Une ferme solaire et bovine : le Loiret mise sur l’agrivoltaïsme

La commune de La Ferté-Saint-Aubin s’apprête à accueillir un projet mêlant élevage bovin et production photovoltaïque. Mardi 25 novembre, le Département du Loiret et ses partenaires se sont réunis pour présenter les grandes lignes de cette initiative. Alors que les acteurs vantent un projet « unique dans le département », des questions demeurent sur son calendrier, sa viabilité et son acceptabilité locale.
  

Le département du Loiret souhaite installer des panneaux photovoltaïques sur une de ses parcelles de La-Ferté-Saint-Aubin, où paîtront les vaches d’une éleveuse. Illustration Freepik.

 

Par Charlotte Guillois.

 

Le Département du Loiret et ses partenaires ont présenté un projet de ferme agrivoltaïque d’élevage bovin qui devrait s’étendre sur 31 hectares à La Ferté-Saint-Aubin. Pour Marc Gaudet, président du Conseil départemental, il s’agit « d’inscrire la transition environnementale et écologique dans le territoire », même s’il reconnaît que « le projet avance un peu lentement, dans un pays où on a besoin de repenser la production d’énergie ». La SEM Loiret Énergie, société d’économie mixte du Conseil départemental créée en 2022, porte l’initiative avec Terres d’Énergie Développement. L’objectif : diversifier les sources d’énergie du département, avec des projets comme la solarisation du centre de secours de Malesherbes ou les ombrières de la future aire de covoiturage de Châteauneuf-sur-Loire.

L’éleveuse Anne-Aël Leroy, installée à Ménestreau-en-Villette depuis août 2023, a été retenue via un appel à projet. Exploitant une ferme bio autrefois dédiée aux chèvres, elle y élève aujourd’hui des vaches laitières. Pour elle, le projet représente une opportunité essentielle. « Cette surface supplémentaire me permettrait de garder la totalité de mes veaux, et d’avoir plus de surfaces pour nourrir le troupeau, explique-t-elle. En plus des panneaux, la construction d’un hangar sur la parcelle me permettra d’hiverner les vaches », tout en apportant un complément de revenu. Les panneaux seront disposés en rangées de monopieux afin de laisser circuler les bêtes et de préserver les pâtures. Comme le souligne Yann Le Bolloch, directeur de Tenergie, « l’activité principale doit rester l’agriculture ».

Une promesse énergétique importante pour le territoire

Le chantier ne commencera pas immédiatement. Les études viennent à peine de débuter : mesures environnementales, diagnostics archéologiques, analyses paysagères et procédures administratives s’étaleront sur environ 4 ans. Ce calendrier s’explique par l’ampleur des contrôles nécessaires. « En France, produire de l’énergie, c’est compliqué », déplore Marc Gaudet.

Si le projet va à son terme, la centrale devra fonctionner pendant 30 ans. Les premières projections estiment une production annuelle d’environ 23 GWh, soit l’équivalent de la consommation électrique de 10 600 habitants. De quoi couvrir une part significative des besoins de la commune et éviter près de 5 600 tonnes de CO₂ chaque année. « C’est un projet structurant, un véritable investissement pour l’avenir du territoire », vend Stéphane Michaut, directeur développement de grands projets chez Tenergie.

La SEM Loiret Energie et Terres d’Energie Développement ont scellé par écrit leur volonté de mener ce projet d’énergie renouvelable. Photo Magcentre


Loiret Énergie détiendra 60 % du projet, le reste revenant à Terres d’Énergie Développement, dont les actionnaires incluent notamment la Banque des Territoires. Le budget final n’est pas encore fixé : il dépendra du nombre de panneaux installés, produisant possiblement entre 10 et 20 mégawatts, soit un coût estimé de 10 à 20 millions d’euros.

Un soutien politique fort, mais une réalisation encore incertaine

Le projet bénéficie d’un appui notable des élus locaux. La maire de La Ferté-Saint-Aubin, Katia Bailly, insiste sur la démarche de co-construction. « Ici, on avance ensemble, pour la transition écologique mais aussi pour la souveraineté alimentaire. » Stéphane Michaut y voit un moyen de relancer une filière bovine en perte de vitesse : « le nombre d’agriculteurs actifs en France a fondu, l’agriculture a besoin de se transformer pour subsister ».

Mais tout n’est pas acquis. Les procédures sont longues, les autorisations incertaines, et l’acceptabilité locale reste à construire. Et le territoire des Portes de Sologne en sait quelque chose puisqu’un autre projet de parc photovoltaïque porté par Thalès divise jusque chez les élus locaux. Certes le projet est tout autre et implique un défrichement de surface sans comparaison. Mais il faut rappeler que les projets photovoltaïques suscitent régulièrement des réticences, parfois vives, de la part des riverains ou d’associations de défense du paysage. Rien ne garantit donc que ce projet échappe à ces contestations.

La nature même du projet peut aussi interroger. Marc Gaudet affirme qu’il ne s’agit pas d’un « projet alibi », destiné à légitimer une installation énergétique en l’habillant d’un vernis agricole. Tant que le chantier n’a pas débuté, l’enjeu sera surtout de garantir l’articulation entre intérêts agricoles et impératifs énergétiques, qui devra être scrupuleusement respectée pour convaincre durablement.

 

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