Un cirque dans un théâtre ? C’est normal. Cirque Éloize propose un spectacle musical sans paroles qui raconte la ville avec des prouesses athlétiques. Chaque numéro est replacé dans l’esthétique choisie par le décor somptueux, et les pratiques artistiques urbaines complètent les exploits physiques. Une superbe réalisation rare et appréciée.
Même les vélos sautent à la corde. Photo Valérie Remise.
Par Bernard Cassat.
Le somptueux décor, mi-réel, mi-projeté, se révèle sous nos yeux. La ville, style New York, la ville verticale, la ville complexe, sonore, rythmée. Toute la troupe commence par s’y installer, s’y promener, pour que le spectacle ait un lieu qui détermine l’histoire. Dans cet environnement urbain, des groupes de jeunes se défient avec des gestes, des attitudes de breakdance, et nous font rentrer par leur chorégraphie énergique dans une comédie musicale sans parole.
Mais avec des prouesses de cirque. Car la troupe est d’abord circassienne. Les numéros, comme on disait dans les cirques d’autrefois, sont ici intégrés dans un déroulement unifié par cette ambiance. Chaque spécialité y trouve sa place, et des intermèdes judicieux permettent l’ajustement du plateau pour passer de l’une à l’autre. On ne quitte jamais cette esthétique de la ville, de l’art de la rue.
Les arts de la rue. Photo Ramiro Coloma.
Chaque spécialité, au fond, est déjà connue. On a déjà tous vu un numéro de sangle aérienne ou de cerceau. Mais la grande réussite du Cirque Éloize, c’est de les replacer dans le décor, dans cette idée constante de raconter la grande ville moderne.
Le mât chinois. Photo Valérie Remise.
Alors il y a le mât chinois autour duquel une étrange danse collective se déroule pour soutenir l’athlète qui réalise ses acrobaties. Il y a une contorsionniste qui apparaît plusieurs fois, dans des moments d’échanges vigoureux ou plus romantiques avec des partenaires. Il y a la fille au cerceau, nouveau trapèze, qui virevolte dans les airs. Il y a la roue Cyr, que l’on a déjà vue dans d’autres cirques, mais là, elle est éclairante et entourée de tout le reste de la troupe. Il y a un jongleur, pris dans les constructeurs de la ville, qui s’amuse à exercer son art sur des vitres. Ce qui donne une dimension supplémentaire à son agilité avec un humour plus efficace que certains clowns.
La roue Cyr lumineuse. Photo Caroline Thibault.
Et il y a aussi quelques spécialités rarement exploitées au cirque. Comme le bike-trial. Trevor Bodogh, sur son petit vélo sans selle, poursuit dans la salle un de ses complices, passe de plot en plot jusqu’à monter sur un échafaudage, ou s’amuse à sauter par-dessus un spectateur courageux monté sur scène et allongé au sol. Tout est là, la prouesse technique et physique, l’interaction avec le public, l’énergie du rythme de la musique, les encouragements de la troupe et ceux de la salle.
Un moment tendre avec la contorsionniste. Photo Valérie Remise.
Et puis un moment extraordinaire de trampoline, où presque toute la troupe vole en l’air, se jette depuis les cintres, rebondit et remonte aussi vite, se jette à nouveau, l’un succède à l’autre, puis un troisième, dans une énergie incroyable qui se joue de la pesanteur.
Ce cirque tout à fait particulier propose un spectacle cohérent dans une mise en scène réglée au petit poil. Les athlètes, car tous les membres de la troupe le sont, s’amusent comme des petits fous. La bande son pousse tout ce petit monde avec une vigueur constante, irrésistible. Et la salle Touchard, archi-comble pour cette première représentation, n’a pas résisté, réagissant avec plaisir à toutes les sollicitations. Un très bel échange pour une soirée magnifique.
« ID Evolution » par le Cirque Éloize
Il reste des places pour les représentations du vendredi 12 décembre (20h30) et du samedi 13 décembre (19h).
Billetterie ici
Photo Caroline Thibault
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