La victoire des Marcheurs est écrasante, historique. Elle était annoncée mais personne ne lui accordait la puissance d’un tel raz-de- marée. Hier, par leur vote, les Français ont chassé des bancs de l’Assemblée une génération de politiques et la plupart des femmes et des hommes qui y siégeaient jusqu’à présent. Dans les partis traditionnels, la monstrueuse claque est dure à digérer et les électeurs eux-mêmes sont médusés d’avoir dessiné un tel hémicycle new-look, inconnu et à nul autre pareil.
Ils n’en reviennent pas d’avoir accompli ce fameux « dégagisme » prôné par Jean-Luc Mélenchon dont le parti, « Les insoumis » ne profite pas vraiment. Ce 11 juin, la mobilisation fut à sens unique, attirée par l’étoile jupitérienne de l’Elysée comme par un aimant. Emmanuel Macron a quasiment réussi l’impensable : après avoir remporté la présidentielle, lui qui, il y a un an seulement, n’avait pas de parti, il va disposer d’une spectaculaire majorité absolue. Tous ses possibles opposants politiques sont en miettes, inaudibles, fracturés, déboussolés, à bout d’arguments, financièrement en difficulté, des familles prêtes à s’étriper à gauche comme à droite et à l’extrême droite. La Macromania a déboulée tel un tsunami et les a laissés dans la vase.
Mais que le chef de l’État prenne garde. Il aura certes bientôt les coudées franches pour agir et réformer le pays. C’est ce que veulent les électeurs qui, séduits, lui ont apporté leurs suffrages. Pour éclatante et grisante qu’elle soit, la victoire n’en est pas moins en trompe l’œil. Cette razzia électorale ne s’appuie que sur un peu moins de 50% du corps électoral. Qu’ont voulu signifier ceux qui se sont tenus loin des urnes et sont allés à la pêche, à la plage ou à la piscine ? Le renouveau politique est loin d’avoir atteint son terme. Des abstentionnistes bousculés peuvent se rebiffer, descendre dans la rue et se révolter. Favoriser le libéralisme doit s’accompagner d’une réflexion profonde et structurée sur le rôle de l’État et de la société.
Françoise Cariès