C’est dans le cadre bucolique de la Maison Rurale et Familiale de Gron, près de Sens(Yonne) que s’est ouverte le 9 juillet, la 18 ème édition des Estivales de la Question Animale. Une manifestation qui réunit chaque été une centaine de spécialistes, chercheurs, militants, véganes et curieux autour des enjeux de la question animale. Un domaine riche et varié comme vont pouvoir le découvrir les festivaliers jusqu’au 18 juillet.

Démarrage sur les chapeaux de roue ce mardi matin avec une première conférence de Mathilde Lalot, docteure en neurosciences et enseignante en éthologie. La chercheuse a présenté les résultats de sa thèse sur les origines naturelles de la morale chez les mammifères et les oiseaux. En effet, ses nombreuses études de comportement animal (certaines ont duré huit mois ) lui ont permis de démontrer les formidables capacités d’empathie, de coopération, et même d’altruisme aussi bien chez des capybaras ( des gros cochons d’Inde), que des dauphins, ou bien encore des perruches. Des qualités morales que nous pensions être spécifiquement humaines. Une autre étude a même révélé qu’un rat peut aller jusqu’à préférer délivrer un congénère bloqué dans un tunnel, plutôt que d’aller croquer un morceau de chocolat dont pourtant ces rongeurs raffolent.
Des animaux qui savent aussi compter, parler comme Alex, un perroquet surdoué mort récemment.
Difficile après ces avalanches de preuves de sensibilité et d’intelligence animale de considérer les bêtes comme des « choses » vivantes à notre service ou comme des meubles comme le considérait la loi jusqu’en 2015.
CAP, premier lobby français de la cause animale auprès des parlementaires

Après un savoureux repas Végane préparé en commun (ici tout le monde met la main à la pâte) retour dans la salle de conférences pour découvrir CAP, Convergence Animaux Politique créée en 2017 par Melvin Josse. Le concept est simple : être une interface entre les 800 associations de défense des animaux de France et la sphère politique. Le but est de combler le décalage entre une opinion publique de plus en plus sensible à la cause animale et des élus qui n’ont pas forcément le temps de se pencher sur la question. Deux ans après, le bilan est plutôt encourageant : 120 entretiens individuels avec des parlementaires. Face à un seul interlocuteur de CAP, ils sont informés précisément sur les enjeux de la condition animale avec également la présentation d’une vingtaine de revendications réalisables à court terme. Par exemple, l’interdiction aux enfants de l’entrée des arènes où se tiennent des corridas. Avec déjà des résultats concrets puisqu’au printemps, 121 députés ont signé une proposition de loi visant à abolir l’élevage de visons pour leur fourrure et à en interdire le commerce.
Soirée autour du jeu de l’abolition de l’exploitation animale
Pour se détendre après une journée de conférences, les Estivants ont joué au jeu de l’abolition. Un jeu participatif en équipes avec des cartes qui proposent des mesures pour parvenir à cette abolition. Le but est de constituer ensuite une frise chronologique en classant les cartes selon leur probabilité proche ou lointaine d’advenir. L’occasion de réviser l’histoire du végétarisme (qui remonte en fait à l’Antiquité) mais aussi de réfléchir à ce que serait un monde après l’abolition de l’élevage industriel.
Une radio éphémère autour des Estivales
Pour prolonger les débats après les conférences, Néo et Laura, qui animent la radio itinérante

Nonbi, invitent les intervenants en direct à leur micro et permet au public de poser des questions. Cette radio magazine indépendante accompagne les événements militants avec des tables rondes, des témoignages, des reportages et des chroniques.
Sophie Deschamps