
par Gérard Hocmard
On ne s’était pas vus depuis longtemps. On ne s‘est en fait vus qu’une fois. Par hasard. Il y a cinquante ans. Je marchais nez au vent à Londres, ai tourné un coin de rue un peu vite et suis venu me planter, nez à la hauteur de son sternum, dans un colosse noir.
Avant que j’aie eu le temps de dire « Peter Robinson » (c’est comme ça qu’on dit « Ouf » en anglais), deux types qui marchaient derrière lui se sont précipités vers moi. J’ai compris qu’il s‘agissait de gardes du corps et, en levant la tête… bon sang, mais c’est bien sûr… c’était Cassius Clay, venu dans la capitale britannique pour affronter un autre boxeur dans un de ces « combats du siècle » comme il y en a tous les deux trois ans. Il m’a tendu la main en souriant et m’a dit : « Where are you going, my friend ? ». C’était court, mais être l’ami de Cassius Clay, quel honneur ! Se faire broyer la main par lui, j’en connais qui ne se la seraient pas lavée pendant une semaine.
J’ai suivi de loin sa carrière. J’ai appris qu’il avait depuis pas mal de temps des problèmes de santé peut-être liés à sa profession et aux coups reçus. Il avait aussi changé de nom mais pour moi il restera toujours mon ami Cassius. Car c’était mon ami — il l’a dit lui-même, non ? — et l’annonce de sa mort m’a fait un pincement au cœur.
1. En gros : Où tu vas comme ça, mon pote ?