Après plus de 6 mois de travaux et 34 auditions, la commission d’enquête du Sénat sur « l’affaire Benalla », dont le sénateur du Loiret Jean-Pierre Sueur est l’un des rapporteurs, a remis son rapport. Les sénateurs relèvent des « dysfonctionnements majeurs » au sommet de l’État. Ils formulent 13 propositions et demandent au bureau du Sénat de saisir le parquet pour de « probables faux témoignages » d’Alexandre Benalla et de Vincent Crase.
Le rapport du Sénat est accablant, notamment contre l’Élysée. Ainsi, la Commission dénonce une série de “dysfonctionnements majeurs au sein des services de l’Etat” qui ont pu “affecter” la sécurité du président et “les intérêts” du pays, évoquant des “pouvoirs excessifs laissés à un collaborateur inexpérimenté” et un “sérieux manque de précaution dans la prévention des conflits d’intérêts de certains collaborateurs”, en référence au contrat russe.
Les membres de la commission présidée par Philippe Bas demandent de “saisir le ministère public des déclarations” des deux intéressés. Ils soupçonnent un “faux témoignage” d’Alexandre Benalla sur le “périmètre de ses fonctions” à l’Elysée et “son rôle dans le dispositif de sécurité du chef de l’État”, mais aussi sur l’utilisation de ses passeports diplomatiques.
Benalla et Crase qui sont en détention préventive, sont en outre soupçonnés d’avoir menti au sujet du contrat de sécurité privée pour le compte du Russie Iskander Makhmudov, alors que les révélations de Mediapart, peut-on lire dans la lettre, laissent supposer “l’implication d’Alexandre Benalla dans la négociation dudit contrat alors que ce dernier était encore en fonction à l’Elysée”. Dans l’enregistrement sonore publié par le site d’information, les deux hommes évoquent les répercussions de leurs ennuis judiciaires sur la société de Vincent Crase, engagée dans un contrat de sécurité avec le milliardaire russe. Contrat qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête récente du parquet national financier.
Tout aussi explosif pour Emmanuel Macron, les commissaires demandent au bureau du Sénat de saisir la justice pour vérifier “un certain nombre d’omissions, d’incohérences et de contradictions” relevées lors des auditions des plus hauts collaborateurs du chef de l’État.
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a dénoncé mercredi 20 février « beaucoup de contrevérités » dans le rapport d’enquête du Sénat sur l’affaire Benalla, du nom de l’ex-chargé de mission d’Emmanuel Macron. Le porte-parole du gouvernement n’a pas souhaité détailler précisément quelles « contrevérités » étaient dans le rapport rendu mercredi, se bornant à affirmer que l’Elysée apportera des « réponses factuelles » sous peu. « Je trouve curieux que les assemblées aient à se prononcer sur l’organisation du pouvoir exécutif », a-t-il ajouté.
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