Présentée par le CADO depuis le 9 janvier et jusqu’au 25 janvier sur le plateau de la salle Touchard du Théâtre d’Orléans, la pièce “Le Lauréat”, adaptation du film culte de Mike Nichols (1967) par Terry Johnson et mis en scène par Stéphane Cottin, est un vénéneux délice mené sur un train d’enfer à savourer comme du petit lait.
Parfaite est la distribution regroupant la belle compagnie des six acteurs prenant à l’évidence un plaisir fou, sans cabotinage aucun, à servir de manière délicieusement osée, piquante et de bon goût, une comédie de mœurs a parfum de vaudeville et de conte initiatique conjuguant amour et fraîcheur, amertume et rancœur désabusée.
Au fil de ce spectacle où ne cessent de fuser répliques pétries de sens, de candeur, drôles, acerbes, désemparées ou froidement lucides, les comédiens font merveille.
Un filtre aussi tranchant qu’une lame effilée
D’une élégance sobre et venimeuse est dans le rôle de Mrs Robinson la très belle Anne Parillaud dont le jeu est délicat et la voix, tel un filtre aussi tranchant qu’une lame effilée. Superbe est Arthur Fenwick en Benjamin Braddock, inénarrable lauréat têtu inexpérimenté puis terriblement amoureux d’une jolie Elaine (Adele Bernier).
Coup de chapeau également à Françoise Lépine sautant du rôle d’une mère au foyer éplorée à celui, plein d’humour ravageur, d’une strip-teaseuse de cabaret.
Ainsi, voici avec ce “Lauréat”, donné au cœur d’un judicieux décor tournant imaginé par Catherine Bluwal et qui fait aussi appel à la projection de scènes gorgées de nostalgie filmées en studio, un réjouissant et pétillant rendez-vous théâtral où l’on flirte, bien évidemment, avec les caressantes mélodies de Simon et Garfunkel. Mais aussi avec ce “Nights in white satin”, des Moody Blues. Titre amoureux et envoûtant comme il se doit.
Jean-Dominique Burtin.
“Le Lauréat”
Jusqu’au 25 janvier, salle Pierre-Aimé Touchard, Théâtre d’ Orléans.