la Hyre a à peine 20 ans lorsqu’il entreprend la réalisation de cette œuvre monumentale mesurant pas moins de 2,04 mètres de hauteur et 2,70 mètres de largeur. Figure majeure de la peinture française des années 1630-1640, l’artiste est surtout réputé pour ses paysages historiques. La réapparition de son Banquet des Lapithes vient enrichir les connaissances que les historiens de l’art ont de son œuvre. 

Perdu depuis 1657, le tableau a été acquis vers 1850 par les propriétaires du château de Villebourgeon, en Sologne, sans avoir été identifié. Ce n’est que récemment que les héritiers du château ont demandé une expertise à Cécile Solibieda, commissaire-priseur à l’Hôtel des ventes Orléans Madeleine, en collaboration avec le Cabinet Turquin. L’analyse a alors révélé l’origine de ce chef-d’œuvre jusque-là accroché dans la cage d’escalier du château.

Un sujet ambitieux qui reflète la virtuosité du jeune peintre 

Le Banquet des Lapithes illustre un épisode mythologique issu des Métamorphoses d’Ovide : le combat des Centaures et des Lapithes. Lors du banquet donné en l’honneur du mariage de Pirithoos, roi de Thessalie, avec Hippodamie, les centaures, qui n’avaient jamais goûté de vin, s’enivrent et tentent d’enlever Hippodamie. L’incident déclenche une bataille sanglante qui se conclut par la défaite des centaures, terrassés par l’intervention de Pirithoos et de son fidèle ami, Thésée. Cet affrontement symbolise l’opposition entre la civilisation (les Lapithes) et la barbarie (incarnée par la bestialité des Centaures). Sur le tableau, on reconnaît Thésée, en rouge, plantant son épée dans le corps d’un centaure renversé à côté d’Hippodamie.

Dans ce chef-d’œuvre de jeunesse, Laurent de la Hyre montre déjà une grande maîtrise du nu, de la narration, des expressions, du décorum et de la perspective architecturale. Pour le commissaire-priseur Cécile Solibieda, le tableau est d’autant plus intéressant qu’il « ne reflète pas la production postérieure de l’artiste », qui est plutôt « sage, avec des lumières douces ». Elle ajoute que le clair-obscur du tableau et ses contrastes forts ne sont pas courants chez Laurent de la Hyre, dont on ne connaît d’ailleurs « aucun autre grand format de ses débuts de production », d’où l’importance capitale de cette découverte pour l’histoire de l’art.

D’autres œuvres disponibles pour les enchères, la plupart provenant du château de Villebourgeon. Photo : Charlotte Guillois.

Des enchères contrastées

Les enchères ont commencé vers 14h15 à l’Hôtel des ventes. Les acheteurs se sont affrontés aussi bien dans la salle qu’au téléphone et sur les plateformes Inter’encheres et Drouot. Une centaine de tableaux et d’objets d’art issus du château de Villebourgeon étaient également à vendre. La grande majorité est datée, tout comme Le Banquet des Lapithes, du XVIIe siècle, mais on retrouve aussi des œuvres du XVIIIe et XIXe siècle.

Parmi les lots les plus prestigieux figurent les douze toiles de l’École Flamande du XVIIe siècle représentant Les Douze empereurs – série initialement réalisée par Titien – puis largement copiées, notamment par Rubens, estimées entre 20.000 et 30.000 euros et adjugées pour 46.000 euros. La grande surprise de ces enchères reste toutefois le tableau de l’École Florentine du XVIIe siècle, Alexandre domptant Bucéphale, qui s’envole pour 42.000 euros alors que son estimation ne dépassait pas 12.000 euros.

La vente tant attendue du chef-d’œuvre de Laurent de La Hyre s’est finalement révélée… décevante. Malgré l’émotion palpable dans la salle au moment de son annonce, chacun retenant son souffle et guettant les mains levées, le prix de départ fixé à 430.000 euros peine à s’envoler. Deux acheteurs, l’un présent dans la salle, l’autre au téléphone, se sont mollement disputés, avant que ce dernier, un collectionneur, ne l’emporte pour 520.000 euros (hors frais soit un prix final de 638.560€ ). Une somme certes considérable, mais qui déçoit un peu quand on sait que le tableau était estimé entre 500.000 et 700.000 euros, et que d’autres œuvres ont réussi à doubler, voire tripler leur estimation.

Plus d’info autrement :

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