Entouré par un combo clavier cordes cuivres percussions étincelant, le colombien Yuri Buenaventura possédant, comme il se plaît à le dire, quelques souriantes attaches en Sologne avec clin d’œil à Ligny- le- Ribault, donne ce samedi, salle Touchard du Théâtre d’Orléans, une leçon de bonheur où le goût de vivre ne peut que se partager avec doux et chaloupé enthousiasme.
– D’hommages en hommages
Pour quelque 900 spectateurs en liesse et le plus souvent debout, l’artiste ouvre le bal en s’excusant de l’intrusion de la salsa dans un festival de jazz. Très vite, il tient avec ferveur à rendre hommage aux tambours de mains, à la rythmique africaine, à la condition vivante de l’homme noir, à cette bataille qui prévaut pour sa reconnaissance.
“Patrice Lumumba” est le premier titre engagé de ce tour de chant auquel succèdent un hymne aux cueilleuses de bananes colombiennes en proie au dévorant marché international ainsi qu’un chant célébrant les coupeurs de cannes. ,
Ailleurs, électrique, toujours souriant et fusionnant avec son orchestre auquel il n’a de cesse de rendre hommage, Yuri Buenaventura salue Brassens (canaille “Je me suis fait tout petit”), puis Aznavour (tendre “J’avais vingt ans”), Brel (prenant rappel sur “Ne me quitte pas”).
– Houle câline dans la salle
Enflammant par cœur et par corps cette salsa dont il donne une leçon de danse à un public debout faisant la houle câline, Yuri Buenaventura est, en ce samedi de clôture de Jazz or Jazz, un boss au talent impeccable, élégant, et d’une humilité chaleureuse qui ravit.
A lui le romantisme très réussi, le mélo du cinémascope au vibrato crooner latino, le côté parade de cirque cuivrée langoureuse et tragique…
En fin de set, ce bel artiste et ses volcaniques compagnons de route, réunis en front de scène, souhaitent à cette France qui possède avec bonheur tous les outils de la démocratie, allusion souriante à l’élection présidentielle de ce dimanche, un beau rendez-vous. Invitation à une belle aventure en somme. Peu avant, avec pudeur, expliquant sa musique populaire et si joyeuse, l’humaniste Yuri Buenaventura avançe: “Avec la salsa, tous les malheurs, on peut les dialoguer avec espérance, et non avec fatalité”.
Jean-Dominique Burtin.