Violences faites aux femmes : le Loir-et-Cher renforce ses moyens

Marquée par la signature de deux conventions, la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes a rassemblé ce 25 novembre, à la préfecture de Loir-et-Cher, tous les partenaires d’un combat érigé en « Grande cause nationale » ces huit dernières années.
 

Cathie Kassongo-Kissaka, directrice territoriale France Travail, Bernadette Buteau, présidente du CIDFF et le préfet Joseph Zimet ont signé une convention partenariale visant à favoriser l’accompagnement des femmes victimes de VSS vers l’emploi. Crédit photo Jean-Luc Vezon.



Par Jean-Luc Vezon.


La publication récente d’un rapport accablant sur les violences sexistes et sexuelles en France n’a semble-t-il pas érodé la confiance et la détermination des acteurs institutionnels dans leur lutte. Sur la thématique départementale « Quel rôle pour les hommes dans la prévention et la lutte contre le sexisme et les violences faites aux femmes ? », cette journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes a lancé les nombreuses actions prévues sur l’ensemble du Loir-et-Cher pendant plusieurs semaines. « Le 25 novembre est le temps fort pour tous les acteurs et associatifs engagés dans cette grande cause nationale. Certes, nos efforts sont encore insuffisants mais ils sont réels », admet le préfet Joseph Zimet lors du lancement.

Défendant le plan interministériel d’égalité entre les femmes et les hommes baptisé « Toutes et tous égaux », dont « 62% de ses 180 mesures » concernent la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS), la santé, l’égalité économique et professionnelle et la promotion d’une culture de l’égalité, le préfet s’est voulu rassurant. « Dans le cadre d’une politique nationale qui a vu les crédits tripler en 3 ans, nous maintiendrons les subventions et aides aux associations et nous avancerons sur la décentralisation des actions par arrondissement », insiste Joseph Zimet en rapportant quelques chiffres nationaux faisant état de 272 390 victimes (dont 2/3 conjugales) et 122 600 violences sexuelles enregistrées. Les femmes en sont les victimes à 84% et les hommes en sont la cause dans 85% des cas.

« Améliorer les audiences avec le procureur »

Pour le procureur de la République Stéphane Javet, il faut « une mobilisation collective des services de l’État et de la société ». C’est le cas dans le domaine judiciaire en Loir-et-Cher puisque 86 Téléphones grave danger (TGD) ont été utilisés en Loir-et-Cher en 2025. Ils sont remis dès le dépôt de plainte en lien avec France victimes 41. En interne, un pôle spécialisé dans la lutte contre les violences intrafamiliales (VIF) et des audiences dédiées ont été installés, générant 295 réponses pénales, 50 placements sous contrôle judiciaire et 29 détentions provisoires en 2025. S’il constate une baisse des VIF depuis début 2024, le procureur entend poursuivre son action avec détermination.

Président du tribunal, Alexis Mihman a pour sa part souligné que les violences faites aux femmes ne se limitent pas aux VIF et qu’elles ne sont pas cantonnées aux couples hétérosexuels. Au tribunal, un pôle VIF est également en place assurant le roulement des affaires. Il se réunit tous les trois mois. « Nous travaillons à améliorer les audiences avec le procureur. 203 jugements VIF ont été rendus depuis le 1er janvier avec 35 emprisonnements fermes, souvent avec sursis probatoire », précise Alexis Mihman, adepte de peines adaptées à chaque situation et promoteur d’actions de sensibilisation via notamment le Conseil départemental d’accès aux droits (CDAD41) (2).

Deux nouvelles conventions de partenariat

Sous l’égide de Séverine Luj, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes, la mobilisation de l’État n’a pas failli en 2025, s’avance-t-elle. Avec un budget de 225 000 € – qui n’a pas baissé – 15 associations ont pu être soutenues, générant 20 dispositifs et actions.

Permanences, soutien psychologique, groupes de parole, art thérapie, accueil de jour, mise en place d’un EVARS (Espace vie affective, relationnelle et sexuelle) (1), actions contre la prostitution, sensibilisation en milieu scolaire, création d’un réseau d’acteurs (avec la DDETS-PP) et bientôt d’instances partenariales dans les trois arrondissements ou encore création de 30 places d’hébergement d’urgence en milieu rural, la délégation est le chef d’orchestre des politiques publiques.

« Nous nous employons à répondre aux besoins des femmes victimes de violences et à les aider à se reconstruire avec des parcours mobilisant tous nos moyens », a insisté Séverine Luj. En 2026, la boîte à outils va s’enrichir de deux nouveaux partenariats. Le premier, passé avec l’Union nationale des taxis (UNT), l’hôpital de Blois et l’ASLD 41, va permettre aux femmes en situation de danger de s’extraire plus rapidement de la menace.

Pierre Bouffart, président de l’Union nationale des taxis Loir-et-Cher (UNT41) a signé une convention prévoyant des bons taxis pour les femmes victimes. Crédit photo Jean-Luc Vezon.


Ces « bons taxis », financés par l’État, permettront ainsi de rejoindre un centre d’hébergement, un centre hospitalier ou un refuge sécurisé. « Grâce à notre plateforme, nous géolocaliserons les victimes et nos 360 adhérents pourront être sur place rapidement », a indiqué Pierre Bouffart, président de l’organisation.

Au centre hospitalier de Blois, les femmes victimes seront prises en charge par le dispositif d’accueil et d’accompagnement médical, psychologique et social spécifique baptisé Malala, du nom de la militante pakistanaise prix Nobel de la paix et pourront bénéficier des services de l’unité médico-judiciaire en place depuis 2023.

La convention tripartite signée entre l’État, France Travail et le Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) viendra renforcer les possibilités d’insertion des femmes victimes, qui trop souvent sont sous l’emprise financière de leur conjoint. « Des actions personnalisées seront mises en place par nos conseillers avec la volonté de former et de faciliter l’accès à l’emploi », a précisé Cathie Kassongo-Kissaka, directrice territoriale France Travail Loir-et-Cher. Cet accompagnement s’inscrira dans un partenariat de terrain avec le CIDFF comme l’a rappelé sa présidente Bernadette Buteau.

(1) Lieu d’information, d’écoute, de sensibilisation et de prévention en matière de vie affective, relationnelle et sexuelle.
(2) Citons notamment les représentations théâtrales « Le rôle des hommes face aux violences faites aux femmes » prévues à Blois, Romorantin et Vendôme dans le cadre du programme 2025.


Plus d’infos autrement :

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Commentaires

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  1. Merci aux actrices et acteurs du Loir et Cher pour vos engagements !

    On aimerait tellement que le Loiret comprenne également l’enjeu que représente pour les associations : la prévention, l’écoute, l’accompagnement et l’orientation vis à vis des violences !

    Or le Conseil départemental du Loiret coupe les bras aux associations qui œuvrent pour lutter contre les violences envers les femmes !

    Espérons que la prise de conscience des élu.e.s du Loiret fasse que les subventions et le soutien à nos associations ne soient pas encore des coupes franches ! Il s’agit d’un vrai fait de société que personne ne peut nier : la montée des violences envers les femmes parce qu’elles sont des femmes !

    Qui peut le contester ? Certainement pas des coupes budgétaires qui vont se répercuter sur la misère et la prostitution des femmes qu’il faudra bien compenser !

    Je suis très en colère mais je sais que l’on peut toujours modifier son jugement en partant de son cœur !

    C’est pour que naître femme ne soit pas une véritable épée au dessus de la tête de toutes les petites filles qui vont naître !

    Cela suffit !

    Monique LEMOINE

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