Le premier Musée Européen du blues, en France, le deuxième en Europe après le Blues Center de Notodden (Norvège) va ouvrir en fin de semaine, à Châtres-sur-Cher (Loir-et-Cher). Son parrain, Bobby Rush est venu le visiter avant l’inauguration officielle. Sur les bords du Cher, il a découvert comme un air de Mississippi, champs de coton et grosses écrevisses en moins, et donné un apperçu de ce que les amateurs découvriront samedi 6 avril à la Pyramide de Romorantin.

Bobby Rush a été touché par le musée solognot.
Dans la salle du rez-de-chaussée du bistrot des pêcheurs, à Châtre-sur-Cher, devenu la Maison du Blues par la grâce de Jack et Anne-Marie Garcia, Bruce, le batteur qui accompagne Bobby Rush depuis 30 ans, rythme du pied et des baguettes le mini-concert de son ami-compère et frère de blues. Le perchman de l’équipe vidéo venue pour faire un documentaire, marque le tempo du plat de la main. Depuis une demi-heure l’interwiew de la légende du blues est terminée. Depuis une demi-heure, la musique emplit la petite salle solognote. Quelques journalistes, quelques amis de la Maison, les musiciens et les danseuses de la mini-tournée française jouent les spectateurs… A quelques mètres de là, le Cher s’écoule. A quelques mètres de là, c’est presque Mississippi River au dessous du pont de fer qui rejoint les deux bords de la rivière. La guitare égrène ses notes et est
bientôt remplacée par le son de l’harmonica. On filme. On enregistre. On vidéalise. L’événement mérite attention d’autant que, selon toutes vraisemblances, il n’est pas prêt de se reproduire.
Les légendes n’ont pas d’âge

Affiches, objets, vidéos et photos parsèment le premier étage de la Maison du Blues.
Bobby Rush est né un 10 novembre, paroisse de Clairbone en Louisiane … Pour le jour et le mois, tous les voyants sont au vert. Par contre pour l’année, certains avancent 1933, d’autres 1940. Et il est toujours délicat de demander à quelqu’un son âge, même et surtout s’il est canonique. Toujours est-il que Emmot Ellis Jr, le vrai nom de Bobby Rush, est toujours présenté comme ayant 83 ans et soixante-dix ans de carrière. Les chiffres ne sont pas les fort des musiciens et de leurs biographe surtout si on ajoute que cet artistique mythique du Blues auraient participé à 370 albums depuis qu’il fait de la musique. Une moyenne de 5 albums par an, ça vous cause, non ? Entre vraies rumeurs et fausses infos, il en est ainsi depuis plusieurs années, de dossiers de presse en page Wikipédia, et il convient de ne pas changer l’ordre des choses. Une certitude, les légendes n’ont pas d’âge et ne meurent jamais complètement. Surtout lorsque celui qui a reçut le Grammy Awards du meilleur album blues traditionnel avec Porcupine meat affirme « ne pas être une statue mais quelqu’un de vivant. »
Parrain par amitié
Avant de se rendre au festival de Salaises (Isère) puis de revenir donner un concert, samedi 6 avril, à la Pyramide de Romorantin, l’artiste, parrain du musée « pour l’amitié, et simplement pour la mise en lumière du blues », et son groupe étaient venus visiter le Musée Européen du Blues qui sera inauguré dans le village solognot de 1000 âmes de Châtres-sur-Cher. Dans une rue d’un état du Sud US on passe en revue une histoire du blues débuté dans l’esclavage et qui se poursuit au fil des concerts, des vidéos et des affiches, jusqu’à nos jours. Une visite qui ne l’a pas laissé insensible. « J’ai vu beaucoup de gens que je connais dans ce musée. J’ai vraiment été touché de voir ce travail réalisé par Jack et Anne-Marie. C’est bien. Nous avons les mêmes valeurs… » a-t-il assuré avant d’ajouter que ce « projet c’est l’histoire d’une vie (celle de Jack et Anne-Marie. NDLR) mais aussi c’est notre vie de noirs américains. Beaucoup de gens sur les murs de l’exposition, je les connais. C’est mon peuple … Les champs de coton ont été remplacé par les casinos. Ça change mais c’est toujours la même chose. Ce musée me parle ! »
Certains chantent le blues, d’autres vivent le blues
L’image de poignets menottés au dessus du mot Freedom vue quelques minutes plus tôt lui font affirmer que « on ne peut pas enfermer mon esprit ». Un esprit du blues largement mis en avant dans le film de Richard Pearce The road to Menphis, dernier volet du triptyque cinématographique sur le blues produit par Martin Scorsese dans les années 90. Là, avec Rufus Thomas, Sam Philips et B.B. King, entre autres, Bobby expliquait avoir pour cachet, au début des années 50, un morceau de poulet s’il jouait bien, deux morceaux si le concert était vraiment très bon. « On vit le blues. Le blues est la vie … On ne trouve pas le blues, on l’a ou pas. C’est ainsi. Certains chantent le blues et d’autres le vivent ! Riche ou pauvre, on aime, on n’aime pas. On a le blues ou pas … » Et Bobby de préciser, un peu chafouin qu’on puisse lui poser la question, que le blues n’est pas seulement une
musique. Les mots et les verbes qui vont avec sont indissociables.
Fabrice Simoes