“J’irai jusqu’au bout avec lui”. Qui parle ainsi, Serge Grouard bien sûr, le grognard de François Fillon, parce que Fillon dit -il , “c’est du solide, c’est du costaud”, et il est question là de “redresser la France”, ce qui n’est pas rien. Jeudi soir au Grand Café place du Matroi au cœur d’Orléans, au moins 150 personnes se pressent au premier étage. Bien trop exigu. Effet de masse garanti.

Serge Grouard au micro.
Du coude à coude. “Ce n’est pas trop petit, c’est vous qui êtes trop nombreux”, lance Jean-Noël Cardoux le président du Comité de soutien à François Fillon lors de la primaire. “Au départ on avait prévu pour 40 personnes” explique Catherine Soullie, l’une des chevilles ouvrières du Comité Fillon. A Paris, les avocats du vainqueur de la primaire attaquent le PNF (Parquet national financier), illégitime selon eux à traiter de l’affaire des “emplois fictifs” supposés de Pénélope. Virage à 180°, il y a quinze jours François Fillon réclamait d’être entendu par la procureure. La menace d’une mise en examen ?

Le dernier carré…
A Orléans, le noyau dur des soutiens de François Fillon ne se pose pas trop de questions. Encore que. Sophie Grouard, l’assistante de son ex-mari Serge, “Je suis très légitimiste, j’attends d’entendre ce que dira la justice. Je sais ce que moi je fais, pour le reste,…non je ne connais pas Pénélope Fillon et je ne peux pas parler de la façon dont d’autres s’organisent”.
Objectif “déstabilisation”
Sans surprise, Serge Grouard qui n’oublie jamais à Orléans de parler de sa proximité avec François Fillon, les traits tirés dans une ambiance fiévreuse de dernière cartouche admet que les sommes ont pu “choquer nos concitoyens”. Et il s’insurge sur les révélations du Canard enchaîné. Mais uniquement sur le troisième épisode, celui de mercredi dernier. Pas sur les autres. “L’objectif c’est la déstabilisation, de mettre notre candidat dans un position
difficile. En tant que député j’affirme que les allégations de cette semaine du Canard Enchaîné sont forcément fausses. On cherche à accréditer l’idée que François Fillon a bénéficié des indemnités de son épouse en fin de contrat. Or, ces indemnités ne sont ni décidées ni versées par les députés mais par l’Assemblée Nationale”, et Serge Grouard de plaindre les collaborateurs parlementaires qui ont “des emplois précaires… Qu’ils aient des indemnités de fin de contrat n’a rien de choquant”. S’il le dit.
Des absents

Eric Doligé, Serge Grouard, Jean-Noël Cardoux.
Pour Serge Grouard, “les parlementaires derrière François Fillon sont en ordre de marche”. Personne dans cette soirée ne songerait à débrancher l’ancien Premier ministre qui plonge dans les sondages. Ceux qui sont là tout au moins. Les sénateurs Éric Doligé et Jean-Noël Cardoux aux premières loges, le noyau dur grouardiste du conseil municipal d’Orléans fait bloc aussi, Murielle Sauvegrain, Michel Martin, Nadia Labadie… Un seul UDI a fait le déplacement, Jean-Pierre Gabelle qui défend le programme de François Fillon, l’homme et ses pratiques familiales, c’est moins sûr.
Sifflets sur Macron
En revanche Charles-Éric Lemaignen s’emporte, “les indemnités de François Fillon ne sont rien rapportées aux salaires de Macron chez Rothschild”. Macron le seul que Serge Grouard a fait siffler dans son allocution avec Marine Le Pen. Un homme dans la salle demande, “mais quand allons-nous à notre tour sortir des saloperies sur les autres candidats”. Muriel Sauvegrain, bien plus calme, “ce sera lui le candidat, il faut maintenant arrêter la rengaine contre Fillon, il faut parler du programme”. Ce qu’a fait Serge Grouard, forcément. “Je suis un des mieux placés pour en parler” dit-il. Forcément c’est lui qui l’a fait.
Olivier Carré, le maire d’Orléans était annoncé, il n’a pas pu venir, Hugues Saury le président du Loiret, a été retenu par une commission, enfin pas de Florent Montillot, le président de l’UDI, et parmi les autres parlementaires L.R., Jean-Pierre Door était solidaire depuis Montargis, Marianne Dubois était excusée et Claude Ganay invisible.
“Bayrou de droite ? Vous plaisantez !”
Dernier carré ou avant-garde d’une nouvelle campagne, on les reconnaissait facilement les purs et durs derrière Fillon. Il suffit de leur parler de François Bayrou qui a évoqué à propos du Sarthois, “le conflit d’intérêt pour un candidat, sous influence des puissances d’argent”. Effet garanti: “parce que vous croyez que Bayrou est de droite, non mais vous plaisantez !”. Reste maintenant à ce noyau dur de Fillonnistes d’aller convaincre l’électeur lambda sur les marchés, puisque des séances de tractage sont prévues sur l’Orléanais. Même sur des terres réputés à droite, il faudra avoir le cuir solide.
Ch.B