L’exposition Empress de la street-artiste YZ (prononcez Eyes) proposée par la galerie Danisz pour l’été en l’église Saint Pierre le Puellier impressionne le visiteur dès l’entrée par la dimension de cette série de portraits de femmes dont le trait réaliste qui n’est pas sans rappeler le dessinateur de BD Hugo Pratt, mêle de façon troublante cette précision du dessin à une imagerie de parures pour le moins fantasmé par son caractère extravagant, ajoutant aux colliers et coiffures exubérantes une sorte de scrap bijouterie faite d’objets mécaniques divers.
Mais qui est YZ ?
Vous la connaissez sans doute si de temps à autre vous utilisez encore des timbres poste puisque cette artiste a réalisé en 2018 la nouvelle version de la Marianne postale, validée par le président Macron lui même, sous la forme d’une fresque murale peinte dans une cité de Périgueux et intitulée “La femme engagée”. J’avoue que cet intitulé m’avait un peu échappé en voyant cette représentation de la femme plutôt conventionnelle et marquée ouvertement par le style Art Nouveau.
Mais comme le dit la carte postale de présentation de l’artiste distribuée à l’entrée de l’exposition dans une phraséologie pour le moins sibylline, YZ est “une artiste engagée à l’intuition et guidée par une envie d’humanité à travers une esthétique intemporelle“, et plus loin “YZ tente ainsi de situer la place des êtres dans notre société, décrit et décrypte nos modes de vie à travers l’image mise en scène des habitants des villes qu’elle traverse“.
Des peuples ancestraux “garants de notre humanité” ?

Mais au delà de cette pétition de principe d’un “engagement humain” de l’artiste dans la société comme semble vouloir le proclamer ce décor de branches brûlées symbolisant la déforestation qui n’a ici ni cause ni responsables, j’avoue avoir du mal à trouver dans ces portraits au demeurant magnifiques et imposants, la signification dictée par la présentation de l’exposition “des femmes de pouvoir contemporaines porteuses d’une culture forte qui doit trouver son avenir dans notre société actuelle“. La parure telle qu’inventée ici, a évidemment un statut pour le moins ambigu,( et c’est ce qui sans doute suscite justement le trouble pour le visiteur), porteuse à la fois d’un droit à la beauté autant que d’un asservissement à des formes de domination dont nos sociétés ancestrales ne sont pas exemptes ! Les Femens faisant de leur corps un objet politique, une bannière de leurs revendications féministes ne donnent-elles pas à cette parure son véritable statut social ?
On peut faire aussi une lecture politique de cet engagement artistique revendiqué par l’artiste, engagement qui tend à uniformiser le débat politique, à en effacer les clivages dans une approche où l’universalisme culturel sert de prétexte à une forme d’unanimisme bien pensant, dans une perte de repères d’analyse de nos sociétés et de leur fonctionnement, un engagement très macronien finalement…
GP
YZ “Empress”
Jusqu’au 25 août 2019
du mardi au dimanche de 14h à 18h
Place du cloitre Saint-Pierre-le-Puellier, 45000 Orléans 02.38.79.24.85