Les acrobates de Tanger dansent, virevoltent et triomphent

Il y a quatre ans, le Groupe acrobatique de Tanger nous présentait FIQ ! Il revient à la Scène nationale d’Orléans avec KA-IN, cette fois-ci mis en scène par Raphaëlle Boitel. Un mélange réussi de breakdance, de cirque, de clown, sur une danse de lumières et de sons, et en représentation une dernière fois ce mercredi 19 novembre.

À l’endroit, à l’envers… Une danse incroyable. Photo Pierre Planchenau.



Par Bernard Cassat.


On ne sait pas si on regarde des acrobates, des danseurs ou des voltigeurs. Mais, dans un début éblouissant, les membres du Groupe acrobatique de Tanger traversent la scène en courant, en sautant, en faisant la roue ou des pirouettes incroyables, des sauts périlleux enchaînés. Il en surgit de toutes parts, traversant les rayons de lumière la tête en bas ou les pieds en avant. Et pourtant aucun chaos. Il y a même des groupes qui se réunissent pour une petite chorégraphie collective souvent drôle, et puis hop, ça repart sur autre chose.

L’intégration au groupe. Photo Pierre Planchenau.


Il y a de la danse, certes. Individuelle parfois, comme ces deux démonstrations de breakdance très poussées dans les difficultés, magnifiquement réalisées au son d’un sound machine. Impressionnant d’exigence physique et de virtuosité. Mais ils sont vite rattrapés par les autres. Car c’est l’un des thèmes du spectacle, l’intégration dans un groupe. Plusieurs moments commencent comme sur les places des villes. Des jeunes se rencontrent, se chahutent un peu, et commencent à danser. Avec des nouveaux qui arrivent, qui sont jaugés, testés et intégrés ou non.

Et puis le spectacle est rythmé par la musique. Plutôt forte, presque omniprésente, la bande-son propose plusieurs sources d’inspiration. Du baroque, du moderne, beaucoup de violon, mais surtout des cadences enlevées. Qui permettent aux acrobates de varier les figures.

Chorégraphie céleste. Photo Pierre Planchenau.


Avec parfois des numéros de clown. Car ils sont circassiens et savent faire plein de choses. Toute la troupe s’y met, alignée en rang d’oignons et contrôlée par deux gardiens. Mais l’humour va casser l’ordre, un petit geste va en entraîner d’autres qui viendront à bout de la situation.

Et puis il y a la puissance et l’originalité des lumières. Elles aussi dansent. Venant souvent de la coulisse droite, elles découpent des tranches de zones visibles dans lesquelles les danseurs prennent une autre dimension. Généralement très fortes mais limitées, elles ciblent les corps comme pour mieux montrer les mouvements. L’ambiance pleine de fumée sur la scène dessine dans l’air les ombres des corps éclairés par ces lumières crues, les matérialisant pour les rendre visibles sur toute la largeur de la scène. Le découpage va jusqu’à un court moment stroboscopique pas forcément agréable pour les spectateurs. Mais l’effet est impressionnant. Et puis la lumière peut se faire aussi totalement dynamique. Des projecteurs tenus à la main jettent leurs traits de lumière qui semblent enchaîner un danseur dans leurs éclats. Il se débat mais les lumières, maniées de main de maître par six danseurs autour (qui eux sont invisibles car dans le noir), se dressent autour de lui comme des barreaux de prison.

La lumière attaque. Photo Pierre Planchenau.


Et pour utiliser toutes leurs ressources de circassiens, une jeune femme fait un numéro de trapèze. Là aussi, la lumière la met en valeur.

Et tout cela finit sur une musique Gnaoua. Avec en fond les castagnettes de ferraille au son si particulier. Le Groupe acrobatique de Tanger a toujours mis au centre de son action les traditions marocaines. Cette musique paraissait donc évidente. Pourtant, cette prestation est de bout en bout un travail totalement contemporain qui illustre avec brio les recherches du monde circassien d’aujourd’hui. Une belle ovation a prouvé sa réussite.

Spectacle « KA-IN »

Par le Groupe acrobatique de Tanger, mise en scène de Raphaëlle Boitel 

Dernière représentation mercredi 19 novembre à 19h

Billetterie ici


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Commentaires

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  1. ce qui m’a marqué est la jeunesse des artistes . J’ai pensé aux jeunes marocains qui étaient dans la rue il y a quelques semaines , pour une meilleure répartitions des richesses dans leur pays . Et par ce spectacle avec leur Compagnie ils expriment les valeurs de la jeunesse. Et Dommage qu’ils ne peuvent pas aller les diffuser dans les autres pays de Maghreb ( selon les infos apportees après le spectacle sur le bord de la scène)

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