Puisqu’on ne peut plus aller vibrer au concert, puisqu’on ne peut plus rire ensemble aux bons mots d’un acteur, puisqu’on ne peut plus essuyer une larme dans une salle obscure, puisqu’on attend avec trop de hâte le moment de retrouver un partage artistique…
Puisqu’on ne peut pas faire autrement que chercher sur notre écran, chacun chez soi, des moments d’émotion que créent les artistes, des petites – ou de grandes – bulles pour combler notre demande de spectateurs frustrés, habitués qu’on est à ce que des artistes viennent nous nourrir…
Je vous propose un petit plaisir quotidien pour finir l’année, un moment audiovisuel déposé sur You Tube, et donc disponible et partageable. Un choix totalement subjectif, comme tout cadeau, en espérant qu’il sera apprécié par le plus grand nombre.
Pour commencer cette série qui va nous emmener jusqu’à l’année prochaine, un moment incroyable d’opéra, fort heureusement filmé.

Riccardo Muti – Photo wikipedia
La Scala de Milan a monté un Nabucco de Verdi en 2011, sous la direction de Riccardo Muti et dans une mise en scène de Jean-Paul Scarpitta. Le 12 mars 2011, une représentation est donnée au Teatro dell’Opera de Rome, à l’occasion du 150e anniversaire de l’Unité italienne. Giorgio Napolitano, président de la République italienne, et Silvio Berlusconi, président du Conseil, sont présents dans la salle.
On se souvient qu’en 2011, l’Italie, politiquement et économiquement dans une très mauvaise passe, traite très mal la culture. «Avec la culture, on ne mange pas», déclare Giulio Tremonti, alors ministre des finances, qui fait des coupes sombres dans les budgets culturels. Des manifestations et occupations de théâtre marqueront la réponse du milieu culturel. Or en ce 12 mars 2011, Riccardo Muti, touché par l’enthousiasme de la salle, va lui aussi réagir, suivi bien sûr par l’orchestre et les chœurs. Les esclaves de Nabuchodonosor se révoltent une nouvelle fois, dans un grand mouvement de partage avec le public.
C’est une telle intensité d’échange qui nous manque, que la fermeture actuelle des lieux culturels empêche !
Bernard Cassat