Comme prévu, à 13h, la manifestation pour tous s’est ébranlée place de l’Ecole militaire Bien que les participants aient du mal à le reconnaître le président de la République avait réaffirmé publiquement la veille que chacun était libre de manifester son opinion dans la rue, que c’était un droit constitutionnel. 
Dans un froid vif mais sous un grand soleil hivernal une forêt de drapeaux, bleu rose et blanc layette, d’autres tricolores avançaient le long des grandes artères parisiennes de la rive gauche, tirant un immense cortège, 500 000 personnes au moins selon les organisateurs, 80 000 selon la police, jusqu’à la place Denfert Rochereau point de dispersion
Sur ordre du ministre de l’Intérieur craignant des débordements analogues à ceux qui ont accompagné la dispersion de la semaine précédente dans laquelle les organisateurs de la manifestation pour tous disent ne pas se reconnaître, une forte présence policière avait été requise renforcée par le propre service d’ordre des manifestants, très efficace et très rigoureux. Reconnaissables à leurs tee-shirts rouges, ces bénévoles étaient accompagnés d’autres en tee-shirts jaunes qui avaient en charge l’accueil, de d’autres en tee-shirts verts installés en rang d’oignons au point comptage et quête pour participation aux frais incontournables en travers de la chaussée au métro Duroc
Prudence et détermination
Au premier abord la France opposée au mariage pour tous, celle-la même qui avait occupé le pavé au printemps dernier effectuait un second tour. Comme deux familles orléanaises avec poussettes et dix enfants, comme d’autres berrichonnes, les manifestants avançaient brandissant des pancartes dont certaines annonçaient leurs départements ou villes d’origine : Dordogne, Bretagne, Parthenay, Normandie, Marcq-en-Baroeul, Nîmes, Angers. Comme au printemps les slogans fusaient : “Hollande ta loi, on n’en veut pas !” ou “Peillon démission !”.
Mais beaucoup moins de politiques, de grands élus en tête de manifestation et aucun leader national.A côté du député UMP des Yvelines, Jean-Frédéric Poisson, marchaient Thibault Coulon, élu de la région Centre, ex UMP et soucieux d’incarner la droite tourangelle et Charles-Eric Lemaignen, président de l’agglo orléanaise, tous deux « fidèles à leurs idées et prêts à les affirmer ». Le maire d’un petit village bourguignon était sur la même ligne, « contre le mariage homosexuel, qui refuserait d’en célébrer un si cela se présentait ». Il ne souhaitait pas donner son nom. « Je suis en campagne », a-t-il prétexté. Beaucoup de participants dont des familles orléanaises ne souhaitaient révéler leur identité et parler à la presse qui « fait tout le temps de la désinformation »
La familiophobie dans la manifestation
En ce début de mois de février, les revendications ne sont plus centrées seulement sur le mariage homosexuel. Elles englobent ce que les manifestants appellent “la familiophobie” du gouvernement:, c’est à dire le futur projet de loi sur la famille, la PMA, la “diffusion du genre à l’école”, la “réduction du congé parental, de la fiscalité contre les familles”… “Il est temps de mettre un terme à tous ces projets LGBT et anti-famille que prépare le gouvernement dans la foulée de la loi Taubira”, disaient les manifestants reprenant les propos postés par l’Association organisatrice sur son site. précisant aussi continuer à demander l’abrogation de la loi sur le mariage pour tous, plus de six mois après son adoption Ludivine de la Rochère, leur organisatrice souhaite « donner à ces deux manifestations (lyonnaise et parisienne) une dimension “européenne”. “Des manifestations seront organisées simultanément dans d’autres capitales européennes”, a-t-elle annoncé avec pour but: protester contre le rapport Lunacek contre l’homophobie qui sera en discussion au Parlement européen le 4 février prochain.. Ces revendications ne conviennent pas à Frigide Barjot Pour l’ancienne égérie de la “Manif pour tous”, “on ne mélange pas droit de l’enfant et fiscalité”.
Angoisse et crispations
La France la plus traditionnelle se trouve bousculé dans ses convictions. Cela entraîne chez certains une perte d’identité qui les pousse à manifester. Ils peinent à trouver leur place dans la nouvelle société française, en pleine mutation, ouverte sur le monde. S’il est impossible de revenir en arrière, leurs croyances méritent respect et considération. D’où les hésitations de l’UMP et même du Front national qui a du mal à faire de la récupération. Si François Hollande et le gouvernement ne veulent pas que cette angoisse et ces crispations diverses coagulent, il faut un retour de la croissance et surtout une diminution du chômage.
Françoise Cariès