Faire d’Orléans une ville féministe et inclusive, c’est le défi que s’est donné le collectif “Maintenant Orléans !” en route pour les élections municipales. Le collectif a ainsi organisé un apéro-débat mercredi au coffee-shop Mamé afin d’établir un livre blanc.
Atelier au coffee-shop Mamé le 26 novembre pour faire d’Orléans une ville inclusive et féministe. Crédit : Jeanne Beaudoin.
Par Jeanne Beaudoin.
Une table ronde a d’abord été organisée en présence d’Anne Audouin, co-présidente du Planning Familial 45, et d’Annabelle Basnier, membre du Conseil régional de la Jeunesse. Un constat a été tiré : la ville d’Orléans n’est pas un modèle en termes de féminisme et d’inclusivité. « La semaine dernière, j’ai participé à une mission où il y avait la présidente de la Maison des Femmes qui indiquait qu’il fallait, au niveau national, 3 milliards d’euros pour lutter efficacement contre les violences faites aux femmes », explique Anne Audouin. « Sans grande surprise, on est loin du compte dans le projet de loi de finances 2026. Je suis bien consciente des difficultés budgétaires au niveau local ou ailleurs, après je pense qu’il y a toujours des questions de priorité et des choix politiques ».
Un budget illimité pour transformer la ville
L’idée était que, si des moyens concrets sont posés sur la table, il est possible de faire de la ville d’Orléans une ville inclusive et féministe. Pour trouver de l’inspiration, plusieurs ateliers ont ensuite été organisés. L’objectif : établir un livre blanc d’une ville inclusive et féministe sur les questions de prise en compte des femmes dans la ville, de l’aménagement de l’espace public, des mobilités ou encore de la sécurité. Pour ces ateliers, plusieurs personnes ont ainsi réfléchi, sans limite de budget, afin de lister tous les problèmes existants et proposer collectivement des solutions .
Atelier au coffee-shop Mamé le 26 novembre pour faire d’Orléans une ville inclusive et féministe. Crédit : Jeanne Beaudoin.
Sensibilisation et prévention
Le premier atelier avait pour mission de proposer des idées sur tout ce qui concerne le volet sensibilisation et prévention, c’est-à-dire, « comment on peut développer une culture commune de prévention qui permette à toutes et tous de se sentir outillé-es et responsable dans l’espace public », explique une personne du collectif. Plusieurs idées ont ainsi été mises sur la table, notamment pour ce qui concerne la formation des agents. Il faudrait ainsi montrer l’exemple, en tant que collectivité, en rappelant aux agents l’obligation d’égalité de traitement, tout en redonnant des définitions comme celle de la discrimination ou du harcèlement pour que les femmes et les minorités de genre soient correctement accompagnées en cas de nécessité.
Enfin, autre point abordé, celui de l’utilisation de l’espace public comme support de sensibilisation et de prévention. Les numéros d’urgence peuvent par exemple être affichés à différents endroits. Également, l’idée de changer les publicités des trams a été évoquée : « on pourrait aussi avoir autre chose que des hommes partout, et avoir peut-être des choses un peu sur nous et pas seulement le 8 mars », propose une participante de cet atelier. Plusieurs actions « vraiment hyper intéressantes » existent déjà, comme le Festiv’Elles, « il s’agirait déjà de les mettre mieux en valeur. C’est une super action » pour mettre en avant des artistes féminines.
Mobilités et accessibilités
Un deuxième atelier avait pour vocation de réfléchir aux mobilités : « comment repenser les transports et les espaces de déplacements urbains afin de garantir des trajets fluides, accessibles et rassurants », poursuit une membre du collectif. Encore aujourd’hui, de nombreuses personnes, en particulier des femmes et minorités de genre, doivent réfléchir à leur trajet en fonction des problématiques qu’elles peuvent rencontrer, afin d’éviter au maximum tout harcèlement de rue.
Plusieurs propositions ont été posées : l’idée de mettre en place un accompagnement dans la rue et dans les trams « avec des agents de confiance et des points relais », propose Pierre Hursin, conseiller politique. C’est-à-dire « des personnes vers qui on peut se tourner », notamment grâce à l’installation de boutons d’urgence. Également, de « véritables efforts doivent être faits » sur l’éclairage public, avec l’idée de « cartographier les zones les plus dangereuses pour les retravailler et en assurer la sécurité », poursuit-il. Il faudrait aussi aménager les quais et l’intérieur des trams et des bus afin qu’ils soient véritablement accessibles pour les personnes en fauteuil roulant et les poussettes.
Atelier au coffee-shop Mamé le 26 novembre pour faire d’Orléans une ville inclusive et féministe. Crédit : Jeanne Beaudoin.
Sécurité et espace public
Un dernier atelier avait pour thème la sécurité dans l’espace public, c’est-à-dire, « quels aménagements et dispositifs peuvent rendre l’espace public plus inclusif, plus sûr, plus rassurant et plus accueillant pour les femmes et les minorités de genre, de jour comme de nuit ». Les espaces sportifs ont été pointés du doigt : essentiellement occupés par des hommes, comment les rendre plus inclusifs pour que tout le monde puisse les utiliser ? Pour cela, peut-être créer des lieux multisport, « où les gens peuvent jouer avec leurs enfants ou entre eux » plus librement, explique une participante de ce dernier atelier. Mais aussi, penser à « l’inclusivité et au côté pratique » du lieu, avec, par exemple « des casiers à côté des espaces sportifs ou plus de toilettes adaptées avec des porte-manteaux pour mettre son sac à main ». Et pourquoi pas rédiger des chartes de ces lieux sportifs par plusieurs publics, enfants, jeunes et moins jeunes, afin d’en faire de véritables lieux pour toustes.
Pour des espaces publics véritablement sûrs, ce dernier groupe a également proposé de mettre en place le dispositif Angela, qui existe déjà à Bourges. Il permet, lorsque l’on rentre seul-e et qu’on se sent en insécurité, de pouvoir se réfugier dans n’importe quel bar, car « le personnel aura été formé par des associations locales compétentes pour répondre à mon besoin et m’aider à ce moment-là », poursuit une participante. Et puis, pourquoi pas, changer les noms des rues et des places afin d’y mettre des noms de femmes, qu’elles ne soient plus seulement « sur des impasses ».
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