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Date initiale de publication: 14 janvier 2017
>>> L’histoire de cette exposition photo commence il y a un an, lorsque quelques habitants du village de Bou, dans le Loiret, décident de ne pas se contenter de regarder passivement les images de la guerre en Syrie, et prennent l’initiative d’accueillir des réfugiés syriens en déshérence. Une dizaine de réfugié(e)s sont ainsi hébergé(e)s et aidé(e)s tant matériellement qu’administrativement depuis lors.
Et comme le dieu hasard fait bien les choses, Manar Bilal, notre photographe, se trouve hébergé chez Philippe Gasnier, vidéaste et réalisateur de documentaires, à qui il montre timidement les photos d’un disque dur, photos qu’il a réalisées durant ses trois années passées en tant que syrien, dans les camps de réfugiés de Turquie et de Jordanie (rappelons que ces deux pays hébergent près de 4 millions de réfugiés syriens quand l’Europe peine à en accueillir 400.000…)
Et le regard de Philippe Gasnier décèle immédiatement l’exceptionnelle qualité de ces photos et germe alors le projet d’en faire une exposition qui voit aujourd’hui le jour, grâce à l’aide de quelques partenaires motivés et de la Scène Nationale d’Orléans.
“L’objectif de cette exposition est d’abord de décrire le désastre humanitaire qui a privé une génération entière de jeunes syriens d’une instruction de base. Cette génération qui vit dans des conditions inimaginables, flotte dans l’ignorance et est clairement menacée par l’extrémisme.
De plus, cette exposition a pour but d’initier des campagnes en collaboration avec des équipes humanitaires dans les pays qui accueillent des réfugiés, afin de porter secours à ces enfants pour atténuer leur souffrance.”
Manar Bilal
Alors, prenons le temps de regarder ces images d’une enfance volée par la guerre et l’exode, photos prises au jour le jour dans une proximité de vie, une complicité entre ces enfants et le photographe. Les enfants ont cette magie d’embellir par leur sourire, le quotidien le plus dénué mais on perçoit aussi dans ces photos, ce temps tissé d’ennui, dans l’univers grillagé des camps de réfugiés. Un regard photographique affectueux, mais dont l’esthétisme absolu nous saisit d’une émotion immédiate.
Nous regardons ces enfants, et ces enfants nous regardent, ils nous disent droit dans les yeux leurs “attentes”, leur espoir d’un autre monde, un regard qui interroge fixement notre responsabilité sur l’état d’un monde tel que nous l’avons construit.
Et n’oublions jamais que cette guerre est et reste le combat contre une dictature impitoyable qui nous a donné à voir les images d’un autre disque dur, celles terrifiantes venues de ses infernales prisons.
Gérard Poitou
Exposition “Great Expectations”
Photographies de Manar Bilal
Galerie de la Scène Nationale d’Orléans Jusqu’au 7 février
Boulevard Pierre Ségelle 45000 Orléans
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 13 h à 19 h et les soirs de spectacles
L’exposition partira ensuite à Paris, Strasbourg, Stockholm, Berlin…
http://www.manarbilal.com/

Vente de cartes postales pour soutenir l’exposition