
Alors qu’il est question à Orléans et à Paris du transfert des cendres de
Jean Zay au Panthéon, deux cent cinquante ouvriers entrent dans la nécropole laïque. Alors que se profile le tricentenaire de la naissance de Germain Soufflot, son architecte, ce monument emblème de la nation, le plus haut de Paris après la Tour Eiffel, va se refaire une beauté.
Le Centre des monuments nationaux (CMN) a procédé vendredi au lancement de la restauration du dôme de la plus célèbre église laïque de France. En deux ans et pour un coût de 19 millions d’euros, va s’accomplir un travail aussi spectaculaire que salutaire. Depuis des années, ce bâtiment construit entre 1764 et 1790 sur l’emplacement d’une ancienne église dédiée à St Geneviève, cette autre bergère qui arma Lutèce contre l’armée d’Attila en 451 après J-C, présente des désordres provenant de la poussée de ses grands arcs et localement de l’oxydation des éléments métallique dont le gonflement fait éclater la pierre.
L’édifice ne menace pas ruine mais il s’effrite par endroits. Des fissures sont apparues.Le dôme en particulier, composé de trois coques de pierre emboîtées l’une dans l’autre, n’est plus étanche. D’ici à la fin 2014, sa coupole, son lanternon et son tambour seront consolidés. 10 500 m2 de pierre seront nettoyés et 6 000 mètres 2 rejointoyés. “C’est la première tranche des travaux très importants nécessaires pour que la solidité de l’édifice ne soit pas menacée”, a expliqué Philippe Belaval, président du CMN D’ici le mois d’août, 82mètres d’échafaudages métalliques vont être dressés, reposant sur des micropieux enfoncés dans le sol qui leur serviront de fondations. Une grue de 96 mètres de haut capable de soulever 4 tonnes hissera le matériel indispensable.
Appel au mécénat populaire
Une immense bâche va ensuite envelopper la nécropole des grands hommes pour la durée des travaux. “Compte tenu de la qualité du monument, elle ne comportera pas de message publicitaire” a prévenu M. Bélaval. C’est se priver de recettes publicitaires . En ce temps de vaches maigres c’est courageux d’autant plus que le CMN a calculé qu’il se lance au Panthéon sur dix ans de travaux pour une restauration totale chiffrée à 100 millions d’euros. Année après année il lui faudra aller quêter à Bercy.
Pendant les travaux…
Depuis trois mois, le CMN et le site de financement participatif My Major Company proposent aux internautes de financer même à partir d’1 euro la restauration de quatre monuments français dont le Panthéon. Vendredi 65 000 euros avaient été récoltés rien que pour la restauration du dôme. “On a vu que le Panthéon attirait plus que les autres et que les Français, mêmes jeunes, entretenaient une relation particulière avec lui. Le nombre des visiteurs a doublé en dix ans. Ils ont été 725 000 en 2012 soit plus de 2% qu’en 2011″, s’est rejoui Philippe Bélaval. Dès que la bâche sera posée, les noms des généreux donateurs Y seront portés sur des panneaux, une première dans l’histoire récente du mécénat populaire inauguré par le Louvre.
Le Panthéon restera ouvert à la visite pendant les travaux. Une première exposition permet de comprendre le pourquoi et le déroulement de la restauration. Du 10 septembre au 24 septembre 2013, une seconde consacrée à Germain Soufflot (1713-1780) permettra de comprendre la complexité de l’homme et de ses ambitions créatrices.
Des lectures de textes d’auteurs féminins vont également y être organisée. Une élégante façon de rappeler que le Panthéon manque un peu de femmes célèbres. Seule Marie Curie y repose dans le même tombeau que son mari Pierre.
Françoise Cariès