Au commencement aura été un excentrique, jugé comme tel par ses voisins, qui a entrepris de poser une guirlande lumineuse blanche sur sa façade le temps de Noël et des « Joyeuses
Fêtes » que souhaitent les municipalités à l’entrée des villes et des villages.
par Gérard Hocmard
Tout le quartier a trouvé ça kitsch comme pas deux et a ricané. Mais il faut croire que les enfants des voisins les ont tannés ou bien qu’eux-mêmes ont finalement pensé qu’il n’était pas question d’être en reste, car ils ont bientôt été plusieurs dans les parages à mettre non pas une, mais deux ou trois guirlandes, et de couleur, na ! Comme on n’arrête pas le progrès, les guirlandes sont bien vite devenues clignotantes, avant qu’apparaissent des motifs lumineux multicolores sur des thèmes de saison, genre étoile des neiges et branches de houx. L’effigie lumineuse du Père Noël est entrée en scène, puis a grimpé sur le toit, bientôt rejointe par des traineaux, des rennes, voire des reines (des neiges, bien sûr).
On s’attend incessamment à ce que le nez du premier de cordée, si l’on ose dire, Rodolphe de son nom, paraît-il, soit muni d’un lumignon rouge puisque c’est son attribut dans la chanson. On vit une époque formidable !
C’est comme cela qu’il n’est dorénavant pas de rue qui ne fasse ainsi l’objet d’« installations » d’art fugace entre lesquelles la compétition fait rage. La presse consacre des pages aux plus belles (?) d’entre elles et indique où les voir lorsque tombe le soir et que l’âme est à la tendresse. On ne serait pas surpris que les Offices de Tourisme proposent bientôt des parcours de découverte du type promenades aux lanternes à la rencontre du patrimoine, comme cela se pratique parfois avec grand succès. Encore que, s’il faut payer un guide…
Ce que je me demande c’est ce qu’en pensent les Duflot, Cosse, Placé et consorts et s‘il y a parmi les illumineurs fugaces des électeurs écologistes. Ce serait assez drôle, non ? Car la consommation d’électricité doit bien obliger à pousser les feux de quelques centrales classiques ou, pire, atomiques ? On frémit !
Gérard Hocmard.