Une exposition sur les violences conjugales pour se reconstruire

En amont de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, l’Association Victimes de Violences Conjugales (AVVC) organisait, samedi 22 novembre, une exposition collective à la Maison des associations d’Orléans-La Source. Une douzaine d’artistes ont exposé des créations originales autour du thème des violences conjugales.

 

Par Charlotte Guillois.

 

L’association est composée de victimes ayant subi des violences, de témoins et de personnes engagées. Pour la directrice d’AVVC, il est « important qu’existe un espace de soutien aux victimes, là où se retissent les liens et la confiance perdus. » Des actions de sensibilisation et de réflexion autour de la cause des violences conjugales sont régulièrement menées, ainsi que des ateliers de bien-être afin de « redonner confiance et repères sociaux aux victimes souvent brisées. »

De l’obscurité à la lumière

Pastels de Doris, Quand blessure et colère se réveillent à droite, S’accorder du temps à gauche. Photo : CG.


Les pastels de Doris représentent des paysages, tantôt très sombres, tantôt lumineux et colorés, souvent traversés par un chemin. « Malgré la noirceur, il y a toujours un rayon de lumière au bout du chemin », confie-t-elle. Même dans ses œuvres très sombres – comme celle ci-dessus avec une trainée de lave et des montagnes menaçantes – on distingue un point de lumière, comme une lueur d’espoir, qui illustre ses convictions : « Dans la vie, même dans la souffrance ou le malheur, il y a quelque chose de positif à retirer à la fin ».

Aura de Kevin Beck, renaissance d’une femme après la violence. Photo : CG.


Cette idée de renouveau s’exprime aussi chez Kevin Beck, graffeur professionnel, dans un triptyque représentant trois visages de femmes « en état d’éveil spirituel ». Armé de bombes de peinture et de feutres Posca, Kevin Beck a voulu peindre « l’être morcelé par le traumatisme et la dissociation d’identité ».

Se réapproprier son corps par la photographie

Photos tirées de la série « Lectures intimes » de Jean-Luc Bouland. Photo : CG.


Neuf photographies de Jean-Luc Bouland*, extraites de sa série « Lectures Intimes » qui réunit 31 photos de 31 personnes âgées de 33 à 72 ans, complètent l’exposition. On y voit neuf femmes, un livre à la main, posant nues dans une démarche de reconquête corporelle. À côté de chaque photographie se trouve un petit texte expliquant la démarche de chacune. Pour Jenny, 35 ans, qui s’est faite opérer d’une sleeve en 2020 et a vécu des violences conjugales en 2021, c’est la volonté de montrer que « peu importe ce qu’on traverse, on reste belle et forte avec nos petits trucs en plus » qui l’a poussée à poser. Pour Tiffanie, 34 ans, c’est pour se réapproprier qui elle est qu’elle accepte de poser, à la suite « d’évènements traumatiques » qui l’ont dégoûtée de son propre corps.

En rassemblant des démarches artistiques aussi diverses que sensibles, cette exposition offre avant tout un espace où la parole et les émotions peuvent circuler autrement. Elle permet de regarder la réalité des violences conjugales à travers des formes symboliques, métaphoriques ou intimes, et ouvre ainsi un terrain de dialogue qui dépasse les témoignages et les chiffres. En donnant à voir la force, la fragilité, la reconstruction ou la quête d’apaisement, elle contribue à briser le silence, à susciter l’empathie et à rappeler que la création peut devenir un véritable outil de guérison, et de résistance.

Il s’agissait de la première exposition de l’Association, qui ne compte pas s’arrêter là. « On travaille déjà sur un projet pour le 8 mars (Journée internationale des droits des femmes) » partage la directrice d’AVVC, en précisant qu’il devrait s’agir d’une nouvelle exposition qui pourrait accueillir une conférence sur le sujet des violences conjugales.

*Jean-Luc Bouland est également rédacteur pour Magcentre

Plus d’infos autrement : 

Violences sexistes et sexuelles : un fléau structurel que la France ne parvient toujours pas à endiguer

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