Le conservatoire d’Orléans a offert le premier concert d’une série intitulée « Instants suspendus » ce vendredi 14 novembre, salle de l’Institut. Avec Sarah Nemtanu, violon, et Kevin Seddiki, guitare, ce fut un moment de pur bonheur pour une musique pleine de finesse et d’intensité appréciée par un public chaleureux.

Sarah Nemtanu, violon, et Kevin Seddiki, guitare, en concert à l’Institut le vendredi 14 novembre 2025. Photo AC Chapuis
Par Anne-Cécile Chapuis.
D’emblée, le concert est placé sous le signe de la qualité. Les deux artistes annoncent un programme varié qui revisite tout répertoire, qu’il soit classique ou traditionnel, mais aussi qu’il ait été écrit pour piano, mandoline, ou orchestre tango… la liste n’est pas limitative ! Rien n’arrête les deux musiciens qui explorent, arrangent et s’emparent de toute musique. « Arrangeurs ou dérangeurs », affirment-ils, « nous avons le goût du risque et aimons sortir de nos zones de confort »
Toute musique, du classique au traditionnel brésilien
Le ton est donné, et la musique est là. Dans une première partie, après une sonate de Bach, place à Schumann et ses rythmes bulgares envoûtants, suivie de la très belle Berceuse de Fauré, avec un violon muni de sourdine tout en nuances. C’est ensuite une étude pour piano de Sibelius très véloce, puis Prokofiev avec des pizzicati qui renforcent cette « vision fugitive » annoncée par le titre. La première partie se termine avec une Invention de Bach, à 7 temps, avec effets de percussion qui donnent tout le relief à ces rythmes brisés qui, progressivement, rendent la place à la mélodie initiale reconstituée à la fin de l’exercice. C’est original, c’est porteur, c’est magnifique.

Une musique sud américaine toute en rythmes et complicité. Photo AC Chapuis
Un répertoire sans limite sauf celui de la musicalité et du plaisir
La deuxième partie ouvre la scène à la musique d’Amérique latine. Et les deux compères y excellent. Ils commencent avec Astor Piazzolla. « On s’est réapproprié cette pièce qu’on adore », affirment-ils. Nous aussi ! Un détour par le Brésil donne à entendre rythmes et sons colorés, les instrumentistes ne reculant devant aucun obstacle à faire sonner leurs instruments comme des percussions, ou à les faire pleurer, décrire, danser… tout y passe, et la musique dépasse les sonorités habituelles. Kevin Seddiki se saisit d’un zarb, instrument d’origine iranienne, pour ponctuer cette musique de sons venus d’ailleurs. Un régal total.

Applaudissements nourris et mérités pour les deux musiciens. Photo ACC
La qualité des musiciens, leur parfaite osmose pour un duo où les deux instruments sont solistes, la pureté des sons qu’ils distillent et leur plaisir manifeste à s’engager corps et âme dans une musique sans limite, ont conquis sans réserve le public de l’Institut.
Prochains concerts « Instants suspendus » :
- Vendredi 7 janvier : Alexandre Tharaud, piano
- Vendredi 27 mars : Julie Fuchs, soprano, et invités
- Mercredi 13 mai : Quatuor Arod
Une programmation de choix qui n’est pas sans rappeler les heures fastes de l’association Fortississimo
Plus d’infos autrement :
Conservatoire d’Orléans : une saison rythmée par plus de 200 projets artistiques !