Haut vitrail de matières au Garage

Voici des fleurs et des fruits,  des êtres et des paysages, une peinture qui ne bat que pour vous… serions nous tenter de dire, paraphrasant le poète, pour inviter à découvrir cette puissante et séduisante exposition “La Piste noire” de Rasquier à la galerie Le Garage. “Je fais avec ce qui arrive, avec ce que je trouve et ce que éprouve, l’essentiel n’est pas que ce soit bien fait mais que ce soit fait avec sa moelle” explique le peintre de Cour-sur Loire (41).

” La figuration d’après nature ce sont mes gammes” dit-il encore,  ” mais si je peux être inspiré par la force des choses je ne copie jamais” poursuit-il.

Pour ce nouvel accrochage dont le catalogue est préfacé par Bernard Fauquembergue,  reconnaissons que la galerie a mis les petites cimaises dans les grandes et propose un angle de vue d’une spatialité inédite.

Alexandre Rasquier, humble et souriant sculpteur de lignes et de couleurs, s’exprime au pied de ce qui saurait ainsi s’apparenter à un vitrail de matériaux: “J’aime la fresque, j’aime les primitifs italiens, j’aime tout le monde, je ne suis qu’un amoureux de la vie. Mes supports sont ceux qui m’adviennent et notamment ce bois que j’écorche, gifle,  polis et caresse. Il y a aussi le carton, le revers de carreau de céramique ou bien encore le fer, le zinc… Je ne travaille qu’à l’huile qui s’accroche sur tout mais qui est surtout, pour moi, synonyme de technique noble et élégante.” 

Musicien qui travaille à l’oreille, peintre à l’écoute de tous les possibles de son art offert et vécu comme une belle aventure, Rasquier propose ici une partition solaire, celle  d’une générosité picturale superbement maîtrisée.

Quelques mots encore de cet inlassable travailleur qui se perçoit tel “un accident qui attend qu’il arrive” et qui avoue “vivre très mal de ne rien faire”:  “Atome, j”aime courir le risque de la vraie lumière, je suis contre l’illusion et ne veux que la vérité partout,  tout le temps. Mes peintures  sont des séquences de  vie, une vie où je rêve d’amour, où je crois plus à la passion qu’au durable.”

Embrassant d’un sourire le précieux travail accroché aux cimaises, Rasquier a ces derniers jolis mots: “Je voulais vous présenter quelque chose d’agréable, ce ne sont que des études car si on savait,  on s’arrêterait”.

Jean-Dominique Burtin.