Après avoir investi dans une agence d’attractivité voici huit ans, le Département continue d’afficher une politique volontariste. Indre 2030, c’est un investissement de 100 millions d’euros sur cinq ans pour financer des projets structurants.
Le Département, l’État, la Région et l’agence d’attractivité (de droite à gauche) étaient à la manœuvre pour présenter Indre 2030. Photo PB
Par Pierre Belsoeur.
Voici cinq ans, on sortait de la première vague de Covid et l’Indre se projetait à l’occasion d’une grand-messe dont ses responsables sont friands, dans un avenir forcément plus attirant. Une voisine ministre avait même fait le déplacement du Loir-et-Cher pour porter « l’Agence d’Attractivité de l’Indre » sur les fonts baptismaux au Centre national de tir sportif. Cinq ans plus tard, c’est la Cité du Numérique qui servait de décor à l’assemblée générale de cette même agence, puis à la présentation des 21 projets structurants destinés à lutter contre l’affaiblissement démographique du département.
Moins de jeunes et de médecins en 2040
Les statistiques sont implacables en matière de démographie. L’Indre perd annuellement 0,5 % de sa population et se retrouvera à 200 000 habitants en 2040 (contre 215 000 aujourd’hui) si on compte seulement sur le renouvellement naturel de cette population. Parallèlement, avec 110 médecins généralistes pour 100 000 habitants (contre 146 en moyenne nationale) et des généralistes dont la moyenne d’âge approche des 60 ans, l’Indre est un désert médical. Et comme elle ne compte que 1 % d’étudiants (contre 4,4 % en France), la population active risque de chuter dans les prochaines années.
Face à ce constat, soit on baisse les bras et on accepte de devenir une Creuse bis, soit on se bat pour attirer des entreprises et donc des travailleurs qui viendront, avec leurs familles relancer démographiquement un département auquel sont attachés 85 % de ses habitants. Un département où il fait bon vivre – si on n’est pas malade – où le foncier industriel est abondant et les prix de l’immobilier ridiculement bas.
Une liaison ferroviaire Châteauroux-Tours ressuscitée
Au temps de l’automobile triomphante, on a laissé péricliter la liaison ferroviaire entre Châteauroux-Loches, comme bon nombre de dessertes locales. La différence c’est que les rails sont toujours en place, que la voie a été rénovée entre Châteauroux et Buzançais pour les besoins d’une entreprise de stockage de grain installée à Argy. La Région a remis en état la liaison voyageurs Loches-Tours, rétablir la circulation des voyageurs est le point numéro 1 du programme, même si ses promoteurs savent que cette liaison ne sera pas effective avant la fin des années 2030. En attendant, ils gardent un œil attentif sur le chantier de la ligne POLT et l’arrivée des nouvelles rames en 2027.
Une ligne électrique pour le centre de données
En même temps que le projet de centre géant de stockage de données de Google avance, il faut assurer son alimentation en électricité, avec l’installation d’une nouvelle ligne à très haute tension entre le barrage d’Éguzon et le centre de Marmagne (18), ligne qui desservira la zone d’Ozans où Google doit s’installer, via une filiale, sur 138 ha. Ce même projet industriel comprend également le développement de la cité aéronautique sur l’aéroport de Châteauroux-Déols. Dans les deux cas il s’agit de créer des emplois, mais aussi de constituer des pôles d’attraction pour de nouvelles entreprises.
Une légumerie conserverie pour valoriser la production agricole
Au chapitre agroalimentaire, le premier dossier concerne la laiterie de Varennes, usine ultra-moderne qui conditionne le lait mais aussi bien d’autres liquides alimentaires. Elle a besoin d’encore grossir et Indre 2030 lui permettra d’obtenir des aides pour boucler son financement. En revanche le projet d’une légumerie conserverie départementale est un projet tout neuf qui permettra de fournir des produits sourcés aux collectivités (établissements d’enseignement, maisons de retraite) en assurant des débouchés aux producteurs locaux.
La laiterie ultra-moderne de Varennes a besoin de continuer de s’étendre. Un des chantiers d’Indre 2030. Photo PB
La valorisation des produits issus de la biomasse est également à l’étude dans un département qui compte déjà neuf sites de méthanisation assurant 20 % des besoins en gaz du département.
Une concertation des élus et des professionnels
Ces vingt et un articles concernent également le tourisme (ouvrir un pôle d’hébergement et de restauration au sein du château de Valençay, gérer et capitaliser sur les flux touristiques liés au sanctuaire de Pellevoisin), l’enseignement, avec le développement d’une école internationale de Composition de Musique à l’Image (un gadget qui provoque un engouement étonnant de la part des élus de tous bords), et plus sérieusement d’une école d’ingénieurs privée (c’est le conseil du cabinet Asterès qui a dégagé les perspectives économiques sur lesquelles s’appuient les réflexions des élus).
Ils ont été élaborés au terme d’une série de réunions de commissions dans lesquelles un large panel départemental a pu siéger. Siéger mais pas forcément être entendus car un certain nombre de « petits maires » ont eu le sentiment qu’ils n’étaient là que pour valider des choix qui les dépassaient.
Et puis Nicolas Bouzou, le fondateur d’Asterès leur a fait regarder l’avenir avec des lunettes roses. C’est tellement agréable, même le temps d’une soirée, de s’entendre dire que l’Indre a tellement de capacités qu’il n’est pas envisageable qu’Indre 2030 n’inverse pas la tendance. Il a prévu un millier de véhicules autonomes pour résoudre les problèmes de déplacements en 2030 ! Rendez-vous dans cinq ans.
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