« Le maire d’Orléans multiplie son indemnité par quatre ! » titrent aujourd’hui les journaux de tout bord sans s’interroger une seconde sur les raisons de cette augmentation, uniquement préoccupés qu’ils sont de créer la polémique qui fait vendre du papier. La rhétorique sert, comme on sait, à influencer et manipuler : la formulation, en insinuant une sorte de coup de force, en soulignant la proportion de l’augmentation, n’a pas pour but d’informer le lecteur, mais de l’indigner a priori.
par Gérard Hocmard
Il faudrait pourtant savoir ce que l’on veut. À partir du moment où il n’y a plus cumul des mandats avec plafonnement de l’indemnité totale – et c’est le cas du maire d’Orléans, qui a renoncé à se présenter à la députation – on ne peut quand même pas espérer trouver qui que ce soit de prêt à diriger à plein temps, et assurément pour plus de 35 heures par semaine, une ville importante, une métropole, pour une indemnité équivalent à un salaire de technicien supérieur. Qu’on le veuille ou non, le dévouement et la disponibilité, accessoirement la compétence et la prise de responsabilités, ont un prix et se payent.

Olivier Carré lundi avec son grand argentier Michel Martin.
Si les contribuables ne sont pas prêts à payer au juste prix le principal responsable de la gestion de leur ville, de quelque bord qu’il soit, il n’y a guère d’autres moyens que d’élire, comme jadis, des notables cossus, nantis de ressources personnelles ou d’autoriser le maire à conserver une activité rémunératrice au détriment des heures consacrées à la communauté. Cela est concevable – c’est même souvent le cas – pour un village ou une petite ville, mais pas pour une ville par ailleurs préfecture de région.
Après tout, si, il y a encore une autre solution ! Ce serait d’admettre, pour compléter la modeste indemnité allouée au maire, l’éventualité de rétributions plus ou moins occultes, de la part de groupements d’intérêt ou de partis, par exemple, ou encore un pourcentage sur les travaux votés, comme les syndics de copropriété. C’est cela que veulent les orfraies ? C’est cela que souhaitent les électeurs ? Non ? Ah bon ? Vraiment ? Alors, de grâce, commençons par réfléchir avant de hurler au scandale et de créer des polémiques inutiles sous prétexte de vouloir défendre de grands principes de vertu publique.