Le jeudi 11 décembre, la préfecture du Loiret a inauguré l’exposition « J’peux pas, j’combats l’ignorance ! » portée par la Licra Loiret. Destinée aux collèges, lycées et institutions, elle vise à armer les jeunes contre le racisme, l’antisémitisme et le harcèlement, en rappelant que la haine n’est jamais une opinion.

Panneaux de l’exposition expliquant comment lutter contre la haine. Photo : CG.
Par Charlotte Guillois.
L’exposition « J’peux pas, j’combats l’ignorance ! », née des interventions de la Licra dans les établissements scolaires, répond à une réalité constatée au quotidien : chuchotements sexistes, remarques homophobes, propos racistes, stéréotypes banalisés… Autant de signaux qui, cumulés, composent un paysage inquiétant. « Les jeunes ne se rendent même pas compte que certaines phrases constituent un délit », réagit Joëlle Gellert, directrice de la Licra Loiret.
C’est précisément pour informer et faire prendre conscience que l’association a imaginé un parcours pédagogique pensé pour frapper les esprits. Composée de plusieurs panneaux, l’exposition soutenue par l’État et la Région Centre-Val de Loire a été conçue pour être lisible, inclusive et engageante, avec des illustrations fortes et des QR codes audio à destination des personnes malvoyantes ou des enfants ne sachant pas lire. Les graphistes insistent sur ce point : « Il fallait parler aux jeunes dans leur langage pour être impactant. »
Trois grands thèmes structurent le parcours : l’antisémitisme, le racisme et le harcèlement lié au genre. À ces thèmes s’ajoute la haine en ligne, traitée dans le livret pédagogique, un fléau qui participe à amplifier les violences et normaliser le harcèlement.

Mariam Pontoni, directrice de cabinet de la préfecture, rappelant la définition de la laïcité. Photo : CG.
La laïcité au cœur du message républicain
Cette inauguration s’inscrit dans la Semaine de la laïcité, qui marque cette année les 120 ans de la loi de 1905. Une date hautement symbolique que Mariam Pontoni, directrice de cabinet de la préfecture du Loiret, n’a pas manqué de rappeler. « La séparation des Églises et de l’État garantit à chacun la liberté de croire ou de ne pas croire, dans le respect d’autrui », insiste-t-elle.
Face aux actes antireligieux, au racisme et aux discriminations qui augmentent dans le Loiret comme ailleurs, Mariam Pontoni affirme la nécessité d’une mobilisation collective. Soutenue à hauteur de 2 500 euros par la préfecture, l’exposition pourra circuler largement, dans les collèges, lycées, écoles primaires, universités, mairies et médiathèques.
La laïcité y est présentée comme un outil d’émancipation et de dignité humaine, non comme une arme de division. Ce rappel est crucial, à l’heure où certains discours instrumentalisent la notion pour exclure ou stigmatiser au nom d’une prétendue défense de la République.

Joëlle Gellert, directrice de la LICRA, rappelant les piliers de la LICRA : prévention, éducation,
information. Photo : CG.
Prévenir plutôt que punir
La Licra réaffirme son credo : la lutte contre la haine ne peut être seulement judiciaire. Prévention, pédagogie et éducation restent les piliers d’une action durable. « Il faut enseigner aux jeunes à décoder, à réagir, à refuser la banalisation », insiste Joëlle Gellert. L’exposition entend justement donner des outils concrets : savoir signaler une injure ou une discrimination, comprendre que la haine n’est pas un simple avis, identifier les mécanismes de stigmatisation et apprendre à ne pas rester silencieux.
Les institutions, comme le rappelle Mariam Pontoni, comptent multiplier les actions : interventions de policiers et gendarmes dans les écoles, ateliers théâtre, rencontres sportives, formations au respect et à la citoyenneté. Une dynamique rendue possible grâce au soutien de partenaires comme la DILCRAH, la Région Centre-Val de Loire ou la Préfecture du Loiret.
Un geste citoyen dans un climat politique préoccupant
L’inauguration de cette exposition intervient à un moment où les tensions identitaires se multiplient : antisémitisme en hausse, actes anti-religieux en recrudescence, discours racistes décomplexés, complotisme rampant… Et ce contexte local résonne avec une situation plus large : la montée de l’extrême droite en France et dans le monde, portée par des rhétoriques qui opposent plutôt qu’elles n’unissent, qui désignent plutôt qu’elles n’expliquent, qui accusent plutôt qu’elles ne construisent. Les fractures sociales et économiques nourrissent les replis identitaires, tandis que la haine en ligne démultiplie les discours de rejet.
Face à cette bascule inquiétante, l’exposition de la Licra Loiret apparaît comme un acte de résistance citoyenne, modeste mais essentiel : rappeler la force du savoir, la nécessité du discernement, l’importance de la loi, et surtout, la responsabilité individuelle de ne jamais céder ni à l’indifférence, ni à l’ignorance.
Parce que la démocratie ne se défend pas seulement dans les urnes, mais aussi dans les salles de classe, les lieux de culture, les clubs sportifs, et dans chaque geste du quotidien qui refuse la haine pour affirmer la dignité humaine.
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