Gérard Boulanger et Catherine Zay.
Avélino Vallé qui conduit l’association “les cendres de Jean Zay au Panthéon” a décroché un rendez-vous à l’Elysée. Il sera reçu début février par la directrice de cabinet de François Hollande et plaidera ce dossier. Il ne manquera pas de rappeler la lettre du parlementaire François Hollande de 2007. Favorable au transfert des cendres de Jean Zay (enterré au grande cimetière d’Orléans) au Panthéon.
Des Ministres du gouvernement Ayrault ont également été sensibilisés à cette cause, qu’il s’agisse de Vincent Peillon, le ministre de Education qui y est favorable et surtout de Christiane Taubira, Radicale comme le fut Jean Zay. Mais il semble qu’il y ait de la concurrence et que les grands hommes se bousculent au portillon du Panthéon, l’écrivain solognot Maurice Genevois en ferait partie.
La République assassinée
Avelino Vallé, conseiller municipal d’opposition d’Orléans, a reçu jeudi soir le soutien actif de Gérard Boulanger, l’avocat écrivain venu présenté son ouvrage “l’affaire Jean Zay, la République assassinée“ qui se termine d’ailleurs sur ce souhait que la Nation reconnaisse Jean Zay en transférant ses cendres auprès des grands hommes de notre République.
Jeudi soir, la poignée d’auditeurs qui avaient répondu à l’appel du CDN et des filles de Jean Zay, Hélène et Catherine, pour entendre Gérard Boulanger, n’auront pas regretté leur déplacement. L’auteur d’ouvrages sur Papon (il a plaidé à son procès en faveur des parties civiles) et sur Mendes France , est un orateur hors pair. Cultivé, passionnant, intarissable sur Jean Zay et le Front populaire, cet avocat devenu historien, a tenu son auditoire en haleine. Cela ne ferait pas plaisir à l’élu Front de gauche du conseil régional d’Aquitaine, mais il y a du Max Gallo dans sa façon de narrer, avec cette pointe d’accent du sud-ouest qui met encore plus de chaleur dans ses propos.
Au lycée Jean Zay, avec Hélène et Catherine Zay et l’historien Antoine Prost.
“Jean Zay c’est l’angle mort de la mémoire nationale” dit Gérard Boulanger. Pourquoi le député d’Orléans, a t-il été persécuté sa vie durant par l’extrême droite puis mis au placard de l’histoire? “Tu n’as pas le droit de devenir l’élu d’Orléans parce que tu es juif” lui a t-on dit. “On ne lui a pas pardonné non plus d’être brillant, très intelligent” a complété encore Antoine Prost, l’historien, présent dans la salle et qui aussi beaucoup travaillé sur la figure de Jean Zay. D’ailleurs lorsque François Hollande, durant la campagne des présidentielles avait fait escale au lycée Jean Zay à Orléans, c’est lui qui avait prononcé l’hommage au grand homme. Assassiné au final par la milice, Jean Zay a été dénigré et poussé dans l’oubli par une extrême droite maurassienne dont les représentants orléanais n’ont pas été les moins virulents.
Les attaques de l’extrême droite orléanaise
Ainsi l’éditorial, du Journal du Loiret du 27 avril 1932 avant une élection législative: “…Un juif authentique, Elie Jean Zay…Pour mieux vous duper il s’est déguisé en protestant…La cité de Jeanne d’Arc, ô honte suprême ô infamie, ô déchéance, inconcevable subira t-elle l’ opprobre d’un député JUIF (en capitale dans le texte)”.
Gérard Boulanger a fouillé l’histoire de fond en comble pour sortir ce livre qui est bien plus qu’un portrait. A Orléans, il a eu accès aux archives des filles de Jean Zay, relayé par son ami du Front de gauche Denis Rouet. Il a aussi travaillé sur les archives militaires du Blanc (Indre) et il y a découvert ainsi des falsifications qui ont enfoncé Jean Zay à son procès. Il révèle aussi qui est à l’origine du piège du Massilia, ce navire où avait pris place les Ministres du Front populaire.
A propos de cette “dégradation intellectuelle” de l’ancien Ministre de Blum, l’auteur parle de “silencieuse affaire Dreyfus”. Avec cet ouvrage, Gérard Boulanger, en avocat-écrivain, est devenu le Zola de “l’affaire Jean Zay”.
Christian Bidault