Par Gérard Hocmard
Nous avons été quelques millions de lecteurs privés hier de leur canard favori, qu’il s’intitule Figaro, Parisien ou Libération. On n’avait le droit de lire que L’Humanité, journal d’un certain Jean Jaurès surnommé « l’acrobate » dans son cimetière et qui ne doit sa survie qu’aux subventions allouées à la presse. Incidemment celles-ci, destinées à favoriser la pluralité d’expression des opinions, proviennent de l’argent des impôts des salauds de contribuables.
Tout cela pour quoi ? Parce que L’Humanité était le seul organe de presse – quelle surprise ! – à avoir accepté de publier un communiqué de la CGT contre la loi Travail et que tous les quotidiens qui n’acceptaient pas de le faire — pour leur honneur — ont vu leurs éditions bloquées par ses « gros bras » du Syndicat du Livre. En Italie, sous le fascisme on aurait dit ses « nervis ».
Sans jeu de mots, cela s’appelle un diktat et comme on le sait depuis toujours, les diktats sont le propre des dictatures. On pourrait même dire que l’action en question relève du fascisme ordinaire si le mot n’était réservé aux dictatures de droite, celles de gauche étant connues sous le nom de « démocraties populaires ». Ce diktat éclaire en tout cas l’idée que l’on se fait à la CGT de la démocratie et de la liberté de la presse.
On voit bien ce qui défrise les moustaches de M. Martinez (et accessoirement les crans de M. Mailly) ou hérisse la chevelure de M. Cambi. L’article 2 d’une loi Travail passablement vidée de sa substance vise justement à desserrer l’étau d’une dictature syndicale dont la capacité de nuisance est inversement proportionnelle au nombre de syndiqués. Dans des pays voisins que l’on ne peut pas soupçonner de ne pas être démocratiques, le taux de syndiqués dans la population est beaucoup plus important et les instances syndicales sont des forces de proposition. Mais en France, où ce taux est ridiculement bas, la raison d’être des centrales est de s’opposer à tout d’emblée et par principe afin d’entretenir un mécontentement dont elles attendent qu’il qui leur attire des adhésions.
En attendant, les usagers des transports publics galèrent, les personnes amenées par leur profession à devoir circuler en voiture font la queue devant les pompes à essence, l’hôtellerie et la restauration enregistrent les annulations et renoncent aux embauches d’emplois d’été qui auraient peut-être rendu service aussi aux enfants des syndiqués. Les agences de voyage constatent la désaffection des touristes étrangers, peu désireux de venir dépenser leur argent créateur d’emplois pour se retrouver pris dans un climat d’incertitudes, de violence et éventuellement d’attentats… Comme si notre économie et une dette nationale colossale avaient besoin de cela ! Quant à l’image à l’étranger d’une France incapable de se réformer et préférant la violence au dialogue et à la négociation, n’en parlons pas.
Mais de tout ce gâchis, la CGT n’a cure. L’important, c’est de montrer ses muscles pour faire monter les enchères face aux syndicats rivaux et éventuellement leur faire la peau. Alors, la démocratie et ce qu’elle implique en fait d’acceptation des différences d’opinion, vous pensez bien qu’elle ne va pas s’en embarrasser.
Gérard Hocmard