« Je sais où je vais et comment j’y vais » a déclaré, martiale, la patronne du FN lors de ses vœux à la presse ce mercredi à son QG de campagne parisien en présence de sa garde rapprochée au grand complet. Même Marion Maréchal-Le Pen, la nièce rebelle, y assistait.
Est-ce parce que son parti a du mal à financer cette campagne qu’une salle adéquate pour recevoir la presse assemblée n’avait pas été louée ? Sans doute. Résultat, les heureux élus parmi les journalistes, une bonne cinquantaine, étaient serrés comme des sardines dans une boîte et ne le chantaient pas à la mode Patrick Sébastien.
Partout du bleu, sur toutes les affiches qui couvraient les murs, sur la toile de fond derrière le micro. Bleu marine aussi le tailleur très classique, style femme d’affaires de Marine Le Pen, s’exprimant tel Jules César partant à l’assaut de la Gaule avec son « veni, vidi, vici ».
« Au-delà de ma campagne, c’est mon quinquennat que j’ai préparé durant ces longs mois », a déclaré la candidate avant de galvaniser ses troupes : Nous sommes « prêts, résolus, organisés » pour l’élection et pour l’après victoire. Qu’on se le dise, 2017 sera marquant pour le Front national. Ainsi le veut Marine Le Pen qui tient, dit-elle ses promesses, rappelant qu’à ses vœux 2016, elle avait annoncé qu’elle serait « peu présente médiatiquement, qu’elle irait à la rencontre des Français. C’est une promesse que j’ai tenue, c’est rare dans la vie politique française », a-t-elle taclé avec un large sourire.
“Nous allons faire une belle campagne”
“J’ai d’abord pris du temps pour préparer ma campagne présidentielle, en allant à la rencontre des Français pour les écouter, des tas de rencontres sans publicité” a déclaré la candidate qui, selon ses équipes, a surtout préparé sa campagne depuis Paris et loin du terrain. Une campagne préparée également par ses équipes et groupes de réflexion, « Comités d’action programmatiques, collectifs « Horaces » (hauts-fonctionnaires), équipes sur les réseaux sociaux, « canal complémentaire à la presse ».
« Je multiplierai les visites de terrain. Cette campagne est d’abord la rencontre entre la candidate que je suis et les Français. Nous allons faire une belle campagne, de fond, où nous aborderons tous les sujets essentiels avec la hauteur nécessaire», a-t-elle annoncé avant d’ajouter, « je sais où je vais et comment j’y vais. Face à nous, et au fur et à mesure que nous découvrons les candidatures que nous aurons à affronter nous faisons le constat d’une grande irrésolution et d’une grande imprécision » s’est-elle réjoui sans nommer personne mais avec force sous-entendus dans la voix.
« Dans ma candidature il y a un cap »
« Face à ce flou, à cette politique de la posture et de l’apparence, il y a dans ma candidature un cap, un roc, de la solidité, une profondeur, une volonté, une détermination sans faille, face à ce désordre, il y a de mon côté une campagne ordonnée, en ordre, pour remettre la France en ordre. Mon projet s’appuiera sur mes principes fondamentaux : indépendance de la France, prospérité, respect de l’identité nationale » a-t-elle martelé avant de caresser la presse dans le sens du poil dont elle « a jugé le « rôle crucial, rôle d’intermédiaire », rendant hommage aux 74 journalistes morts en faisant leur métier selon Reporters Sans Frontières , mais aussi à ceux qui sont emprisonnés dans l’exercice de leur profession, notamment en Turquie. Surprenant de la part de quelqu’un qui interdit très régulièrement l’accès aux événements du FN aux journaliste de Mediapart, ou de l’équipe de Yann Barthès, pour ne citer qu’eux. « Nos relation sont parfois, disons, compliquées » a-t-elle concédé, faisant remarquer que « l’absence de recul par rapport au mouvement de la vie publique explique à quel point certains observateurs ou analystes de la vie publique en France comme ailleurs ont été surpris par le Brexit ou la victoire de Donald Trump » mais pas un mot sur l’élection d’un vert en Autriche face à l’extrême droite. Pour résumer, des vœux de combat avec un discours très travaillé où chaque terme, employé au premier degré, était choisi pour faire mouche. Un départ de campagne en fanfare.
Françoise Cariès