Les frères Musso : thriller contre thriller

Ils sont rares les frères romanciers dans l’histoire de la littérature. Les plus célèbres sont les Goncourt. A l’heure actuelle les frères Moix originaires d’Orléans  font carrière séparée sur des thèmes différents. Plus célèbres et plus proches dans leurs goûts et leur écriture, les frères Musso, Guillaume et Valentin, viennent de pousser leur entente fraternelle jusqu’à sortir  leurs romans de l’année à un mois d’intervalle.

Leurs éditeurs ont peut-être pensé à un match entre les deux qui, chacun, année après année, font un tabac. Ces deux auteurs de best-sellers traduits en plusieurs langues s’en défendent. « On envoie nos manuscrits quand ils sont prêts », dit Valentin  avec un doux sourire  en guise d’excuse.

« L’appartement à Paris »  de Guillaume

Guillaume, l’aîné ex-professeur de Sciences-po, qui habite maintenant Paris, traduit en quarante langues, l’écrivain  français contemporain le plus lu, a bénéficié d’un tirage de 450 000 exemplaires pour la sortie d’  « Un appartement à Paris » chez XO.

L’histoire se déroule en  463 pages sur cinq jours, entre le 20 et le 25 décembre.  A Paris, Gaspard, un dramaturge américain misanthrope et Madeline, une ex-flic britannique en mal d’enfant et à la veille d’une fiv, cabossée par la vie, sont contraints de partager un appartement  celui de Sean Lorenz un peintre à succès qui n’a pas survécu à l’assassinat de son  jeune fils. Gaspard et Madeline qui s’entendent comme chien et chat  se lancent bien malgré eux sur la piste des trois derniers tableaux portés disparus Cela les conduit à Madrid puis à New-York. L’histoire est présentée du point  de vue de chaque personnage ce qui apporte  de l’humanité aux protagonistes. Comme dans chacun de ses livres,  Guillaume Musso donne à réfléchir sur les bouleversements intimes, sur la maternité et la paternité.

« La femme à droite sur la photo » de Valentin

Avec « La femme à droite de la photo », son cinquième roman, Valentin, encore professeur agrégé de lettres classiques à Antibes le cadet qui, pour ne pas être accusé de favoritisme avait envoyé son premier manuscrit sous pseudo aux Nouveaux auteurs une maison d’édition publiant ou non en fonction des notes d’un panel de lecteurs, signe au Seuil l’un des best-sellers de l’été.

En  427 pages, ce roman  plonge ses lecteurs dans l’univers hollywoodien des années 50. David Badina, un scénariste américain a connu un immense succès avec son premier film  qui l’a mis à l’abri du besoin. Il entretient, depuis quelque temps, une relation avec une mannequin célèbre et continue à gagner sa vie en corrigeant les scénarii des autres. Pourtant, depuis son premier film, il n’a pas écrit une seule ligne prometteuse et  il n’arrive pas à s’engager dans sa relation amoureuse.

Sa mère, Elisabeth, actrice montante à la fin des années 1950, a mystérieusement disparu au cours du tournage qui allait la révéler au grand public. L’enquête n’a jamais abouti. L’identité de son père étant inconnue, ce drame a laissé David orphelin élevé par sa grand’mère maternelle. Un coup de téléphone surprenant l’amène à rencontrer le réalisateur du dernier film d’Elizabeth. Cette entrevue soulève des interrogations et pousse David à reprendre l’enquête. Pour l’aider dans ses investigations, le scénariste engage un privé, ancien flic du LAPD. Alternant passé et présent, Valentin Musso  tient son lecteur  en haleine du début à la fin. Les ressorts parfois classiques de cette enquête s’avèrent redoutablement efficaces et très bien mis en scène dans le décor hollywoodien.

Deux styles nourris au creuset familial

Guillaume aime les phrases courtes et le vocabulaire simple, Valentin opte pour un style plus recherché au rythme plus lent. Les deux ont opté pour un récit agrémenté des points de vue des différents personnages. Tous deux s’appuient sur les mêmes ressorts : réflexion sur la filiation, noirceur, coups de théâtre, amours contrariés qui finissent par trouver une issue.

Ecrivent-ils des polars, des thrillers ou des romans version 21éme siècle ? « Cette question m’est souvent posée », explique Valentin. «  J’ai une histoire en tête, elle me conduit vers un genre plutôt qu’un autre. Polar, pourquoi pas, mais je dirai plutôt thriller. J’ai demandé qu’on ne précise rien d’autre que « roman » sur la couverture ».

A propos de l’amour  familial  pour l’écriture, il n’a aucune hésitation, « Ça vient de maman ! Ma mère était bibliothécaire, elle  nous a poussés à lire dès notre plus jeune âge Notre père aussi. Il adorait le cinéma   qui nous a donné l’envie de raconter des histoires  Cet environnement a baigné mon enfance et mon adolescence ».

Les deux frères communiquent-ils sur leur travail ? «  Non. Nous n’avons pas été élevés dans un esprit de concurrence. Chacun travaille dans son coin.  Ecrire  est un travail si prenant que dans les repas de famille nous n’évoquons jamais le sujet. Ils sont au contraire un moment  de détente, de respiration ».

Françoise Cariès.

« Un appartement à Paris »,
Guillaume Musso
XO éditions, 463 pages 21,90 euros

« La femme à droite sur la photo »
Valentin Musso

Seuil, 427 pages, 19,90 euros

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