À Orléans, le 108 lance un appel aux dons pour éviter la fermeture

Depuis plus de vingt ans, le 108 occupe une place unique dans le paysage artistique, culturel et social orléanais. Mais aujourd’hui, son avenir est menacé. Face à un déficit de 35 000 euros et à une baisse des financements publics, l’association Les Ami·es du 108 lance une grande collecte pour préserver cet espace indispensable de création et de lien social.

Mur du 108 rue de Bourgogne. Photo : CG.

 

Par Charlotte Guillois.

 

« Les temps sont durs pour les associations, en particulier pour celles consacrées à la culture et à l’éducation », rappelle Nicolas, un des membres fondateurs de l’association. Le 108 traverse en effet un « moment charnière ». Entre la transformation de la ville, la pression foncière croissante et la hausse générale des coûts, la structure se retrouve fragilisée comme rarement auparavant. Plus que jamais, le 108 a donc besoin de soutien pour éviter la menace de la fermeture.

Depuis 2023, l’association a déjà dû réduire son équipe salariée de six à cinq personnes. Aujourd’hui, c’est le poste de régisseur-animateur de la web-TV du 108 qui se trouve menacé. Une suppression qui ferait tomber l’équipe à quatre salarié·es en 2026 et compromettrait la qualité technique des événements, l’accueil, la sécurité ainsi que l’entretien quotidien du bâtiment.

Une collecte décisive pour l’avenir

Lancée fin novembre sur la plateforme HelloAsso, la cagnotte vise à récolter 35 000 euros d’ici fin janvier 2026. Au-delà de la somme elle-même, l’appel aux dons se veut aussi un outil de mobilisation citoyenne. « Un tiers-lieu, ça peut mourir, et c’est grave. Il ne faut pas sous-estimer ces moments de bascule », appuie Nicolas, en rappelant que la solidarité a déjà permis de sauver d’autres lieux culturels orléanais, comme le cinéma des Carmes dans les années 1990.

Lydie, usagère du lieu et membre de la toute nouvelle association Les Ami·es du 108, explique que cette collecte représente un enjeu vital : elle doit permettre de combler le déficit accumulé, stabiliser la structure et éviter tout licenciement, voire une liquidation judiciaire.

La cagnotte est par ailleurs un enjeu de communication, qui participe à faire découvrir le 108. Elle répond à une question certes financière, mais aussi d’avenir. Au-delà du don, chacun peut contribuer : en participant aux soirées de soutien, en s’investissant dans la vie du lieu, ou simplement en relayant l’appel autour de soi. Dans tous les cas, « il est important de pérenniser le 108, qui a permis de faire émerger des choses incroyables », insiste Nicolas.

Depuis 2003, le lieu offre des salles d’exposition, des ateliers, des studios de répétition musicale, des locaux de danse, un fablab, un café associatif, ainsi que des espaces pour spectacles, concerts, performances, projections et rencontres. Le 108 a vu émerger de nombreux projets artistiques et permis à une soixantaine de structures (associations, coopératives, collectifs) de trouver un lieu de travail, de rencontre et d’expression.

Subventions en baisse : une période d’incertitude

La situation est devenue particulièrement fragile depuis que la mairie d’Orléans a baissé les subventions du 108, passant de 100 000 euros à 80 000 euros. Malgré cela, les Ami·es du 108 relativisent. « Ce n’est pas un assèchement total, la mairie a affirmé qu’elle continuerait à nous soutenir ». Néanmoins, cette diminution a aussi créé des tensions. « Demander les 20 000 euros manquants, ce n’est pas demander la lune ».

Pour la mairie, à quelques mois des prochaines élections, il s’agit d’une période transitoire pour le 108, plus précisément une année d’observation, mais qui questionne les libertés associatives. Gaétan, ami du 108, s’emporte : « Cette période d’observation n’a aucun sens. Ça veut dire que la mairie doute du 108, alors qu’il n’y a pas de doutes à avoir. La confiance doit être mutuelle ».

Ces trois dernières années post-Covid ont été particulièrement dures pour le 108 et le monde associatif en général. « Et on s’en remet à peine » confie Nicolas. Ces difficultés s’inscrivent dans un contexte national tendu pour l’ensemble du tissu associatif. La sortie de la crise sanitaire a laissé derrière elle une fragilité durable : baisse des subventions publiques, augmentation des coûts de fonctionnement, essoufflement du bénévolat. À cela s’ajoutent les incertitudes politiques et économiques qui ralentissent les projets, compliquent les recrutements et rendent la pérennité des structures plus précaire que jamais.

Dans ce climat de tensions, la mobilisation actuelle autour du 108 montre que des solidarités fortes subsistent et que la société civile reste capable de se rassembler pour défendre les lieux qui lui tiennent à cœur.

Le lien de la cagnotte ICI.

 

Plus d’infos autrement :

Associations fragilisées : une conférence-débat pour alerter

Commentaires

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  1. Parlons pour le milieu associatif en général d’une obsolescence programmée; il faut se résoudre à trouver d’autres voies que celles des subventions; système à bout de souffle; décideurs à la ramasse; il est temps de s’émanciper et de retrouver le feu créateur!

  2. Cette annonce me chagrine! quel est le prix de revient de l’exposition de Gilles Capton pour quatre mois à la Collégiale Saint Pierre le Puellier?
    Indépendamment de la qualité de ses œuvres qui n’est pas à remettre en cause, combien coûte cette exposition chaque mois au contribuable orléanais?Qui paie en semaine et le week-end le salaire des salariés qui sont et seront présents pendant 4 mois, si ce n’est la Ville d’Orléans…
    Ce sont des choix politiques: l’artiste n’est pas en cause: la ville fait ses choix en diminuant la subvention au 108, et “en même temps”comme dit notre président Macron,si apprécié de Monsieur le Grouard, Monsieur Gilles Bastide va faire ses choux gras sur les ventes de Gilles Capton…
    Et le service de la Culture de s’incliner, pauvre pot de terre…
    Est-ce normal ?
    Voilà, c’est dit!

  3. Un lieu emblématique de la ville : créatif, pour tous les citoyens, avec des services accessibles pour tous et qui rassemble beaucoup d’initiatives.
    Tout ce qu’il manque à cette ville portée sur le passé ! Que du patrimoine. Quid de l’histoire et de la culture d’Orléans pour demain ?

    Et parlons des subventions : pour le basket (avec des prix de places chères), pour des associations pro-mairie, pour le foot, pour le rugby, etc
    Culture ? Rien ou presque .
    Que veut MR Grouard ? De la sécurité, du patrimoine, du catholicisme, de l’ écologie (n’oublions pas qu’il s’est déclaré comme le premier maire de droite écologiste) mais au rabais avec un élu qui a menti sur ses diplômes, etc

    Comme si ça faisait vivre sa (NOTRE) ville.

    La ville, elle vie avec sa jeunesse, ses créations, ses associations et sa culture d’aujourd’hui .

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