Vouloir donner à tout un peuple un « revenu universel » lui assurant son pain quotidien n’est pas une nouveauté.
Déjà dans l’Ancien Testament (1300 avant notre ère), l’Exode (chapitre 16) relate que la tribu ‘’Israël’’ fuyant l’Egypte, arrivée dans le désert de Syn, vécut pendant 40 années des cailles et de la manne que lui fournit son dieu : verset 4 « Le seigneur dit à Moïse : ‘’du haut du ciel je vais faire pleuvoir du pain pour vous. Le peuple sortira pour recueillir chaque jour la ration quotidienne ; afin que je le mette à l’épreuve : marchera-t-il ou non selon ma loi ? ». Le marché est clair, je vous nourris et vous m’obéissez.
De même dans le Nouveau Testament (vers 100 de notre ère) l’idée du don ‘’gratuit’’ -mais qui paye- est reprise : aux noces de Cana (Jean 2/7) ou Jésus transforme l’eau en vin (ça donne envie de le suivre non ?) ; chez Matthieu (26/26) « Prenez mangez, ceci est mon corps… buvez en tous car ceci est mon sang » (un contrat en or) ou dans l’épisode de la pêche miraculeuse où Jésus devenu Christ rempli le filet des apôtres pêcheurs-pécheurs (Jean 21/11).
Et dans le Coran (vers 600 de notre ère) l’épisode de la manne céleste est ainsi relaté : « Et, oh enfants d’Israël, nous avons fait descendre sur vous la manne et les cailles » (Sourate 22 verset 80).
Quel bol ces Oboles
Elles tombent du ciel et rassasient les affamés, désaltèrent les assoiffés et, le détail vaut son pesant d’or, cette aumône céleste est à obsolescence programmée : « Que personne n’en garde jusqu’au lendemain…Certains en gardèrent mais cela fut infecté de vers et devint puant » (Ex :16 /19).
Une chance ou une aliénation supplémentaire ? Car il y a une contrepartie : Exode 16/12 « Au crépuscule vous mangerez de la viande (les cailles), le matin vous vous rassasierez de pain (la manne) et vous connaitrez que c’est moi le Seigneur, votre Dieu ». C’est donnant-donnant, je te permets de vivre si tu te soumets à mon pouvoir et obéis à mes ordres.
Aujourd’hui, à quels chantages sommes nous exposés ?
Car si cette proposition d’un revenu assuré à toutes et tous se concrétise elle fera des heureux mais pas ceux qu’on croit ! C’est un leurre, une carotte pour nous faire ramer encore un peu plus loin sur ce bateau-système économique qui prend l’eau de partout.
Celles et ceux qui vont se réjouir sont nos frères et sœurs Serge D., Vincent B., Liliane B. Gérard M. et compagnie (tous avec des fortunes autour de 30 milliards et d’euro) et avec leur complicité l’oligarchie financière (Bill G. et ses 75 md de $, Amancio O. 64 et autres ) se frotte déjà les mains. Si tout un chacun reçoit un petit pécule (Chut Lacan !) il va l’utiliser pour consommer et au bout du compte ça reviendra dans les poches des propriétaires des moyens de production (alimentation, services, industries) et ainsi ils vont se faire un max de pognon, les larrons. Cela leur permettra d’investir encore plus pour avoir encore plus d’argent en polluant, en détruisant la terre et les populations qui les gênent .
Mais la masse ’’enmannée’’ (formulation polie) n’aura rien à dire car qui oserait se révolter contre leurs abus, leurs excès ? Ce serait mordre la main qui tient la gamelle.
Cette fausse bonne idée a, toutefois, l’avantage de nous inviter à réfléchir aux souffrances qu’engendre l’usage de l’argent « qui est un bon serviteur et peut devenir un mauvais maître » (Alexandre Dumas fils), et plus près de nous le poète chanteur Félix Leclerc, dans les années 1970 nous avertissait dans sa chanson : ‘’Les 100.000 façons de tuer un homme’’ que « la façon la plus sûre de tuer un homme c’est de l’empêcher de travailler en lui donnant de l’argent *».
De là imaginer que les êtres humains seraient plus heureux si des poètes, des écrivains des peintres et autres artistes géraient les affaires de la société humaine il n’y a qu’un pas à faire … y êtes vous prêtes et prêts ?
FT
*”Non vraiment je reviens aux sentiments premiers
l’infaillible façon de tuer un homme
C’est de le payer pour être chômeur
Et puis c’est gai dans une ville ça fait des morts qui marchent.”