Exceptionnellement, la préfecture du Loiret a ouvert ses salons pour mettre en lumière un enjeu érigé au rang de cause nationale : la santé mentale. Et a offert au public, le temps d’un week-end, une exposition originale des créations des patients de l’Hôpital Daumezon, mises en espace par les étudiants en troisième année de formation « Design des objets » à l’ESAD Orléans.

Exposition d’art brut à la préfecture Orléans. Photo AC Chapuis
Par Anne-Cécile Chapuis.
Une fois n’est pas coutume, et l’ouverture de la préfecture au grand public signe une volonté de mettre la question de la santé mentale au cœur des préoccupations actuelles. Réunir trois institutions était également un challenge dont se sont saisis les services de l’État, l’Établissement Public de Santé Mentale Georges Daumezon (EPSM) et l’École Supérieure d’Art et Design d’Orléans (ESAD).
Une exposition tout en contrastes

L’art brut des patients du Centre Daumezon dans une scénographie des étudiants de l’ESAD. Photo ACC
C’est une exposition tout en contrastes qui a été proposée au public orléanais le week-end des 6 et 7 décembre. Entre le faste des salons « Empire » de la préfecture et les créations contemporaines, entre les œuvres détaillées et parfois torturées des patients et le dépouillement des structures en bois conçues par les étudiants, entre l’anonymat des artistes qui ont privilégié le collectif et la notoriété conférée par le lieu, l’exposition retient le regard et l’attention.
Une créativité exacerbée
Les œuvres sont variées, colorées, et interpellent le visiteur. Travaillées au sein de la structure hospitalière, elles ont permis aux patients fréquentant les divers ateliers une démarche collective où chacun y met une part de son ressenti. Plusieurs supports sont utilisés, comme la céramique, la peinture, le land art, la récupération… Les mots parfois surlignent la création, véritables cris du cœur qui témoignent ou interrogent.

Création collective des artistes du centre Georges Daumezon. Photo AC Chapuis
Parmi les œuvres, quelques célèbres fusils d’André Robillard, artiste d’art brut reconnu, destinés à « tuer la misère » comme il se plaît à le répéter.

André Robillard était présent au vernissage de l’exposition à la préfecture le vendredi 5 décembre 2025. Photo AC Chapuis
Une démarche de l’ESAD vers l’EPSM
Onze étudiants de l’ESAD ont travaillé sur le projet avec leur enseignant Olivier Soulerin. Ils ont rencontré les ateliers d’expression artistique de l’établissement Daumezon, ont choisi les pièces et ont cherché une mise en espace qui fasse lien entre le cadre et les œuvres. Ils ont opté pour des structures légères en bois, construites avec l’atelier bois de Joris Christolomme.

Une représentante des 11 étudiants de l’ESAD au micro, avec Sophie Brocas, préfète de la région et du Loiret (à G), Jean-Yves Boisson, directeur de l’EPSM et Béatrice Barruel, présidente de l’ESAD. Photo AC Chapuis
Sophie Brocas, préfète de la région Centre-Val de Loire et du Loiret affirme l’intérêt d’un tel projet qui doit « ouvrir le débat, créer du lien et permettre de regarder le monde autrement » quand la porte-parole des étudiants souligne une expérience forte car « parler de santé mentale signifie reconnaître ce qui fait notre vulnérabilité ».
Pour en savoir plus :
www.epsm-loiret.fr
www.esadorleans.fr
Plus d’infos autrement :
Culture et santé mentale : soigner autrement à Orléans