On embarque un peu à contre cœur avec ce capitaine/monsieur Loyal qui nous accueille avec une série de jeux de mots-calembours dont même la Croisière s’amuse n’aurait pas voulu, et puis changement de registre à vue, André Dussolier se fait trompettiste et, avec son charme et son génie, nous montons avec lui à bord de cette traversée de l’époque des paquebots transatlantiques où se côtoient sans se mêler, la frivolité d’une bourgeoisie qui s’amuse follement et le rêve des migrants qui fuient la misère de l’Europe. Et c’est parmi ces pauvres que naitra Novecento, nouveau né abandonné sur le piano du salon des premières classes dans une boite en carton que découvrira le marin qui lui donnera son nom (Danny Boodmann T.D. Lemon Novecento) et l’élèvera à bord du Viginian.
Et la musique reprise sur scène par quatre musiciens de talent vient en écho au récit du trompettiste Dussolier, avec ces ragtime au swing nostalgique, qui vont nous faire vibrer au son d’une musique qui eut le génie de l’universalité en unissant tous les ponts du navire. Pas étonnant alors que Novecento qui grandit entre la cale et les ponts de ce paquebot “melting pot”, fasse de cette musique son langage à bord, en y consacrant la virtuosité d’un pianiste de légende, au point de ne plus pouvoir quitter le roulis de ce navire !
Une joyeuse et divertissante croisière, mais où, malgré le talent et l’énergie des protagonistes, le récit au troisième degré du narrateur qui nous parle du trompettiste qui a lui-meme rencontré Novecento, peine à faire surgir une véritable émotion durant cette sage traversée des années folles, un peu trop sans histoire.
Gérard Poitou
“Novecento” d’après un texte d’Alessandro Baricco
Mise en scène André Dussolier / Pierre François Limbosh
Jeu André Dussolier
avec au piano Elio di Tanna, trompette Sylvain Gontard / Gilles Relisieux, batterie Michel Bocchi, contrebasse Olivier Andrès
au CADO Théâtre d’Orléans jusqu’au 29 janvier (voir Magcentre)