Oh, my God ! – pardon pour cette atteinte à la laïcité version 2017, mais ça m’a échappé – je me suis encore une fois fait avoir et n’ai pas vu arriver Noël… Je veux dire « les fêtes de fin d’année », comme on doit dire désormais pour ne pas froisser les oreilles délicates. Comme s’il n’y avait aucun lien entre ce qui est célébré le 25 décembre et la numérotation de l’année qui commence une semaine après.

Cachez cette crèche que je ne saurais voir…
Revenons à nos moutons (non, ce n’est pas une allusion à l’Aïd) : donc je me suis mis en quête d’idées pour qu’i.e.l.l.e.s soient heureux.ses des choses que je leur aurai achetées (il faut reconnaître à l’aberrante écriture dite inclusive un immense avantage : elle oblige à savoir accorder les participes passés). Et là, en arpentant les rues du centre (parce que ce n’est pas la peine, si on va faire ses achats en voiture à la périphérie, de venir déplorer les émissions de carbone ni les fermetures de magasins en centre-ville), j’ai eu un choc.
J’avais déjà été passablement bassiné il y a un mois par les « Black Friday » par ci et « Black Friday » par là qui venaient gâcher la bonne idée d’une période de soldes massifs avant Noël (zut, ça m’a encore échappé !). Mais là, j’ai été frappé par les chants « de saison » (ouf !) en anglais diffusés place du Martroi, par les banderoles « Merry Christmas », les annonces en vitrine de « Christmas Days », ou de « click and shop ». J’ai soudain pris conscience de l’existence d’enseignes de « pick-up points » ou de magasins « e-connected ».
Oh, les gars, on va où, là ? On est en marche vers quoi, si j’ose dire ? Nous n’avons pas les mots pour dire tout ça, peut-être ? C’est bien la peine de ricaner ou des se morfondre des gesticulations du Président Atout (si, si, c’est ce que signifie Trump en anglais !) si c’est pour se faire dévorer culturellement et renoncer à toute dignité linguistique ! Ou bien alors, est-ce parce que parler de Christmas éviterait de dire « Noël » et de déclencher des polémiques ? Zat iz zeu qwestionn’, si j’ose dire.
Ceci étant, j’ai trouvé mes cadeaux et étais bien content. En rentrant, un refrain de Pierre Perret me trottait dans la tête : « Dépêche-toi, mon amour, Ch’uis garée en double file ! Et vite fait, sur le gaz, Elle vous f’sait Merry Christmas”. Pure coïncidence. Ça aurait aussi bien pu être Papa où t’es ?.
Gérard Hocmard.