À Montargis, le cœur de ville prépare sa renaissance

À travers une exposition, la mairie de Montargis présente la transformation majeure de la rue du Général-Leclerc. Après l’acquisition de la quasi-totalité des immeubles, la Ville projette une reconstruction destinée à relancer le commerce, créer de nouveaux logements et moderniser les espaces publics, pour transformer durablement le centre-ville.

Sur la place Mirabeau, l’un des immeubles détruits lors des émeutes de juin 2023 a laissé un vide finalement intégré à la future reconstruction du centre-ville – photo Izabel Tognarelli


Par Izabel Tognarelli.


Il y a des projets d’urbanisme qui relèvent du replâtrage, et ceux qui ambitionnent de changer le destin d’une ville. Montargis a clairement choisi la seconde option. Depuis huit ans, la municipalité travaille à une refonte complète de son centre-ville, un chantier hors normes centré sur la rue du Général-Leclerc, artère commerçante qui, au fil des années, s’est vidée et abîmée. Philippe Vareilles, adjoint chargé de l’urbanisme, résume la situation : « Les commerçants partaient sans trouver de remplaçants. Le bâti est plutôt mal entretenu par des propriétaires privés : beaucoup d’appartements sont liés aux commerces du rez-de-chaussée et lorsque les boutiques ferment, l’accès aux logements disparaît avec ».

Le projet, présenté au public par une exposition, promet de réveiller ce quartier, et pas avec une simple couche de peinture.

Un centre-ville malade… et une ordonnance musclée

Tout démarre en 2018 avec la signature de la convention Action Cœur de Ville, puis de l’Opération de revitalisation du territoire (ORT). L’objectif est de redonner du souffle à une rue devenue le symbole d’un centre-ville en perte d’élan.

La municipalité prend alors une décision radicale : acquérir presque toute la rue. Pas quelques bâtiments, mais bel et bien soixante-et-onze immeubles. « Nous avons pris l’option de faire une opération d’ensemble, pas du coup par coup. Cela donnera de la cohérence à ce projet, » poursuit l’adjoint au maire.

À ce jour, 65 ont déjà été achetés. Pour les six restants, un juge des expropriations est appelé à statuer suite à la déclaration d’utilité publique, obtenue en 2024 pour l’ensemble du programme.

Pour absorber financièrement une telle opération (environ 11 M€), la Ville s’appuie sur l’Établissement Public Foncier Local (EPFLI) Foncier Cœur de France, chargé du portage. « La Ville ne pouvait pas assumer seule le coût de l’opération. C’est pour cela que nous avons confié le portage de la totalité du foncier des immeubles à l’EPFLI », précise l’adjoint. La Ville ne paie que les intérêts (de l’ordre de 2 % du capital chaque année), l’établissement public se charge du reste.

Ressusciter un îlot, et non se contenter de colmater des brèches

Ce projet couvre la rue du Général-Leclerc, ainsi que les rues perpendiculaires et parallèles : la rue du Dévidet, la place Girodet, la rue Triqueti, la rue Androuet-Ducerceau et la Cour Jean-Dupont. Derrière les façades, les études ont révélé un enchevêtrement de constructions anarchiques, d’arrière-cours bétonnées et de logements dégradés.

Des équipes d’urbanistes et d’architectes – l’Atelier de l’Ourcq (Paris), A26 (Blois), BMO & Architecture ou encore l’architecte du patrimoine Cyril Boucaud – ont commencé à repenser l’ensemble à l’échelle de quatre secteurs cohérents.

La rue du Général-Leclerc, aujourd’hui marquée par des locaux vacants et des bâtiments vétustes, se trouve au centre d’un vaste projet de rénovation urbaine – photo Izabel Tognarelli

Végétalisation obligatoire et exigences patrimoniales

L’Architecte des Bâtiments de France a son mot à dire, puisque le projet s’inscrit dans le périmètre immédiat de l’église et du château, deux édifices classés : « Ces exigences sont normales, il n’y a rien d’aberrant : cela ne bride pas l’imagination que pourront avoir les architectes. C’est la garantie que ce qui sera fait ne sera pas n’importe quoi, » poursuit Philippe Vareilles.

Le projet suit une ligne directrice : préserver ce qui a du caractère, démolir ce qui est vétuste, puis reconstruire un tissu urbain plus aéré, plus vert, plus vivant. « Nous voulons du végétal, des cours intérieures plantées, des balcons donnant sur des jardins. Les habitants recherchent des îlots de fraîcheur : c’est une attente légitime. »

Pas de boutiques éphémères… pour l’instant

Mais pourquoi ne pas utiliser les locaux vides pour accueillir des commerces temporaires ? « Le propriétaire bailleur, en l’occurrence l’EPFLI, ne peut louer que des espaces conformes aux normes de sécurité et d’hygiène, ce qui impliquerait des remises en état coûteuses pour des bâtiments voués, peu après, à être démolis ou profondément restructurés.  Ce sera envisageable plus tard, dans les nouveaux locaux. »

La Ville projette notamment un passage reliant la rue du Général-Leclerc au parking de la mairie. L’adjoint, en charge de l’urbanisme, nous décrit comment ce passage pourrait potentiellement accueillir ateliers d’artistes, cafés, et offrir une nouvelle respiration piétonne entre la place Girodet et la rue Dorée, l’artère principale.

Les panneaux de l’exposition présentent les pistes et scénarios proposés par des architectes et des urbanistes : il ne s’agit pas encore de plans définitifs – photo Izabel Tognarelli

Appel à projets : les promoteurs entrent en scène

L’exposition coïncide avec le lancement d’un appel à projets. Pour chacun des quatre lots, la mairie envisage de retenir deux groupements d’architectes et promoteurs. Au printemps, après les élections municipales, ils seront invités à présenter des projets précis : plans, coûts et engagements écrits.

Les permis de construire pourraient être déposés fin 2026, pour un début de chantier à partir du second semestre 2027 : « Il va aussi falloir que les promoteurs procèdent à une pré-commercialisation et attendre qu’un certain pourcentage de logements soient réservés pour commencer les travaux. »

Un chantier sur le temps long

« La rue n’est pas abandonnée, elle est en attente », nuance Philippe Vareilles. Le temps long propre à ce type d’opération peut donner l’impression d’une rue figée, mais les étapes préalables – acquisitions, études, procédures – suivent leur cours. Si ce projet parvient à son terme, la rue du Général-Leclerc connaîtra dans les prochaines années une transformation d’ampleur, appelée à modifier durablement le centre-ville.

Informations pratiques

Lieu : 55, rue du Général-Leclerc

Horaires d’ouverture
– Du 26 novembre au 20 décembre :
 • mercredi et vendredi : 16 h – 18 h
 • samedi : 10 h – 13 h et 15 h – 18 h

Contact : contact@montargis.fr

Commentaires

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  1. Ou allons nous trouver l argent puisque les Maires se plaignent de ne pas avoir de moyens.Tous cela sans demander l avis des Habitants
    Le contribuable va encore passer à la casserole.

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