Dans le cadre des projets d’actions artistiques et culturelles que soutient la Scène nationale d’Orléans, l’artiste Gérald Kurdian met en scène 15 salariés de Thélem Assurances dans Les Iles Artificielles, une comédie musicale de proximité. L’idée ? Raconter in situ leur quotidien dans l’entreprise. Une œuvre entre composition musicale et documentaire qui sera projetée au Théâtre d’Orléans le 11 mars prochain.
17 février, 19h30, dans les bureaux du siège de Thélem Assurances à Chécy. Dans la salle de réunion Julie et Sylvain répètent leur duo juste après Isabelle, Guillaume et Julien, les trois solistes de la comédie musicale : « Tu te thermorégules, tu m’avales à la paille, sous l’épaisse canicule sur une banquette en sky… ». « Essaye de le penser chaloupé », conseille Gérald Kurdian à Sylvain. Casque sur la tête et perche-son en mains, l’artiste, programmé en avril au Soirées Performances de la SNO avec La Solidité des Choses, donne le rythme et accompagne les deux chanteurs en herbe dans l’enregistrement de leur voix sur la chanson Rio. Comme 13 autres salariés de Thélem Assurances, les deux jeunes ont choisi de se lancer dans l’aventure : « Une aventure artistique que je n’aurais sans doute jamais eu l’occasion de faire autrement », témoigne Julie, chargée d’études statistiques. J’ai trouvé intéressant de chanter, danser… Le thème aussi m’a plu ».
Faire du monde de l’entreprise un sujet artistique. L’idée, en soi, n’est pas nouvelle (l’univers est souvent utilisé au cinéma et au théâtre). Mais l’approche qu’a voulu faire Gérarld Kurdian est, elle, originale : réaliser une comédie musicale sous forme de documentaire à partir des histoires des salariés racontées dans leur lieu de travail. « L’idée est de suivre la journée de salariés et de la restituer sous un aspect métaphorique, explique l’artiste. Pour cela, je leur ai demandé de faire une liste hyper détaillée d’une journée type de sorte à ensuite matérialiser leurs idées. Sachant que la difficulté est de montrer les règles sociales du monde de l’entreprise et comment l’humain y apparait et prend ses espaces ».
Vivre la construction d’une comédie musicale
Ainsi, à partir des témoignages de ces salariés, Gérarld Kurdian a écrit trois chansons et une qu’il a adaptée. Rio, par exemple, est le résultat de divagations : qui n’a jamais décroché et pensé à autre chose en pleine réunion ? « Les palmiers sur les fonds d’écran… et c’est le tropicalisme à fond ! », lâche l’artiste, sourire aux lèvres.
À deux pas de la salle des Tilleuls, un autre enregistrement se joue. Dans le restaurant de l’entreprise, Patrick et Thomas partagent un dîner aux chandelles. La suite de la scène de la réunion que dirigeait Thomas et où Patrick le surprend en train de regarder une jeune femme… Jaloux ?
À eux maintenant d’exprimer la scène en chantant la suite de Rio. Pour les aider à placer leur voix, un smartphone diffuse la musique en fond : « Est-ce que vous entendez le tempo ? ». Zacharie, à la vidéo, tourne la suite des images. Problème : Patrick a un trou de mémoire, et un autre et encore un autre. « C’est une cata ! », désespère l’adjoint au Directeur de la Direction Offres et Services aux Clients qui finalement aura recours à l’indispensable aide-mémoire papier. « C’est un vrai challenge ! J’avais hésité à participer à cette comédie musicale : je ne chante pas très bien et je n’ai pas une bonne mémoire. Mais la curiosité m’y a poussé, c’est intéressant de voir comment ça se construit et de vivre cette construction de l’intérieur ». Il est 21h. L’heure pour d’autres salariés de rejoindre un autre atelier et d’enchaîner une répétition de la scénographie. Résultat le 11 mars au théâtre d’Orléans, date de la projection de cette composition musicale qui dévoilera, grandeur nature, le portrait, en chansons et in situ, de salariés qui, le temps de quelques soirs, auront goûté aux coulisses du milieu artistique. De quoi peut-être susciter des vocations.
Estelle Boutheloup
http://www.scenenationaledorleans.fr/