Transition écologique : les collectivités pilotes montent en puissance

Lancé il y a un an par le Conseil régional et onze collectivités pour impliquer 10 000 agents territoriaux dans la transition écologique, le dispositif iTEEnéraire est passé à la phase de co-construction d’une offre de formation adaptée à chaque métier. Mais les petites collectivités ont du mal à suivre le programme très chronophage pour leur personnel. Et les cadres de proximité dont le rôle est essentiel n’ont pas encore été tous formés à la conduite du changement.

D’un territoire à l’autre, l’efficacité avec laquelle le programme de formation iTEEnéraire est déployé varie sensiblement. Photo Pierre Dussin


Par Pierre Dussin.


« Nos collectivités ont un rôle d’exemplarité pour conduire la transition écologique et énergétique (TEE) », rappelle François Bonneau, président de la Région, en introduction de ce forum annuel qui a réuni à Tours le 28 novembre dernier plus de 200 agents territoriaux et salariés du CNFPT et de l’Ademe impliqués dans ce dispositif unique en France. À ce jour, 4 000 agents ont déjà suivi une session de sensibilisation aux enjeux de la TEE et 115 d’entre eux ont été formés pour jouer auprès de leurs collègues le rôle d’ambassadeur des bonnes pratiques à déployer dans les services.

De nouvelles compétences à acquérir

Parallèlement, 20 métiers prioritaires ont été identifiés par les managers (agent des espaces verts, achats, communication, RH, maintenance des bâtiments, travail social…) et 130 ambassadeurs métiers ont participé à une session de cinq jours pour identifier, avec leurs homologues d’autres collectivités partageant le même métier, les compétences à acquérir pour adopter des gestes professionnels en adéquation avec la TEE. « Ces sessions ont donné lieu à ce jour à l’élaboration d’un catalogue de stages tenant compte des besoins exprimés par les participants pour quatre domaines métiers », précise Carine Colson, chargée de mission iTEEnéraire à l’Ademe. « Il s’agit des parcs et jardins, entretien des locaux, entretien/rénovation des bâtiments et commande publique. Pour le métier entretien/propreté, sur les 15 stages proposés désormais par le CNFPT, 7 sont nouveaux et sont le fruit du travail des ambassadeurs métiers ».

Mélina, agent d’entretien et ambassadrice métiers au Conseil départemental d’Indre-et-Loire a apprécié les échanges avec ses collègues lors de cette première session. « Nous avons créé un groupe WhatsApp pour rester en contact. Cette formation m’a fait comprendre que je pouvais moi-même agir en faveur de la TEE et cela donne plus de sens à mon travail. Mais nous avons besoin d’être soutenus par nos chefs car avec l’interdiction des poubelles personnelles dans les bureaux, certains agents ne jouent pas le jeu pour trier leurs déchets dans les containers situés dans les couloirs ».

Noury Nadège, directrice Ville en Transition et Morgane Boscher, DRH, toutes deux agentes de la commune de Saint-Jean-de-Braye (45). Crédit photo Pierre Dussin.

Embarquer les agents dans des microprojets de service

« Nous avons aussi commencé à former les managers de proximité à la conduite du changement », indique Laure-Émilie Angevin, directrice de la mission transformations écologiques à la Région. « Leur rôle est primordial car ils doivent pouvoir embarquer leurs agents dans un projet de service mobilisateur ». Leurs collaborateurs doivent se sentir pleinement associés à ce projet qui va concourir à réduire l’empreinte carbone de leur collectivité ou à aider celle-ci à s’adapter aux risques induits par le changement climatique. Les nouvelles actions à entreprendre sont très variées selon les services et les collectivités. À titre d’exemples : revoir les critères d’attribution des marchés via les clauses environnementales (service achat), revisiter ses process de recrutement (RH), réduire la consommation d’eau (service propreté), favoriser la biodiversité via des oasis dans les écoles (service espaces verts)…

Cécile Dureau, cheffe du service support et référente RH et Christophe Drunat, président de la communauté de communes Terres des Hauts de Brenne. Crédit photo Pierre Dussin

De petites collectivités hyper sollicitées

La communauté de communes Terres du Haut Berry a choisi de présenter iTEEnéraire à ses 115 agents il y a un an lors d’une journée de cohésion. « Tous nos managers et des agents volontaires sont partis trois jours en formation pour devenir ambassadeurs TEE », explique Cécile Durreau, responsable des services supports. « Mais on s’aperçoit que le dispositif est très chronophage. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un ou plusieurs de nos agents soient sollicités et partent en déplacement. Récemment, nos cadres ont participé à un bivouac de deux jours ». « Il faut faire attention car tous les agents ne sont pas convaincus par la démarche et il ne faudrait pas en dégoûter certains en mettant la barre trop haut », souligne pour sa part Christophe Drunat, président de la communauté de communes. Une même tension sur les plannings qui ne sont pas extensibles est observée à Lamotte-Beuvron qui envisage même de recruter une personne dédiée au programme pour y consacrer plus de temps. « C’est vrai que dans une petite commune, les élus sont davantage amenés à faire les choses eux-mêmes sur le terrain », observe Jérémie Godet, vice-président de la Région. « Il est donc nécessaire de les former eux aussi à la TEE et c’est ce que nous réalisons avec le réseau régional Oxygène ».

À Saint-Jean-de-Braye dans le Loiret (485 agents), les élus n’ont pas attendu iTEEnéraire pour lancer une feuille de route dès 2018 vers une administration durable et responsable. Mais de l’aveu même de Morgane Boscher la DRH, « nos ambassadeurs métiers sont souvent un peu bousculés les deux premiers jours de leur formation. Je demande régulièrement à nos managers de veiller à les soutenir et j’essaye de les valoriser moi-même en les faisant participer à l’actualisation de nos fiches métiers et en prenant en compte leur engagement dans le calcul de leur régime indemnitaire (RIFSEEP) ». Le dispositif pourrait donc in fine contribuer à améliorer la mobilité future des agents ayant suivi ce parcours de formation novateur et à accroître l’attractivité des métiers de la fonction publique territoriale.


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Commentaires

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  1. C’est très bien tous ces efforts pour moins polluer et puis patatras un jour ou l’autre sans prévenir on aura au choix : une inondation dont le coefficient sera multiplié par le dérèglement du climat, un incendie idem, une tempête même cause , des effondrements etc .
    Il serait plus judicieux de réfléchir, dans ces structures et partout où nous ( la base, la population ) pouvons nous réunir, à comment sortir de cette impasse provoquée par un système économique qui dans sa racine même est extrêmement polluant. Et surtout mettre en oeuvre ce que nous imaginerons.

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