
Orléans se cherche depuis de nombreuses années un destin touristique. La ville a déployé en ce sens, de nombreux efforts et les “chiens d’Orléans” ont commencé à apprendre l’art du toilettage. Il reste cependant quelques -trop nombreuses- poches d’irréductibles, dans notre tissu commercial, pour lesquelles le service rendu au client reste un concept flou, voire un simple alea.
J’en ai encore fait la désagréable expérience samedi 11 août, en ayant la malheureuse idée d’une escapade dînatoire au restaurant Le Bon Marché, au coeur de la vieille ville.
Je ne m’attarderai pas sur le contenu indigent des assiettes, des ravioles collantes comme des timbres poste ou le cabillaud revenant d’une traversée du Sahara. Le tout arrosé, et cela en avait besoin, du vinaigre le plus cher d’Orléans. On pourrait après tout pardonner au cuisinier une méforme, consécutive à une déception amoureuse ou à l’obligation de goûter l’ensemble de ses plats.
Mais est il bien nécessaire, pour infliger ce supplice, de forcer le consommateur imprudent à attendre…deux heures montre en main ? On peut ici parler d’un service magique. L’art de rendre le client transparent, en passant et repassant devant sa table sans le voir, sans lui parler, inlassablement. Les employés ont forcément été formés par Messmer (l’artiste, pas le ministre), adeptes de l’hypnotisme par le dédain à défaut de faire tourner les tables.
Bref, au terme de ces deux longues heures et d’un plat escamoté, il nous a fallu renoncer au dessert, n’ayant pas toute la nuit quand même.
L’addition est arrivée façon “The Artist”. Pas un mot, encore moins un regret. Ma seule consolation a été de retrouver enfin le sel. Il était dans la note.
Patrick Cathelineau