La divine fève, de la médecine au plaisir

Obtenu à partir d’un arbre aujourd’hui menacé par le changement climatique, le chocolat était à l’origine un médicament pour devenir une friandise. Avec les fêtes de fin d’année, les ventes de chocolat explosent. Les Français en consomment 7,3 kg par personne et par an. Entre croyances et bienfaits avérés, le chocolat tient-il toutes ses promesses ?

Cabosse et ses fèves (cliché Pixabay)


Par Jean-Paul Briand.


Le chocolat se fabrique à partir des fèves contenues dans les fruits, les cabosses, du Theobroma cacao, ou cacaoyer. C’est un petit arbre tropical qui pousse à l’ombre des forêts humides. Ses origines remontent à plus de 5 500 ans avant notre ère, lorsque les Mayas puis les Aztèques vénéraient ses fèves au point d’en faire monnaie et une boisson rituelle réservée aux élites et aux dieux. Cet arbuste doit son nom scientifique à Carl von Linné qui, en 1735, le baptise « breuvage des dieux » (« theos » signifiant dieu et « broma » breuvage) en hommage à une légende aztèque : le dieu Quetzalcóatl aurait offert le cacao aux hommes.

Une production menacée

Le bruissement des feuilles du cacaoyer rappellerait le froissement des billets de banque et des empires financiers se sont bâtis sur les fèves. L’industrie chocolatière pèse 81 milliards d’euros par an, avec des géants comme Mars Incorporated dont les héritiers figurent parmi les fortunes les plus colossales du monde. La filière cacao est marquée par des anomalies délétères : salaires de misère, travail des enfants (284 000 enfants en Afrique de l’Ouest, payés moins d’un euro par jour) et déforestation. Les cultures de cacaoyers nourrissent encore 6,5 millions de fermiers à travers le monde mais aujourd’hui ces cultures sont attaquées par les maladies et le changement climatique. 

Un aliment complexe

Le chocolat a longtemps été considéré comme un médicament. Le cardinal de Richelieu l’utilisait contre ses « vapeurs de rate », autrement dit, ses périodes de « déprime ». Aujourd’hui, la science s’intéresse particulièrement au chocolat noir, riche en polyphénols et flavanols, des composés aux effets neuroprotecteurs. Des études suggèrent que le chocolat aurait des bienfaits cardiovasculaires, qu’il pourrait ralentir le déclin cognitif lié à l’âge, améliorer la mémoire, et même réduire les risques de maladies comme le Parkinson ou la maladie d’Alzheimer. Il est riche en tryptophane, précurseur de la sérotonine qui agit dans la régulation de l’humeur, de l’alternance veille-sommeil, de la libido et de la vigilance. Le chocolat noir est ainsi un allié contre le stress et la dépression. C’est un aliment complexe et sa teneur en sucre et en matières grasses peut faire craindre un risque d’obésité en cas de consommation coutumière. Pourtant, des études montrent que les consommateurs réguliers de chocolat noir (à plus de 70 % de cacao) ont souvent une masse grasse faible. Il est vrai que le chocolat noir a un index glycémique peu élevé, ce qui le rend consommable par les diabétiques, mais avec modération.

Un effet placebo amoureux

Nombreux sont ceux qui espèrent dans les pouvoirs aphrodisiaques du chocolat puisqu’il est dit que l’empereur aztèque Montezuma (1466-1520) en buvait des dizaines de tasses avant de rejoindre son harem. Pourtant, les scientifiques modernes sont sceptiques : l’effet « aphrodisiaque » venait plutôt des épices ajoutées et surtout de l’atmosphère câline durant la dégustation précédant les ébats. Un effet placebo amoureux en quelque sorte…

Partageons ce plaisir sans culpabilité

Le chocolat est bien plus qu’une simple friandise. C’est un aliment plaisir, associé à la convivialité et au partage. C’est parfois un réconfort. Durant les fêtes, c’est un rituel, souvent un cadeau. En France, on le savoure en tablette, en truffe, en ganache, en boule ou en mousse, mais assez souvent avec prudence et hésitation, à tort si l’on en croit les dernières recherches. Pour en retirer tous les bienfaits, mieux vaut privilégier le noir, riche en cacao et, si possible, le consommer raisonnablement : 20 g par jour suffisent.

Alors, durant les fêtes, offrons-nous et partageons ce plaisir sans culpabilité, en gardant à l’esprit que le vrai luxe, c’est de savourer.

« Si neuf personnes sur dix annoncent aimer le chocolat ; la dixième, qui ne le dit pas, ment »


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Commentaires

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  1. En complément de ce succulent article on peut lire avec profit dans REPORTERRE du 23 décembre un reportage consacré au chocolat où on apprendra que 1500 des 1700 fabricants de chocolat ne commencent pas leur travail de création du fameux chocolat avec les fèves mais reçoivent directement du chocolat dit ” de couverture” sous forme de pâte de cacao dont la provenance et les conditions de torréfaction pour les fèves sont incertaines.

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